Critique : Magic City 1.03

Le 25 avril 2012 à 17:11  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode remarquable qui installe les rapports de force et propose une qualité d'écriture et d'interprétation impressionnante.
Par sephja

Critique : Magic City 1.03

~ 8 minutes de lecture
Un épisode remarquable qui installe les rapports de force et propose une qualité d'écriture et d'interprétation impressionnante.
Par sephja

"Nous sommes perdus et notre unique peine est que, sans espoirs, nous vivons en désirs"

 

L'hôtel Miramar accueille le concours de Miss Monde et Ike Evans commence à réfléchir à la possibilité de s'associer avec Meg Bannock, la soeur de sa défunte première épouse. L'enquête sur la disparition de Mike Strauss est au point mort, mais sa disparition le pousse à vouloir couper les ponts avec Ben Diamond qui lui apparait comme incontrôlable et dangereux. Pendant ce temps, Stevie est de plus en plus convaincu que le mari de Lily a des soupçons à son sujet.

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode captivant que l'on peut détailler ainsi :

  •  une histoire de convoitise et de jalousie 
  •  un héros au frontière du bien et du mal
  •  une interprétation et une réalisation impeccable 
  •  une atmosphère envoutante

 

magic city

 

Un monde de convoitise et de fantasme

 

L'empire du Miramar étend son pouvoir, continuant de séduire les hommes politiques influents pour obtenir la légalisation des jeux d'argents à la manière du Nevada. Derrière cette manoeuvre se trouve le cancer d'Ike Evans, le cruel Ben Diamond, incarné par un formidable Danny Huston, dont il désirerait de se séparer. Le meurtre du syndicaliste Mike Strauss a crée une vraie rupture entre eux, offrant une scène d'ouverture superbe où Jeffrey Dean Morgan laisse paraître toute sa culpabilité en essayant de racheter sa faute.

Seulement, se débarrasser de cet homme dangereux nécessite de trouver un nouvel allié, à savoir son ancienne belle-soeur, une femme influente qu'il n'a pas revu depuis le décès de son épouse. Les scènes entre Ike et Meg sont remarquables, offrant des dialogues subtils tout en sous-entendus, mais qui demeure lisible pour le spectateur malgré notre ignorance de leur passé commun. Des scènes très complexes et particulièrement très ambiguës, laissant apparaître une tension étrange tout en montrant au spectateur l'existence d'un passé riche et complexe encore inconnu et très intrigant.

Série  complexe et profonde, Magic City nous parle d'un empire, le Miramar, que tout le monde convoite, l'incarnation d'un rêve qui amène de nombreuses jalousies. Un paradis artificiel, un monde de divertissements où l'oisiveté est un mode de vie et qui attire des hommes puissants et dangereux. Mais le vrai pouvoir reste le talent avec lequel Ike parvient à fidéliser ceux qui travaillent à ses côtés, sa manière de ne faire aucune promesse, mais de savoir parler au coeur des gens en trouvant ce qu'ils désirent : une famille pour Vera ou un travail pour la femme de Mike.

A la fois généreux et cruel, manipulateur et sincère, Ike est le centre de gravité de cette série, un personnage séducteur, simple en apparence, mais aussi manipulateur et hypocrite. Incarné à merveille par le formidable Jeffrey Dean Morgan, il est le centre de gravité du show, personnage fédérateur qui apparaît vite comme indispensable, pilier sur lequel repose tout l'univers du Miramar.

 

Seul dans le jardin du bien et du mal 

 

De part sa qualité d'écriture et de réalisation, Magic City est une grande réussite, récit soigné affichant une lenteur calculée, celle qui permet de donner de la nuance et du sens à chaque séquence. Une complexité qui se retrouve lors de la séquence entre Vera, Meg et Ike à l'entrée de l'hôtel, dialogue brillant tout en sous-entendus et en nuances, laissant apparaître les rapports de force au sein du couple Evans. Avec au milieu deux femmes qui s'affrontent pour un même homme, le propriétaire et bâtisseur du Miramar qui cristallise sur lui les sentiments de fascination et de jalousie.

Mais le plus grand talent de Ike consiste à savoir garder le contrôle, la série marquant sur ce point une rupture importante avec Mad Men. Là où Don Draper s'amuse à séduire les gens, à créer du désir de toutes pièces, le héros de Magic City s'efforce d'aller au-delà du superficiel et de les atteindre réellement en trouvant leur désir intime, ce besoin qui lui permet de s'assurer leur fidélité. Derrière les néons et l'immense hôtel qu'il a crée, il y a une volonté de fournir aux gens du divertissement, des attractions pour mieux les faire baisser leur garde et ainsi laisser paraître des faiblesses plus intimes pour les garder sous contrôle.

