Même si...
Même si certains choix dans le scénario me semblent utiliser des raccourcis parfois faciles, comme cette intolérance aux lactoses qui fait de Curtis, une fois de plus, le joker de l'épisode, ou encore le pouvoir de ce personnage, bien pratique pour se sortir de n'importe quel situation mettant en péril la vie des protagonistes autant que la crédibilité du déroulement de la série.
Même si beaucoup d'éléments ne se coordonnent pas de manière logique, surtout cette fois dans le cas de Simon dont le voyage dans le futur n'a définitivement servi à rien, vu qu'Alisha passe à la télé, ce qui était prévu vu qu'elle le constate dans la pièce aux horloges, élément qui sous-entends que ces évènements se sont bel et bien passé et qu'Alisha n'aurait pas eu besoin du sacrifice de Simon pour survivre.
Même si l'intégralité de l'humour de la série repose sur les épaules de Nathan qui pour le coup, dispose d'une inhibition surnaturelle aussi impressionnante que son immortalité.
Même si les filles pour le moment ne servent à rien d'autre qu'a alimenter des intrigues secondaires moins intéressante, ou a donner la réplique et l'intention aux personnages qui œuvrent, eux, dans le sens de l'intrigue principale.
Même si, donc, tous les personnages de la série ont un rôle bien précis qui se dévoile au fil des épisodes, qui les dessert un peu dans leur humanité au profit d'une certaine démagogie presque fantasmagorique pour tout fan de super héros.
Même avec tous ces éléments – que je pardonne sans aucune magnanimité – Misfits est ou devient une grande série.
Méfiez-vous du lait.
Somptueux pré-générique encore une fois, qui nous présente - sur un air de casse noisette de Tchaikovsky - un nouveau méchant bien plus dangereux qu'il n'y paraît. Sans une seule ligne de dialogue et en maniant une fois de plus l'ellipse à la perfection, cette introduction s'approche encore un peu plus du génie dont font preuve les réalisateurs de Breaking Bad pour donner une touche artistique dés la première séquence de leurs épisodes.
Le méchant de la semaine est donc lacto-kinésique, ce qui lui permet de maitriser et de contrôler le lait sous toutes ses formes. Pourtant, aussi dangereux et puissant qu'il soit, il ne représente une fois de plus qu'un prétexte pour nous amener à une sorte de moral qui semble avoir deux raisons d'être.
La première me paraît justifier - peut-être un peu maladroitement - auprès du public les choix des scénaristes de ne pas brusquer les choses et de laisser l'histoire s'installer avant d'en demander plus.
La seconde, plus manichéenne, pointe du doigt les dangers de la popularité.
Le tout se passe avec une maitrise du rythme, de la réalisation et de la bande son tellement incroyable que l'on a parfois l'impression que Misfits pourrait nous raconter de manière passionnante l'histoire d'un cordonnier qui vit dans un village de 200 habitants et qui fait son métier tranquilement.
Car au final, que se passe-t-il dans cet épisode? Absolument rien. Nous terminons l'épisode exactement là ou il a commencé, avec plein d'éventualités en tête certes, mais qui ne font pas du tout avancer le schmilblick. D'accord, si les pouvoirs sont découverts par le public, il y aura quoi qu'il arrive de graves problèmes. Simon l'avait dit et tout l'épisode va dans son sens. Je tire donc mon chapeau aux créateurs de Misfits qui agissent avec le téléspectateur comme un prestidigitateur procède avec son public. Ils ont l'art de faire du merveilleux avec rien. Bravo.
Money money money...
La narration aurait put orienté l'intrigue vers quelque chose de plus spirituel en nous présentant la popularité des pouvoirs comme un moyen d'agir a grande échelle en suivant un peu les traces d'Iron Man. Elle aurait put aussi s'intéresser au problèmes scientifiques que cela supposerait, en envoyant les héros dans des laboratoires dangereux et créer ainsi une intrigue tout aussi intéressante.
Pourtant, c'est a l'argent que l'épisode nous renvoie, et c'est le choix qui me semble être le plus plausible. L'idée d'une organisation privée qui se poserait en tant qu'agent de super héros pour générer de l'argent par leurs supers pouvoirs en prétextant des intentions noble est parfaitement crédible. L'épisode envoie valdinguer d'un revers de la main toute intention bienveillante ou vils en se concentrant sur la réalité des choses, même si cela peut paraître un poil populiste. Oui, moi aussi si j'avais un pouvoir, je peux vous assurer que je serais millionnaire et même si toi au fond, tu affirmes que tu ferais seulement le bien de manière désintéressée, laisse moi juste te rappeler que Batman n'existerait pas si Bruce Wayne était un pauvre prolétaire. Je suis donc tout a fait d'accord avec l'orientation de l'intrigue.
Et après?
La première saison de Misfits nous présentait a tour de rôle les personnages, qui disposaient d'un épisode chacun pour donner de la consistance à leur rôle. Cette seconde saison installe doucement une mythologie dans la série et commence à lever le brouillard sur les intentions définitives de l'intrigue. Nous ne pouvons pas en sortir pleins de certitudes, et nous savons que Misfits aime nous prendre a contrepied, mais au bout d'un sixième épisode qui nous demande une fois de plus si c'est le pouvoir qui fait le super héros, nous pouvons commencer à nous demander si cette série, sous ses airs de simple divertissement, n'ambitionne pas de poser un univers de référence palpable (spéciale dédicace à la seule personne qui comprendra pourquoi j'ai utilisé ce dernier mot).
J'attends donc désormais énormément de Misfits, et je pense pouvoir le faire légitimement, car les scénaristes tentent des choses qui marchent la plupart du temps et que l'audience de la série ne peut que leur donner plus d'assurance pour la troisième saison. Il y a encore beaucoup de matière à traiter dans l'univers de ce programme, y compris, si tant est que cela soit prévu, l'explication quant à l'orage.
Attention donc, je suis désormais fan de la série et j'en attendrai beaucoup pour la prochaine saison. Misfits, ce n'est plus seulement une petite série dont on n'attends rien d'autre que quelques éclats de rire et 45 minutes de plaisir. Je la place désormais dans mes références et si mes critiques se sont endurcie au fil des derniers épisodes, c'est simplement parce que sous ses airs innocents, cette série à définitivement les dents longues. Prochain rendez-vous : l'épisode spécial noël.
Ce que j'ai aimé :
- La réalisation
- Le prégénrique
- La bande son, classique, cette fois.
- Le méchant
- Le rythme
- Simon qui a la classe quand il met sa capuche.
- L'intrigue qui sait retomber quoi qu'il arrive sur ses pattes.
Ce que j'ai moins aimé :
- Je pardonne les facilités mais j'aimerais quand même qu'on évite de me les rappeler par de petites erreurs dans les épisodes. Exemple : L'apparition d'Alisha à la TV.
Note : 16/20