Il y a quelque chose de pourri au soleil de Majorque
A Majorque, au bord de la piscine, le soleil tape toujours aussi fort. Les personnages commencent à prendre des coups, et leur belle amitié se décompose en même temps que les cadavres qui s'amoncellent.
Pour tous ceux qui n'ont pas apprécié l'ambiance et la narration du premier épisode, l'aventure peut s'arrêter là. Rendez votre flambeau, prenez votre sac à dos et dites au-revoir à vos camarades. Pour les autres, il ne reste plus qu'à plonger dans la piscine, sans penser à ce que l'on va trouver au fond.
En effet, Mad Dogs poursuit sa route, sans clim et sans passer la cinquième. Avec sa narration particulière. Celle-ci s'attarde sur les scènes et les détails et peut laisser le spectateur en route. Nous ne sommes pas dans une série policière, ni dans un drama psychologique, comme on aurait pu le croire après le premier épisode. C'est un hybride, une comédie macabre qui commence à me rappeler Arsenic et vieilles dentelles ou bien Mort sur le grill.
Quoi qu'il en soit, il s'agit plus, comme le suggérait Taoby (je crois), d'un film de 3h30 en quatre parties, avec un rythme volontairement lent et décalé. Et d'une action qui avance à son rythme, d'exécution en interrogatoires.
Que fait la police ?
C'est une bonne question. La police ? Quelle police ? On n'est sûr de rien ni de personne sur cette île, et après Tiny Blair, la très (trop) souriante inspectrice locale, qui débarque comme une fleur au milieu de la meute, aurait plutôt tendance à flanquer des sueurs froides à tous les habitants de la villa.
Les séances d'interrogatoire qu'elle mène sont un délice. Avec de vrais performances de la part des acteurs principaux (mention spéciale à John Simm dans cet épisode, qui joue toute la gamme de la peur, depuis la panique totale jusqu'au parfait sourire crispé, en passant par la lâcheté pure et simple…)
Who's the alpha dog ?
Car il suffit d'un meurtre bien juteux, d'une menace non identifiée mais bien présente pour que les caractères se révèlent. Et il y a fort à parier que chacun rejoue le rôle qu'il assurait trente ans plus tôt dans la cour de récréation.
Quinn (Glenister), le mâle alpha, qui tranche et prend les décisions. Bax (Simm) le conformiste, mort de trouille (et à juste titre), qui joue les lèche-bottes auprès du plus fort. Rick (Warren), qui redevient l'outsider, le chien fou qu'il n'a jamais cessé d'être, trouvant des solutions incongrues dans les pires moments de panique. Et Woody… Woody (Beesley) reste le personnage sur lequel je me pose le plus de questions. Silencieux, en retrait, est-il juste choqué par le meurtre brutal d'Alvo, ou bien a-t-il quelque chose à cacher ?
En tout cas, le groupe risque fort d'exploser en vol.
Massage ou interrogatoire ? Le doute reste permis.
Encore plus de questions
Bref, A mon avis, ceux qui étaient réticents dès le premier épisode ne vont pas trouver leur compte dans ce deuxième volet. Car la série ne joue pas la carte de la séduction. Délibérément. Elle ne récompense pas le spectateur, qui ne dispose (presque) que des mêmes éléments que les protagonistes. C'est-à-dire pas grand chose.
La réalisation reste la même, efficace à mon sens, mais dérangeante, qui appuie sur les détails malsains (comme la longue et bruyante scène de baise du premier épisode, bien plus aggressive qu'excitante). Le rythme reste lent, comme si le réalisateur se délectait de voir ses protagonistes patauger dans le sang, la sueur et l'eau de Javel, même dans les scènes les plus palpitantes. Quand cacher un cadavre à la police prend cinq bonnes minutes à l'écran, je me régale, mais je conçois que ça ne plaise pas.
Les personnages se révèlent lâches, hypocrites, parfois même sournois dans leurs tentatives de se discréditer les uns les autres. En tout cas, ils ne sont jamais valorisés, jamais montrés sous un jour héroïque ou séduisant. Seule constante, ils font maladroitement front contre l'ennemi extérieur. Pour le moment en tout cas.
Et au final, ce second épisode nous laisse avec autant de questions sans réponse que le premier. Que faisait réellement Alvo pour gagner autant d'argent ? A qui faire confiance ? Tout le monde est-il pourri ? Qui a tué Jésus ? Pourquoi Rick a-t-il enfilé un speedo ? Pourquoi lui et Woody sont-ils nus sous leurs sacs poubelles ? Quel est le prénom de la chèvre ?
Les réponses, peut-être, jeudi prochain.
Note : 14 / 20