Leverage season final 4
Nate Ford décide de s'en prendre à Victor Dubenich pour la mort de son père, mais Jack Lattimer le protège encore et a installé des logiciels de reconnaissance faciale partout pour débusquer Elliott, Parker et Sophie. L'équipe va donc devoir recruter des hommes de "confiance", à savoir Chaos, Archie et Quinn pour les aider à déjouer les plans de Lattimer en lui volant tout ce qui lui appartient.
Résumé de la critique
Un épisode inégal que l'on peut détailler :
- un démarrage dynamique et plutôt divertissant
- une mission trop facile et un adversaire assez décevant
- une intensité dramatique inexistante pour un final grotesque
- un bilan mitigé de la saison
Un divertissement efficace
Ce n'est pas une équipe que Ford va diriger pour faire tomber Victor et Lattimer, mais deux avec le trio Chaos, Archie et Quinn, apportant quelques notes d'humour assez irrésistibles. Pendant ce temps, l'équipe habituelle va jouer la carte de la diversion, réduisant en miettes tout le beau plan mis en place par les deux vilains du jour pour prendre le contrôle sur un domaine hydro-électrique. Le récit est très dynamique, les scénaristes ayant beaucoup de choses à raconter et ne perdent pas de temps dans des descriptions inutiles en privilégiant l'action avant tout.
La nouvelle équipe se révèle à la hauteur de l'ancienne avec un Will Wheaton en roue libre qui trouve immédiatement une certaine alchimie avec Richard Chamberlain. Les gags sont drôles, les missions vite exécutées avec légèreté et l'ensemble suffisamment réjouissant pour pousser le spectateur à ne pas trop réfléchir, Saul Rubinek incarnant un méchant assez convaincant. Et pourtant, une sensation va s'installer lentement, ce sentiment d'un récit sans véritable opposition et qui fasse de cet épisode un véritable season final.
Après l'assassinat brutal du père de Nate par Victor, on aurait attendu un récit plus intense, avec un crescendo dramatique, mais cette mission est juste trop facile, les méchants ne faisant pas le poids face à deux équipes. Un jeu de massacre qui dure quarante minutes et peine à installer un véritable suspens, preuve que la série a définitivement abandonné le format du drame au profit du divertissement pur et simple.
La dramaturgie du season final
C'est un point particulier des séries télévisées, le dernier épisode d'une saison se doit normalement d'être l'incarnation du thème principal de la saison, donnant du sens à tout ce qui a été entrepris durant les différents épisodes précédents. Une conclusion qui ouvre des portes pour la suite et redéfinit le show en montrant sa capacité à évoluer à partir de son principe de départ. Seulement, le message avec cet épisode est on ne peut plus clair, Leverage est désormais un divertissement familial sans ambition loin du season final réjouissant et en prise direct avec l'actualité de la saison trois.
De tout l'épisode, jamais Lattimer n'apparaît comme un méchant crédible et donne l'impression de n'être que la marionnette des scénaristes tant son manque de charisme et d'épaisseur est flagrant. Heureusement, Saul Rubinek sauve la situation, surjouant certaines séquences avec plaisir, mais n'offrant que peu de résistance à l'équipe de Leverage. Malgré tout, les scénaristes vont chercher à créer un climax final avec l'affrontement entre Nate et Victor, dans un décor absolument superbe sur le thème de la vengeance.
C'est à ce moment que la série va sombrer corps et biens, confirmant que toute cette mythologie autour de Lattimer et Victor n'était qu'un voile de fumée pour masquer un manque d'idée flagrant. Avec ces méchants trop pathétiques et cette mission beaucoup trop facile, Leverage confirme que la difficulté entrevue en début de saison : l'équipe de Nate est trop forte et ne trouve plus d'ennemi à sa hauteur.
Une dernière scène qui fait mal
Difficile de dire que la scène qui conclut cet épisode n'est pas travaillé esthétiquement avec ce décor superbe et ce travail sur le son étonnant. L'explosion du l'épisode précédent possédait les mêmes qualités esthétiques, preuve que les réalisateurs se sont vraiment appliqués à donner une dimension épique à l'affrontement entre Nate et Victor. Le seul problème est que le combat est encore une fois totalement inégal, Ford ne se retrouvant jamais vraiment en danger lors de cette conclusion bavarde et particulièrement grotesque.
