Relier les storylines pour lancer la conclusion
Mark Wenborn retrace l'historique de l'arme qui a tué Philip Spaull et le mène tout droit à Alan Stewart, le jeune prisonnier romancier auquel s'est attaché la femme de Travers. Après un interrogatoire musclé, celui-ci craque et donne le nom de son fournisseur, poussant le détective à se rapprocher du vrai meurtrier. Pendant ce temps, William découvre que la victime de l'affaire Newall n'était pas ce qu'elle paraissait être.
Résumé de la critique
Un épisode agréable mais un peu poussif que l'on peut détailler ainsi :
- des personnages toujours captivants en conflit avec eux-mêmes
- mais une tendance à verser dans l'excès inutile avec Wenborn
- un scénario qui montre ses failles et peine à être cohérent
- une ambiance de thriller superbement restituée
Duel à distance pour deux êtres en souffrance
Episode de recentrage classique, ce volet d'Injustice va beaucoup se concentrer sur Wenborn, délaissant l'intrigue de Travers au contenu très technique et qui ne sert qu'à poser les éléments en vue du final. Le but est de prouver que si Will possède un grave problème de conscience, Mark ne démérite pas non plus, ayant un comportement de psychotique des plus inquiétants dès qu'il se retrouve en position de faiblesse. Flic teigneux refusant l'impuissance, il a appris à franchir les bornes pour garder sa liberté d'action, refusant toute sorte d'ultimatum.
Rendu terrifiant aux yeux de sa femme, il perd tout sens moral, utilisant la violence sans la moindre sagesse, en détruisant tout sur son passage. Soutenu par une hiérarchie qui admire son efficacité, il se laisse dévorer par une soif de violence et un besoin de punir les autres pour ses propres erreurs. Au contraire de Will Travers qui contient sa rage et la dissimule, Wenborn devient un chien fou, refusant toute forme d'impuissance face à des criminels, franchissant la ligne rouge sans le moindre remords.
Seulement, à trop vouloir montrer la face obscure de ce personnage, Injustice sombre dans le pathétique, devenant trop prévisible et presque agaçant. Si Travers reste passionnant par sa capacité à conserver son mystère, Wenborn est trop prévisible, donnant à la scène avec son épouse un caractère gratuit détestable, enfermant son personnage dans une spirale de violence malvenue.
Franchir les limites sans dépasser les bornes
En créant le personnage de Wenborn, les scénaristes avaient eu la bonne idée jusqu'ici d'opposer au style impeccable et mesuré de Travers un être imprévisible et impétueux. Tous les deux n'hésitent pas à dépasser les limites, poussés par un refus de l'injustice qu'ils ont en commun, mais se font lentement dévorer par leur culpabilité. Si l'acte de violence de Travers s'explique heureusement par un passif lourd, évitant au show de sombrer dans le "vigilante" un peu idiot et l'apologie du règlement de comptes.
Le cas de Wenborn est bien moins satisfaisant, la série n'apportant aucune explication sur ses excès de violence et nous donnant l'impression d'un voyeurisme déplaisant. Mal amenées, ces scènes de violence conjugale manquent de subtilité, montrant un visage particulièrement déplaisant d'un show qui fait du remplissage inutile, essayant d'ajouter artificiellement de la noirceur pour cacher les failles d'un récit en souffrance. Plus qu'une simple volonté de dresser un portrait des dangers de la violence, Injustice provoque des séquences d'une gratuité détestable pour cacher l'absence de ligne directrice d'une histoire qui perd lentement pied.
Des histoires qui ne s'emboîtent pas
Après avoir lancé des intrigues dans différentes directions, Injustice est enfin confronté à ce moment décisif où les différentes storylines doivent s'emboîter et prouver ainsi la précision de l'écriture du script. Seulement, plutôt que de convaincre grâce au potentiel d'une histoire d'espionnage très intrigante, le show s'emmêle les pinceaux et joue la montre en reliant de force les intrigues grâce à Wenborn. Relier Alan Stewart à cette affaire par le biais du pistolet est clairement peu crédible, ruinant la crédibilité d'une histoire jusqu'ici bien pensée.
Trop vaste pour être résolu en un seul épisode, l'affaire Newall échappe aux scénaristes qui rajoutent quelques éléments de dernières secondes pour s'assurer une résolution facile. Se sacrifiant pour que le dernier épisode puisse bien fonctionner, ce quatrième volet d'Injustice laisse apparaître les failles d'une ambition trop grande et d'une histoire qui semble impossible de conclure correctement. Un épisode triste, tandis que le scénario tente de se recentrer en minimisant les dégâts et qui laisse une impression assez amer, celui d'auteurs qui n'auront pas su tenir leur script jusqu'au bout.
Malgré tout, la mise en scène et la qualité des comédiens parvient à rendre l'épisode suffisamment agréable pour oublier les dérives d'un scénario maladroit. Un épisode qui prouve une fois que citer Rubicon ne suffit pas à se mettre au niveau de la série d'AMC sur laquelle je reviendrais dans peu sur SerieAll.
Un plaisir esthétique indéniable
Si l'histoire s'avère assez moyenne dans l'ensemble, les qualités esthétiques restent indéniables avec une photo remarquable et une qualité d'interprétation indéniable. Le travail sur le décor est très intéressant, chaque personnage évoluant dans un univers particulier et aisément identifiable. Entre le style froid et glacial de Travers et les décors naturalistes et hyper réalistes de l'univers de Wenborn, la série crée une opposition intéressante qu'un meilleur scénario aurait permis de mettre beaucoup plus en valeur.
En conclusion, un épisode convenable, mais qui montre des premiers signes de faiblesse au plus mauvais moment, la faute à un scénario trop dispersé et qui peine à reformer une unité. Les qualités formels sont toujours présentes, mais l'intrigue semble trop vaste pour pouvoir se conclure en un épisode. Injustice est une série ambitieuse, voire même prétentieuse en ne parvenant pas à tisser une toile narrative cohérente, preuve d'un manque d'inspiration particulièrement regrettable.
J'aime :
- les interprètes très bons
- la photographie et les décors très réussis
- un rythme prenant et dynamique ...
Je n'aime pas :
- ... mais un scénario qui ne tient pas la route
- une tendance à une violence gratuite dérangeante
- un épisode de recentrage qui échoue dans sa tentative
Note : 12 / 20
Un épisode convenable, très réussi du point de vue esthétique, mais qui propose un scénario maladroit, abusant d'une violence malsaine pour cacher un vrai manque d'idées. Outrancière, les scènes de Wenborn entraînent la série sur une mauvaise pente vers un univers de moins en moins crédible.