Critique : Leverage 4.16

Le 02 janvier 2012 à 11:48  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode amusant où Hardison prend la tête de l'équipe pour arnaquer des voleurs d'or.
Par sephja

Critique : Leverage 4.16

~ 7 minutes de lecture
Un épisode amusant où Hardison prend la tête de l'équipe pour arnaquer des voleurs d'or.
Par sephja

De l'or précieux contre peu d'argent

Hardison demande à Nate l'autorisation de prendre les commandes de l'équipe afin de venir en aide à Amy Campston, une jeune femme ayant envoyé le collier de sa grand-mère à une entreprise échangeant de l'or contre de l'argent. Les deux propriétaires de cette entreprise, Barbara et Tommy Madsen, sous évalue volontairement le montant des bijoux avant de refondre cet or pour en faire des lingots qu'ils revendent au prix réel. L'occasion pour Alec de faire ses preuves en récupérant ce bijou.

 

Résumé de la critique

Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi :

  •  une première partie comique assez irrésistible 
  •  une seconde partie un peu lente la faute à un changement de narration 
  •  un divertissement très plaisant au final malgré un scénario famélique 
  •  Leverage ou l'art du faux-semblant

 

 

Le trésor de la Sierra Madre

Pour cet épisode, les auteurs de Leverage s'inspire avec intelligence des nombreuses plaintes touchant les compagnies qui échangent votre or contre de l'argent. Comme souvent, la série fait le bon choix en s'inspirant du quotidien à une époque où les arnaques d'entreprises contre des particuliers sont devenues monnaie courante. Il s'agit donc pour eux de mettre à mal la compagnie de collecte de bijoux des Madsen, petite entreprise bien loin des standards habituels du show, plus habitué aux grosses multinationales dotées de système de sécurité conséquent. 

Autant le dire, l'entreprise de destruction ne prendra pas beaucoup de temps, les deux proies du jour ne faisant pas vraiment le poids face à l'équipe de Ford. Les scénaristes nous condamnaient alors à l'habituel épisode de remplissage avant le final, s'il n'avait pas eu la bonne idée de faire qu'Hardison veuille prendre les commandes à la place de Nate. Objet de convoitise et de tous les fantasmes, l'or devient le parfait moyen de mettre en avant le désir de reconnaissance d'Alec, voyant dans cette mission sans risque l'occasion idéale de se mettre en valeur. Seulement, devant le refus de Ford, Alec va faire un premier temps la grève, laissant l'équipe commencer sans le soutien logistique habituel. 

Totalement désemparé, Ford nous offre une séquence de briefing hilarante, incapable de maîtriser l'outil informatique, montrant les limites d'un show qui repose sur une mécanique très précise. Sans Hardison, le démarrage est volontairement poussif et confus et la capacité d'improvisation de Nate ne lui permettra pas d'éviter la catastrophe. Ford prend alors du recul et laisse le jeune geek prendre la place du chef, chamboulant en partie et pour le mieux les habitudes du show.

 

Un plan ressemble toujours à son créateur 

La prise de pouvoir d'Hardison va être l'occasion pour les scénaristes de montrer combien le rôle de Nate Ford est important et surtout son empreinte sur le style du récit. Avec lui à la tête du groupe, les personnages ont le fil directeur de ce qu'ils doivent faire et sont libres de s'organiser comme ils le désirent, laissant une part d'improvisation dans l'avancée du récit. Conçu pour s'adapter aux différentes situations, les plans de Ford sont à son image, concentrés sur le but à accomplir tout en déléguant la gestion des détails aux autres membres de l'équipe.

Plus analytique, Hardison possède une vision différente de l'organisation, avec une vraie structuration du plan autour d'une architecture précise, enchaînement de causes et de conséquences menant au succès. Peu de libertés sont laissés au groupe, mais la sécurité de chacun d'entre eux est assurée par la mise en scène très élaborée en amont, vision analytique du métier d'arnaqueur. Seulement, si ce changement d'approche amène un vent de nouveauté, il va aussi entrainer quelques lourdeurs regrettables dans la mise en place.

