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Avant tout, sachez que comme je reprends la critique de la série au 8ème épisode, je me permet d'ouvrir celle-ci avec mon avis à moi sur ce qui s'est passé précédemment. Si ça ne vous intéresse pas ou si vous êtes pressé, ou encore si vous aimez plus que tout aller à l'essentiel, passez directement au chapitre qui s'intitule « Et l'épisode alors? ».
Bon, merci à vous d'être resté, je vais quand même faire mon possible pour être bref. Misfits, pour moi, c'est un peu comme si Peter Petrelli était allait s'entrainer en haut d'une montagne avec Walter White comme mentor. L'élève n'a pas dépassé le maitre, mais il s'en approche. Pour éviter de faire des comparaisons potentiellement blasphématoires, disons que c'est plutôt comme si Tim Kring, le créateur de Heroes s'était réveillé un matin, au début de la saison 2 de sa série, et s'était dit « tiens, et si j'arrêtais de prendre les spectateurs pour des cons? Mieux! Et si en plus de ça, je réduisais le casting, j'embauchais de bons acteurs, je travaillais plus les scénarios et je recentrais le sujet pour créer une mythologie claire sur ma série? » Si cette scène à bel et bien eu lieu, le pauvre Tim à du se rendormir aussi sec, laissant cette idée se perdre dans la noosphère (wikipedia est votre ami) pour atterrir un beau jour toute fraiche dans le cerveau prolifique d'Howard Overman.
Car Misfits c'est quoi au final, sinon une série qui a réussi l'alchimie parfaite du programme stylé, captivant et marrant. C'est aussi et surtout une fable contemporaine un peu grunge sur la diversité, la tolérance et la beauté de l'imperfection humaine. J'en prend pour preuve que chacun de nos héros voit sa personnalité exacerbé par son pouvoir. L'effacé s'efface, l'allumeuse allume, la prise de tête lit les pensées, etc... Au delà des pouvoirs, le message passe et, sans le talent des scénaristes, nous aurions eu droit a un spectacle dégoulinant et gras dans lequel un des personnage aurait forcément lâché un « ce sont nos différences qui nous rapproche » vomitif.
En résumé, les créateurs de Misfits ont su impliqué le spectateur par des situations courantes, tout en lui laissant le loisir de s'imaginer ce qu'il aurait fait avec tel pouvoir, le tout sur un rythme dosé à la milliseconde sur un programme de 45 minutes. C'est ce qui fait une bonne série. Quand en plus, on nous livre le tout dans un emballage soigné par la réalisation, la photographie, la bande originale et des plans souvent audacieux, la boucle est bouclée. Misfits est une très bonne série.
Et l'épisode alors ?
Parlons d'abord de la bande son qui nous caresse délicatement les oreilles dans le sens du poil sur chaque épisode. Cette fois nous avons doit à un remix des Chemical Brothers par Boys Noize, puis un morceau de Unkle et enfin, comme d'habitude si j'ose dire, à du Justice. Merci Misfits d'avoir du goût, enfin, d'avoir mon goût. Parenthèse musicale refermée, que se passe-t-il dans cet épisode ?
Nathan rencontre son frère, les acides inversent les pouvoirs et nous avons un bref aperçu excitant du futur. Avant de rentrer dans le détail de chaque arc scénaristique, nous allons nous arrêter quelque instants sur le pré-générique qui décidément fait plaisir à voir. Je ne sais pas si l'idée est empruntée à Breaking Bad et ma culture en matière de série ne me permet pas de savoir si cela est utilisé dans d'autres séries, mais j'apprécie particulièrement le fait de nous mettre en bouche par un apéritif aussi savoureux. La séquence d'introduction dure cette fois exactement 2 minutes 20 secondes, et comme à l'accoutumée, celle-ci est particulièrement stylisée. D'autres séries devraient s'inspirer de cette manière d'introduire le sujet de l'épisode car cela permet au spectateur de se mettre dans le bain progressivement, tout en flattant l'œil de l'esthète potentiel. Donc, pour en revenir à l'épisode, cette séquence d'introduction introduit Jamie, le frère de Nathan.
Deux frères
Vous en conviendrez, au final, Jamie n'est là que pour faciliter le scénario et permettre deux choses à Nathan. D'abord, cela lui permet de se rendre compte que son pouvoir en implique un autre qui est de voir des gens qui sont morts, ce qui nous amène à une manière différente d'appréhender le récit, point sur lequel nous reviendrons plus tard. Ensuite, le père de Nathan entre en scène, permettant au téléspectateur de voir ce dernier sous un nouveau jour. Cet arc nous permet autant d'introspection sur Nathan que d'ouverture sur de nouvelles perspectives : les pouvoirs supposent un effet inverse, et nos héros ne les maitrisent surement pas complètement, il y a visiblement beaucoup de personnes touchées par l'orage et la série à encore beaucoup de cordes à son arc. Tout ceci est confirmé par le deuxième arc, plus général, qui concerne les autres.
Intentions mythologiques ?
Si nous ajoutons le nouveau pouvoir de Nathan à la vision de Curtis on obtient une vision nettement plus claire des ambitions de la série. Si le voyage dans le futur est ce que nous croyons qu'il est, Misfits pourrait bien donner naissance à un nouvel univers de super-héros digne de Marvel. Cet épisode est donc très important pour la mythologie car il offre une vue d'ensemble de l'œuvre de l'orage jusqu'à la vision futuriste et pose les bases d'un monde concret parfaitement bien introduit. Si tel est le cas, la première saison n'aura servi qu'a bâtir le réceptacle de l'œuvre dans son ensemble, ce qui augmente encore sa qualité et son intérêt. Nous avons donc comme éléments connus : l'orage a donné des pouvoirs aux gens en exacerbant leur trait de caractère le plus flagrant. Nous ne savons pas combien de personnes sont touchés. Les 5 héros commencent à maitriser leur pouvoir. Les acides inversent les pouvoirs. Un homme maqué surveille les héros et nous ne connaissons pas ses intentions. Dans le futur, Curtis à un costume de super héros.
Au final, j'ai simplement envie de dire: quel talent ! L'impression que donne la série est qu'elle à été faite par quelqu'un qui aime les comics autant que les séries télévisées. Nous avons droit à un puzzle dont les pièces sont disséminées de manière homéopathique tout au long des épisodes, en nous donnant parfois des indices sur l'avenir du récit et en émoustillant au maximum notre curiosité.
Misfits prend du galon dans mon estime, et ce qui me fait surtout plaisir, c'est qu'a l'instar de Breaking Bad, la série sait allier à la perfection l'audace et la démagogie (1,1 millions de téléspectateurs pour le premier épisode de la deuxième saison, contre 787000 pour le pilote), ce qui nous laisse penser que Misfits a encore de beaux jours devant elle. Il paraitrait même que Overman aurait été approché par des chaines américaines pour en faire le remake. Deux réactions à chaud à cette information : le jour ou ce genre de situation arrive à une série Française, j'arrête de manger des granolas, et ensuite, cool, même si je ne regarderai pas le remake, Overman aura plus de budget pour travailler son histoire dans la profondeur.
En conclusion, je ne dirais qu'une seule chose : vivement vendredi prochain.
Ce que j'ai aimé:
- La musique
- L'importance de l'épisode pour la mythologie
- le troisième pouvoir de Nathan: l'absence totale d'inhibition
- Les perspectives qu'ouvre l'épisode
Ce que je n'ai pas aimé:
- On s'en fout un peu de Jamie
Note: 16/20