Critique : Injustice 1.05

Le 20 septembre 2011 à 11:09  |  ~ 7 minutes de lecture
Un final qui clôt l'intrigue de force, entre malaise idéologique et vraie déception.
Par sephja

Critique : Injustice 1.05

~ 7 minutes de lecture
Un final qui clôt l'intrigue de force, entre malaise idéologique et vraie déception.
Par sephja

Règlement de comptes 

Pendant que Wenborn se prépare à piéger Travers pour le meurtre de Philip Spaull, le procès de Martin Newall démarre enfin et va permettre de révéler de nombreux aspects secrets de cette affaire. Seulement, pour William, le doute s'installe concernant les conditions du meurtre et un nouveau scénario commence lentement à apparaître où son client serait bel et bien le coupable de ce crime. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode mitigé que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une résolution surprenante conçue autour de fragments d'images 
  •  des acteurs très convaincants qui permettent de sauver un scénario à la dérive 
  •  la storyline Newborn dans une impasse 
  •  un bilan de la saison 1

 

 

Une conclusion inattendue 

La critique de l'épisode précédent s'achevait sur la difficulté insurmontable qui allait être celle des auteurs pour conclure cette intrigue, au vu de la dimension prise par l'affaire Newall. La vérité va se montrer plutôt surprenante, les auteurs faisant preuve d'astuce pour clore cette histoire en moins de quarante minutes. Par contre, si l'effet de surprise est indéniable, le scénario ne va pas suffisamment se servir des épisodes précédents, ne proposant jamais l'opposition Travers - Wenborn tant attendue. 

Injustice s'achève donc avec un certain style, mais par une porte dérobée en changeant brutalement les règles du jeu et grâce à un concours de circonstances peu crédible. Certes, le sens nouveau donné aux images des caméras vidéos est particulièrement intéressant, prouvant que cette conclusion était prévue de longue date, offrant un twist qui ne parvient qu'à masquer la faillite du reste de l'intrigue. Face au scepticisme du spectateur, la série aura heureusement pu compter sur d'excellents comédiens pour rendre crédible une histoire plutôt sinueuse et en définitive, franchement décevante. 

 

Des comédiens impeccables 

Prenant certains risques, le final propose une réécriture de l'affaire Newall assez osée, plaçant tous les enjeux de ce final dans le jugement de William Travers sur la culpabilité ou l'innocence de son ami. Sans le talent et le jeu remarquable de James Purefoy, nul doute que cette nouvelle orientation et cette hésitation aurait paru bien moins crédible, les comédiens apportant toute leur force de conviction pour vendre ce final inattendu. Son opposition avec Nathaniel Parker prend des airs de duel de western, appuyant l'idée que la justice est mieux rendue par une confrontation directe dont la conclusion ne peut être que la mort.

Délaissant une opposition pourtant prometteuse au tribunal, la série montre une fascination plutôt déplaisante pour les règlements de compte, plus théâtraux et spectaculaires que le combat judiciaire à coup de preuves et d'arguments. Là où le spectateur attendait une conclusion qui remette en cause les convictions de Travers, la série n'offre qu'un regard cynique sur une justice impuissante et surtout un procureur peu scrupuleux qui n'a pas beaucoup poussé son enquête. Au lieu de raconter l'histoire sombre d'un homme qui a perdu la foi dans le système, la série se clôt avec une morale très discutable où le héros rend sa justice sous l'oeil compatissant de la caméra. 

Totalement délaissé, le personnage de Wenborn va faire l'objet d'un traitement lamentable, preuve de la totale défaillance des scénaristes. 

 

 

Wenborn, affaire non classée 

Si le talent de Charlie Creed-Miles n'est pas à remettre en cause dans cette histoire, l'intrigue de Wenborn va opter pour une solution radicale, certes morale, mais en grande partie scandaleuse. Pris au piège d'une histoire de violence conjugale peu inspirée, les auteurs vont jeter aux orties tout le potentiel de ce personnage, conscients de leur incapacité à l'intégrer dans un final où il avait perdu sa place. Policier téméraire et plutôt convaincant au début, il était devenu lentement un monstre, montrant un manque de confiance dans le système qui le condamnait. 

Très vite, cette accumulation d'individus refusant de croire à la justice crée le malaise, celle d'une série arrogante qui choisit la fin la plus simple pour imposer son point de vue. Pratiquant la peine de mort avec une régularité inquiétante, Injustice laisse une mauvaise impression, celle d'une série nihiliste qui possède un rapport à la violence entre dégoût et fascination. Confondant noirceur et cynisme, le show s'achève sur une scène effrayante, montrant un homme disposant d'un pouvoir qu'il ne devrait pas avoir, celui de juger seul de l'innocence d'un homme. 

Délaissant complètement la storyline de la femme de Travers et celle de Wenborn, Injustice propose une fin certes surprenante, mais qui cache un fond malsain, celle d'un abandon total des éléments constituant les trois premiers épisodes. Il ne reste plus alors qu'une réalisation élégante et la talent des comédiens pour nous faire croire à cette conclusion qui apparaît comme une solution de facilité. 

 

Bilan de la saison un 

En fait, pour pouvoir parler de manière cohérente d'Injustice, il faut découper la saison en deux parties : trois premiers épisodes enthousiasmants et deux derniers épisodes décevants, voire même agaçants. Si l'introduction surprenait par son univers complexe, sa volonté de faire avancer l'intrigue et de créer tout un univers trouble et surprenant, les deux derniers épisodes auront surtout prouvé que toute cette mise en place brillante n'était que du remplissage avant de vendre un final terriblement théâtral et cynique.

Dès lors, la déception supplante l'objectivité, empêchant de parler de la qualité des comédiens, de la réalisation et des décors pour en venir à l'obsession de la série qui justifie tous ces crimes : la violence faite aux enfants. Tiré du chapeau d'un scénario peu inspiré, cet argument aura souvent servi dans l'histoire aux politiciens poujadistes pour réclamer le retour de la peine capitale, offrant une vision étriquée du monde avec laquelle la série semble parfaitement en accord. Injustice permet au moins de constater qu'aucun crime ne justifie la mort d'un homme et que la conscience morale de Travers, qui apparaît sous la forme d'un enfant, relève plus de la folie que d'un quelconque héroïsme. 

Finalement, la page d'Injustice se referme sur une oeuvre décevante, manichéenne et, dans sa conclusion, terriblement malsaine. Un virage imprévisible au vu de trois premiers épisodes brillants, gâchés par des auteurs qui optent pour la solution de facilité avec un cynisme déplaisant. 

 

J'aime : 

  •  la direction artistique 
  •  les comédiens 
  •  le twist final inattendu 

 

Je n'aime pas : 

  •  la storyline de Wenborn ridicule 
  •  l'intrigue sur la femme de Travers n'aura servi à rien 
  •  le procès très mal exploité 
  •  l'idéologie malsaine, pour ne pas dire extrémiste 

 

Note : 11 / 20 

Si le final peut sembler séduisant avec son twist imprévu et ses comédiens convaincants, Injustice se montre trop maladroit pour convaincre, concluant certaines intrigues de manière trop brutale. Idéologie nauséabonde, solution de facilité... ce final laisse un profond malaise et déçoit beaucoup.

L'auteur

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