Perdant leur liberté d'action, les membres du groupe s'ennuient un peu, mais font preuve d'une vraie bonne volonté, pendant que le plan assez brillant se met en place. Moins enthousiaste et trop directif, le script perd son enthousiasme habituel au profit d'une évolution trop mécanique, ne prenant pas vraiment en compte l'élément humain. Plaisant, le divertissement façon Hardison peine un peu à prendre au début avant de donner une belle leçon sur la façon dont on peut adapter la narration sans modifier la formule de départ.

 

 

La constante de l'échec 

La suite est évidemment très prévisible, le plan d'Hardison ne servant qu'à masquer la pauvreté de départ de cette intrigue par sa complexité et ses embranchements multiples. Doté d'un vrai sens du spectacle et d'un gout pour les rebondissements à tiroirs, Alec produit son plan assez spectaculaire et très bien maîtrisé. Dans le rôle des vilains, Todd Stashwick et Sasha Barrese sont excellents, montrant un vrai enthousiasme qui donne de la crédibilité à cette arnaque cousue de fil blanc, jouant beaucoup sur l'illusion et les faux-semblants.

Mais c'est surtout pour les scénaristes l'occasion de nous servir une belle diversion, dans tous les sens du terme, élément caractéristique d'une bonne arnaque. Une intrigue qui apparaît au final comme très classique malgré sa mise en place singulière, fournissant un divertissement plaisant, créant l'illusion du changement sans pour autant sortir la série de sa routine. L'intérêt consiste alors à attendre avec un certain plaisir la faille dans le plan d'Hardison, sachant très bien que celle-ci va reposer sur sa structure trop rigide, inapte pour s'adapter à l'inattendu.

Le premier point à considérer dans un plan n'est pas l'éventualité du succès, mais la possibilité d'un échec afin de se préparer une porte de sortie digne de ce nom. C'est là le point fort de Ford, l'art de posséder des solutions de secours pour permettre à l'équipe de rebondir avec la certitude que l'imprévisibilité est la seule constante de l'univers.

 

Un épisode en faux-semblants

Un joli tour de force pour les auteurs d'avoir fait passer un scénario plutôt vide pour une intrigue originale cherchant à s'extraire des sentiers battus. Un récit où tout n'est qu'illusion, exemple superbe de remplissage bonifié par le biais du développement du caractère d'un des personnages principaux. A deux épisodes de la fin, Leverage prouve qu'elle possède encore une certaine adresse pour jouer avec les faux-semblants, utilisant à merveille le principe de diversion des magiciens lors d'une conclusion très simple et particulièrement efficace. 

En conclusion, un épisode en apparence assez pauvre, mais qui va fournir le divertissement attendu grâce à la mise en avant d'Alec Hardison à la tête de l'équipe. Plus cartésien que Nate, il va concevoir un plan à son image, créant une arnaque inutilement compliqué pour mieux nous détourner d'un épisode plutôt pauvre en enjeu. Une belle réussite au vu du point de départ périlleux, un scénario efficace et plaisant qui s'amuse à remettre en cause Ford pour mieux justifier son apport au sein de l'équipe. 

 

J'aime : 

  •  le briefing de départ très amusant 
  •  la conclusion classique, mais ingénieuse 
  •  l'idée de laisser la direction des opérations à Alec 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'absence d'enjeu réel autre que le souhait de voir Hardison réussir 
  •  les vilains du jour sont vraiment très naïfs

 

Note : 13 / 20 

Malgré une intrigue de départ sans enjeu et des méchants loin de faire le poids face à l'équipe de Ford, Leverage nous fournit un divertissement très plaisant en poussant Hardison à vouloir prendre les rênes de la mission. Un changement de tête pensante qui entraine des variations intéressantes dans la narration, laissant enfin apparaître la qualité principale de Ford : l'anticipation.

L'auteur

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