Le seul combat se passe dans l'esprit de Ford, à savoir s'il va faire le choix de tuer un homme qui représente beaucoup de souffrance pour lui, de la mort de son fils à celle de son père. En position de puissance, Ford pourrait céder à cette soif de pouvoir, rejoignant le thème d'un des épisodes précédents où le danger avait déjà été évoqué. L'intervention de l'équipe pour lui rappeler ses valeurs morales est assez peu inspirée, mais l'injure suprême reste l'intervention de Lattimer, apportant une porte de sortie totalement invraisemblable aux scénaristes.
En conclusion, un épisode décevant par son fond, séduisant dans sa forme grâce à un casting impressionnant et particulièrement déchaîné. Leverage s'achève sur un aveu d'impuissance, celle d'une équipe créative incapable d'installer une mythologie digne de ce nom, avec un Lattimer peu charismatique. Une conclusion beaucoup plus faible qu'à l'accoutumée, preuve que le show est définitivement passé dans le registre du divertissement familial en rangeant son ambition au placard.
Bilan de la saison quatre
Après un final de saison trois très réussi et étonnamment en phase avec l'actualité (la chute d'un dictateur africain par le biais de manipulations électorales), Leverage avait frappé fort, laissant le sentiment d'avoir atteint son sommet. Cette sensation se retrouve dans le premier épisode en haute altitude légèrement décevant, cherchant à installer une noirceur chez Ford qui va entraver le début de saison. La suite va hélas confirmer les difficultés à trouver une vraie motivation à Nate, les scénaristes s'appuyant sur Sophie, Parker ou Elliott pour le pousser à accepter des missions.
Le quatuor est d'ailleurs très en forme, offrant quelques épisodes intéressants centrés sur leur personnage, surtout le couple Hardison - Parker à l'origine du meilleur épisode de la saison (4x07) et du plus original (4x03). Sophie va pour sa part former un duo romantique assez attachant avec Nate, apportant une touche de fantaisie à plusieurs reprises. Seul Elliott va hériter de la partie la plus faible, enfermé dans des prestations répétitives ne lui offrant que rarement l'occasion de sortir son personnage de sa routine.
Au final, la saison de Leverage aura connu une première moitié difficile, les scénaristes cherchant à installer une mythologie défaillante avant qu'il ne fasse le choix de miser sur le divertissement avant tout. Les auteurs alignent alors les épisodes concepts avec plus ou moins de réussite, dont un épisode double particulièrement amusant qui divise l'équipe avec les filles d'abord et les garçons ensuite. A la limite de l'auto parodie, la série retrouve un enthousiasme par un état d'esprit plus léger, abandonnant l'idée de construire une continuité au sein de la saison.
Au final, la saison fut plaisante, le show offrant toujours un divertissement à la hauteur grâce à un quatuor très convaincant et à une dynamique indéniable. S'offrant quelques expérimentations avec des réussites diverses (l'épisode The Office assez moyen), Leverage aura tenté de se renouveler pour masquer une mythologie particulièrement poussive et raté. Reposant sur un Nate Ford peu inspiré, l'intrigue fil rouge n'aura jamais réussie à prendre une vraie dimension, donnant un final aussi divertissant dans son entame que creux et décevant dans son final.
J'aime :
- un épisode rapide et dynamique
- une bonne alchimie entre les différents comédiens
- des touches humoristiques plutôt réussies
Je n'aime pas :
- la storyline de Nate et le final grotesque
- Lattimer ridicule et inutile
- la mission du jour beaucoup trop facile
Note : 11 / 20
Ce ne serait pas le season final, j'aurais envisagé une note plus haute tant l'aspect divertissement de l'épisode est particulièrement réussi grâce à un casting pléthorique. Malheureusement, le manque de charisme de Lattimer et le final particulièrement invraisemblable sont autant de signes qui confirment le manque d'inspiration d'une mythologie clairement décevante cette année.
C'est avec plaisir que j'ai suivi cette saison quatre pour SerieAll. Mes remerciements vont avant tout aux correcteurs à qui j'essaye de donner le moins de boulot possible en vain, à tous ceux qui ont suivi Leverage avec moi et plus personnellement à Alexandra pour m'avoir conseillée la série il y a deux ans. On se retrouve en Juillet pour la saison cinq.