Seulement, c'est sur ce point que le cas de son associé pose problème, Ben Diamond ne possédant pas de faiblesses humaines,  créature maléfique qu'il ne parvient ni à atteindre, ni à contrôler, incarnation d'un démon sadique et cruel. Un personnage qui incarne un autre visage du pouvoir, construit sur la peur et la violence, poussant ses proches à subir son amitié comme une prison dont il est impossible de s'échapper. La scène où Stevie et Lily se regarde pendant le défilé des Miss est juste superbe et fait ressentir cette peur irraisonnée envers un homme qui incarne parfaitement l'idée du mal.

 

Magic city

 

Un pur plaisir esthétique

 

Si Magic City est une série riche dans son récit, elle possède aussi des qualités visuelles absolument remarquables, avec des cadrages, soignés, une photographie superbe, des décors et des costumes superbes. Le travail du metteur en scène est lui aussi surprenant, choisissant les bons angles pour mettre en évidence les connexions entre les différents personnages et les rapports de force entre eux. Chaque décor possède son caractère, chaque personnage un vrai background et une touche de mystère qui entraine ce judicieux mélange entre fascination et obsession pour cette série particulièrement immersive.

Un climat singulier maintenu par une bande son impeccable, mélange bien senti entre différents styles musicaux qui vient souligner les différences de ton lors des transitions entre certaines scènes. Les influences semblent se trouver dans le cinéma de Scorsese, surtout dans la scène superbe de la baignoire, pendant que les auteurs cherchant à mettre en évidence toute la complexité d'un univers où les lumières du Miramar éclairent en partie les cadavres qui gisent au fond de l'eau.

La performance d'Olga Kurylenko (ci dessus) est aussi à souligner, absolument remarquable par la nuance dans son jeu et le naturel dans son interprétation du personnage complexe de Vera. Beauté fascinante à la fois forte et fragile, elle est incontournable dans chaque scène où elle apparaît, formant un couple très crédible avec un Jeffrey Dean Morgan au diapason. Régal pour les yeux et les oreilles, ce show n'a qu'une seule zone d'ombre, à savoir le manque de développement pour l'instant de la storyline de Danny et Mercedes. Sans se précipiter, Mitch Glazer pose les bases d'un univers troublant et assez unique, fruit d'un travail d'orfèvre qui nécessite chez le spectateur d'accepter de jouer le jeu en s'immergeant dans les eaux limpides et fatales de Miami.

 

Une ambiance absolument unique

 

A l'arrivée de la série sur l'antenne de Starz, beaucoup avait qualifié Magic City de clone de Mad Men, le pilot partageant avec elle une époque commune, un rythme narratif très lent et un univers jouant beaucoup sur les faux-semblants. Il serait assez juste de penser que cette série n'aurait pas pu voir le jour sans le show de Matthew Weiner, devenu une référence dans son domaine. Mais la ressemblance s'est vite effacée et la série de Mitch Glazer apparait comme un concurrent très sérieux pour figurer parmi les meilleurs programmes de l'année s'il parvient à garder ce niveau d'exigence.

En conclusion, un épisode très réussi, qui propose de nombreuses scènes remarquables grâce à un univers fascinant qui commence à laisser apparaître toute sa richesse. Le personnage d'Ike apparaît lentement dans toute sa complexité, affichant cette surprenante capacité de séduction, appuyé par la performance impeccable de Jeffrey Dean Morgan. Mais la plus éblouissante reste Olga Kurylenko, symbole d'une ville à la fois troublante, fascinante jusqu'à l'obsession, pour une série très contemplative et pourtant terriblement immersive.

 

J'aime :

  •  Olga Kurylenko est formidable 
  •  Le personnage remarquable d'Ike Evans 
  •  Quelques scènes vraiment remarquables 
  •  Ben Diamond toujours aussi glaçant 
  •  La musique, les décors, les costumes remarquables 

 

Je n'aime pas : 

  •  Le personnage de Danny sous exploité jusqu'ici

 

Note : 15 / 20 

Episode après épisode, Magic City monte en puissance et s'impose comme une réussite formelle indiscutable, avec une qualité et un soin dans la direction artistique impressionnant. Mais le plus admirable reste la performance des comédiens, surtout Olga Kurylenko, absolument irrésistible dans un rôle complexe, celui d'une femme aussi fragile que fascinante.

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...

Derniers articles sur la saison

Critique : Magic City 1.08

Un season final étrange qui laisse un sentiment mitigé, ne parvenant à proposer une intrigue aussi intense qu'espérée.

Critique : Magic City 1.07

Un épisode qui offre une première partie un rien inégale avant de décoller brutalement lors d'une confrontation remarquable entre Ben et Isaac.

Critique : Magic City 1.06

Un épisode impeccable qui permet à Ben Diamond de montrer sa supériorité sur Ike Evans par le biais d'un championnat du monde de boxe proposé par le Miramar.