Politiquement incorrect.
J'avoue avoir un peu de mal à définir clairement mon avis sur cet épisode. Il commence trois mois après la fin du précédent et se termine par un cliff basique. Sa construction est un peu différente de ce a quoi nous avait habitué Misfits lui donnant de faux airs d'épisode bonus dont le montage se résume a une succession de sketch qui suivent un fil rouge très important pour l'arc narratif principal de la série. Je n'arrive donc pas à me situer clairement tant certaines scènes sont excellentes mais placées dans un ensemble qui manque un peu de liant dans le fond. Mais commençons par nous arrêter sur le contenu avant de nous attaquer au contenant.
Cette semaine, dans la famille « shocking », je voudrais le père noël qui fait des galipettes avec une femme enceinte, le Jésus violeur qui autorise un malfrat à voler au nom de Dieu, et surtout, surtout, le placenta réduit en bouillie et vaporisé sur le visage des héros. Seul la troisième histoire m'a fait rire et en y réfléchissant bien, je ne suis pas sur d'avoir apprécié les deux premières. L'image du père noël dans ces conditions me paraît délicieusement provocatrice et versée dans la surenchère gratuite et assumée a première vue (donc jouissive), mais je n'ai pas réussi à saisir le but véritable de cette histoire. D'abord parce que la scène de drague entre Nathan et la fille en cloque est expédié un peu maladroitement pour moi, et ensuite parce que je ne vois pas ce que Nathan fait avec elle, pourquoi il veut s'encombrer d'un bébé et surtout pourquoi il devient complètement fou en vendant son immortalité pour 2000 livres pour les lui donner d'un coup comme ça.
De même pour Jésus, la provocation blasphématoire serait surement bienvenue avec un peu plus de consistance qu'un simple prêtre qui pète un câble et qui se fait passer pour Jésus en accomplissant des miracles qu'il aurait acheté au marché-aux-pouvoirs du coin.
Alors j'entends déjà ceux qui pardonnent tout à Misfits me dire « c'est toi le blasphème », et même si oui, c'est du Misfits, cette fois, je trouve qu'il manque un petit quelque chose qui aurait fait de ces scènes des moments vraiment intéressants, alors que là, quand ce n'est pas juste la chute d'un sketch plus ou moins réussie, c'est presque lourd et facile.
C'est un peu comme si l'épisode était le bouquet final du feu d'artifices que nous a livré cette seconde saison et que le pyrotechnicien avait décidé de n'utiliser que les fusées qui sont dans la caisse « grossier, choquant et politiquement incorrect ». Je suis d'accord pour dire que seul Misfits sait faire ça et malgré tout retomber sur ses pattes mais - et cela n'engage que moi – cette fois, la frontière de la surenchère lourdingue a été franchit du bout du pied ce qui me gêne un peu. On commence par la scène de baise entre Curtis et sa copine, puis celle entre Nathan et la fille enceinte, puis cette même fille qui se pisse dessus, on enchaine avec un prêtre qui pardonne le vol et autorise inconsciemment le meurtre, pour continuer avec une tentative de viol échouée, suivit d'une autre qui réussit buccalement et on finit par l'accouchement d'un placenta qui finira éclaté sur le sol. Tout ceci me conviendrait parfaitement dans un épisode de South Park, ou disséminé sur plusieurs épisodes de Misfits (car ce n'est pas plus politiquement incorrect que d'habitude), mais cette série ne se résume pas pour moi à une succession de prétexte pour choquer, elle est plutôt habituellement servie par une bonne histoire entrecoupée de séquence choquantes ravigotantes.
Tout ce que je viens de dire est bien entendue à prendre avec des pincettes. Je n'ai pas adhérer au délire de l'épisode mais je ne dis pas que ce n'est pas bien pour autant. Je m'attendais a autre chose et je n'ai pas en moi cette boule d'enthousiasme qui m'habite pendant plusieurs heures à la fin d'un épisode d'habitude.
Les pouvoirs sont morts, vive les pouvoirs.
Le plus étrange dans tout ça, c'est que sous ses airs d'épisode a part, ce « spécial noël » est extrêmement important pour la mythologie de la série car il pourrait constituer une des clefs du mystère Simon et un retournement de situation qui ferait passer mon article « Misfits c'est nul » pour un tissu de mensonges éhontés. Tout d'abord bravo si Nikki est morte, il fallait osé. J'espère sadiquement qu'elle ne pourra pas être sauvée, car elle représenterait le premier vrai « martyr » de la série. Ensuite, pourvu que Curtis perde son pouvoir, cela prouverait que les scénaristes veulent se débarrasser d'une solution de facilité un peu trop évidente. Enfin, Simon pourrait bien récupérer le pouvoir de Curtis en expliquant d'une manière acceptable l'arc narratif de son futur lui.
Malheureusement, tous ces évènements sont placés dans un épisode qui ne méritait pas a mon sens, les honneurs d'un final de saison. C'est comme si Lost avait placé l'une des clés capitale de son intrigue dans l'épisode sur Nikki et Paulo, ou pour être plus terre a terre, si l'on mettait du champagne dans une bouteille de Coca-Cola. L'épisode est très bien si on le prend comme le septième épisode d'une saison qui ne doit en comporter que six et donc en tant qu'épisode bonus, mais il est moins bien en tant qu'épisode clé dont j'attends vraiment plus de consistance.
Peut-être suis-je aigri... Mais comme je le disais dans ma critique précédente, j'attends de plus en plus de Misfits, et certains épisodes de cette série me donnent le droit d'attendre quelque chose de grandiose d'un final de saison, et moins d'un épisode « spécial noël ». Le fait de mélanger les deux me perturbe un peu et du coup, le tout m'emballe un peu moins que d'habitude. J'ai tout de même vraiment hâte de voir ce que ce final va amener de bon dans la prochaine saison.
Ce que j'ai aimé :
- C'est Misfits, c'est culotté et ça s'assume toujours.
- La mort de Nikki(j'espère)
- Les questions soulevées
Ce que j'ai moins aimé :
- Un épisode sans réelle identité.
- Trop de surenchère passablement choquante.
- Pas assez de liant.
- Il manque quelque chose pour en faire un final de saison digne de Misfits.
Note : 13/20