Critique : Injustice 1.02

Le 29 août 2011 à 06:38  |  ~ 6 minutes de lecture
Un épisode descriptif jamais ennuyeux qui propose beaucoup d'éléments nouveaux tout en éclaircissant le passé de William Travers.
Par sephja

Critique : Injustice 1.02

~ 6 minutes de lecture
Un épisode descriptif jamais ennuyeux qui propose beaucoup d'éléments nouveaux tout en éclaircissant le passé de William Travers.
Par sephja

Une série qui gagne en épaisseur 

William Travers est appelé pour venir défendre un ancien ami à lui, Martin Newall, allant contre sa décision prise des années auparavant de ne plus plaider les cas d'homicides. Les inspecteurs Wenborn et Taylor interrogent leur premier témoin, lançant les policiers sur une piste qui les rapproche lentement du coupable. Pendant ce temps, Jane Travers est approchée pour devenir éditrice et profite de l'occasion pour proposer le travail d'un de ces jeunes prisonniers. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode foisonnant et passionnant que l'on peut décrire ainsi : 

  •  des personnages particulièrement complexes dans une affaire qui gagne en complexité 
  •  un scénario très généreux pour une série qui avance dans le bon sens 
  •  une direction artistique remarquable et un grand soin apporté au détail 
  •  un épisode qui sait prendre le temps de la qualité

 

 

Un polar se construit sur des personnages forts 

Le point le plus remarquable de ce second épisode d'Injustice tient dans la complexité de personnages qui gagnent en épaisseur et dans les nombreuses tensions qui se créent entre eux. Généreuse, la série ne laisse aucun individu de côté, profitant de ces séances d'interrogatoires pour faire parler les corps et les êtres, de l'impassibilité de Travers à l'arrogance de Newborn. Ecrit avec un grand soin, Injustice permet surtout aux comédiens de montrer l'ampleur de leur talent, James Purefoy proposant une palette d'expression complexe qui déroute d'abord pour ensuite mieux nous permettre de percer le mystère de son personnage. 

Tout comme la série Rubicon auquel son nom fait directement référence, les individualités d'Injustice se construisent autour de valeurs morales et d'un sens appuyé de ce qui est juste. Le principal accusé Martin Newall, formidablement interprété par Nathaniel Parker, va être le centre d'une part importante de l'intrigue, coupable présumé d'un meurtre qui fait jouer son ancienne amitié pour pousser Travers à plaider sa cause. Seulement, si l'amitié pousse Travers à le soutenir, son traumatisme va le pousser à poser des conditions à son ami, amenant une dimension personnelle à cette affaire qui permet de mieux comprendre les enjeux de cette histoire.

 

Une intrigue qui apporte des réponses sans attendre 

Pour tous ceux qui auraient ressenti une certaine trouble devant le premier épisode en craignant qu'Injustice fasse preuve d'un certain autisme, je peux annoncer que cet épisode est avant tout celui des réponses. Le scénario nous fait comprendre que le vrai problème de William vient de son refus de défendre des coupables, sa morale lui imposant de retirer si le moindre doute apparait sur la culpabilité de son client. Il pose alors comme condition pour défendre son meilleur ami la nécessité de son innocence, Travers ne pouvant plaider pour une cause dans laquelle il ne croit pas. 

Très descriptif, le scénario nous fournit beaucoup d'éléments pour nourrir les différentes storylines d'une intrigue vaste allant de l'affaire Newall à un meurtre en forme d'exécution que l'agent Newborn paraît décidé à résoudre. Obstiné, teigneux, doté d'un caractère impétueux, il représente le contraire de Travers, cette opposition apportant une vraie variété dans le fonctionnement des interrogatoires. Très vite, Injustice montre une maîtrise remarquable de l'élément le plus important d'un thriller, à savoir les nombreux détails qui parsèment le récit et poussent le spectateur à participer à l'intrigue.

 

 

Une direction artistique totalement maîtrisée 

Deux univers s'affrontent au sein du récit, celui froid et parfaitement maîtrisé de Travers composé de plans rigides et d'un climat glacial (voir première photo) et un second imprévisible et impulsif composé de plans plus réalistes et spontanés pour Wenborn (voir seconde photo). Les deux se mélangent assez remarquablement, donnant l'impression de se répondre tout en nous laissant pénétrer l'intimité de chacun des deux personnages principaux. La justice progresse des deux côtés et pour chacun d'entre eux, la recherche du coupable se fera avant tout sur des preuves, mais aussi sur l'instinct. 

Seulement Travers a perdu cette confiance en soi que Wenborn conserve encore dans sa capacité à savoir lire les gens, ayant fait libérer un coupable suite à une faute de jugement. Si William est un avocat qui sait se battre pour ses clients, il possède malgré tout un sens moral, l'avocat ne pouvant plus supporter que la justice ne soit pas rendue. L'utilisation de flashbacks pour marquer ce désordre est malin car il permet de donner une importance à ces inconnus en les reliant avec un passé douloureux et un traumatisme encore bien présent. L'univers du tribunal devient pour lui une suite ininterrompue de visages qui le ramènent inévitablement à sa faute et à sa propre culpabilité. 

 

Prendre le temps de la qualité 

Tout comme sa référence Rubicon, Injustice est une série qui sait prendre le temps pour proposer des personnages de qualité et un univers complexe et fascinant. Très crédible, le script se permet même de proposer des éléments nouveaux qui rajoute une dimension supplémentaire au récit en rajoutant avec Martin Newall une histoire d'espionnage encore embryonnaire. Au final, une intrigue dynamique malgré son apparente passivité, posant les éléments d'une histoire ambitieuse tout en fournissant de vraies réponses aux questions engendrées par le pilote.

Un épisode surprenant, suite d'interrogatoires dont le but est de donner une vraie profondeur à l'intrigue et aux personnages, tout en fournissant les premières clés d'une intrigue complexe. Newborn et son sale caractère crève l'écran, laissant apparaître le potentiel d'une futur opposition entre les deux hommes. Une vraie bonne surprise pour une production qui sait prendre le temps de la qualité tout en offrant un soin dans les détails remarquables. Du travail d'orfèvre, réalisé avec soin, qui sait prendre son temps avant de faire réellement monter la pression et dévoiler la totalité des enjeux de cette affaire.  

 

J'aime :

  •  des acteurs remarquables, James Purefoy en tête 
  •  une réalisation superbe et très soignée 
  •  un récit qui sait donner du sens aux détails
  •  des personnages complexes et très intéressants 
  •  un récit qui lève avec intelligence le voile sur les premiers secrets de Travers 

 

Je n'aime pas : 

  •  les épouses un peu délaissées dans des storylines schématiques (là, je fais vraiment le difficile) 

 

Note : 15 / 20

Un épisode descriptif très réussi, jamais ennuyeux qui nous introduit avec un sens du détail remarquable et une qualité d'interprétation surprenante à une histoire particulièrement ambitieuse. Du beau travail.

L'auteur

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