Pitch céphalée
Gabriel Monroe est un célèbre neurochirurgien de St Matthews réputé pour son style froid et ironique et son égocentrisme plus qu'affirmé. Assisté du Dr Shepherd, il sert d'instructeur à deux internes, le Dr Springer et le Dr Wilson, et s'amuse à torturer l'équipe de chirurgie cardiaque du Dr Bremmer. Seulement, à force de se montrer arrogant, Monroe est sur le point de commencer à payer le prix de ses fautes.
Le cerveau humain comme objet de travail
Commençons par enfoncer une porte ouverte : il n'existe aucun véritable lien entre House et Monroe, si l'on excepte le décor et quelques tics de mise en scène particulièrement déplaisants. Monroe n'établit aucun diagnostic, il se trouve au sommet de la chaîne médicale car son objet de travail est le cerveau humain, ce qui l'oblige à faire preuve d'une confiance absolue en lui-même. Egocentrique un rien excentrique, Monroe est avant tout conscient que son métier ne l'autorise pas à avoir la moindre hésitation, le cerveau humain n'autorisant pas à la moindre erreur.
Bref, pas d'énigmes ou de puzzles, juste l'histoire d'une femme à qui on découvre une tumeur au cerveau (Sarah Smart, très bien, déjà vue dans Wallander), le tout raconté sur un ton assez grave. Pour Monroe, il ne s'agit pas de mensonges ou de vérités, juste d'une patiente qui va subir une intervention qui pourrait lui coûter sa mémoire, voir la rendre aphasique. Assez triste, le récit se veut avant tout réaliste, nous montrant tous les aspects du travail des neurochirurgiens en suivant étape après étape la prise en charge de la patiente.
Car si Monroe est prétentieux et hautain, son comportement avec le patient est surtout très rassurant, sa forte confiance en lui permettant d'inspirer une certaine confiance. Ses collègues par contre sont ses victimes préférées, la série apportant ainsi une touche d'humour plutôt bienvenue, surtout dans les échanges avec le Dr Bremmer sur l'importance du cerveau sur le coeur.
L'autre aspect de Monroe va toucher à sa vie familiale, car son fils s'apprête à quitter la maison pour le laisser seul avec son épouse. Bien moins intéressante, cette partie nous introduit à un Monroe plus passif, incapable d'avoir un véritable contrôle sur cet aspect de sa vie aussi. Assez maladroit, le récit ne trouvera jamais la distance idéale pour aborder cet aspect du récit, la fin de l'épisode venant expliquer le manque de développement de l'ensemble.
Un compositeur à abattre
La réalisation de ce pilote est signée Paul Mc Guigan (Sherlock épisode 1 et 3) et va encore une fois donner à l'épisode une énergie remarquable, changeant intelligemment le style de mise en scène en passant d'un univers à l'autre (le patient, les médecins, la famille). Le rythme est plaisant, les décors sont très crédibles, certaines trouvailles visuelles sont vraiment bien pensées, d'autres assez balourdes comme l'utilisation répétée du flou pas très artistique. En bref ce pilote dispose de tout ce qui est nécessaire pour être particulièrement agréable, mais va vite être gâché par des petits éléments musicaux à la limite du supportable.
Comme dans toutes les séries, la bande originale se divise en deux éléments différents :
- des chansons, Monroe utilisant la musique pour donner le rythme de ces opérations, montrant un soin particulier dans le choix de la tracklist. Cette partie est plutôt agréable, les anglais possédant un répertoire assez inépuisable en la matière.
- un thème musical de Domenik Scherrer (qui avait déjà massacré Primeval) absolument atroce, une horreur d'une mièvrerie abyssale absolument insupportable. A lui seul, ce seul thème gâche tout mon plaisir du spectateur, à tel point que mes oreilles saignent presque d'un tel cauchemar auditif.
Ces petits intermèdes musicaux sont une telle atrocité que j'en viendrais presque à déconseiller totalement la série pour vous éviter la souffrance de devoir écouter ce thème musical digne d'un jeu casual bon marché.
James Nesbitt, meilleur acteur du monde ?
Evidemment, j'exagère, mais il faut bien que je défende un peu cette série qui possède de vraies qualités, surtout dans la description du contact entre le docteur et le patient. Monroe se montrant à la fois chaleureux, drôle mais surtout très attentif. Dans ce rôle assez compliqué, James Nesbitt est simplement formidable, prouvant encore une fois toute l'étendue de son talent. Doté d'une énergie remarquable, il va porter tout l'épisode sans jamais paraître agaçant, incarnant avec intelligence un personnage dont il laisse poindre les multiples faiblesses pour mieux le rendre attachant.
Car si Monroe est un peu excentrique, son comportement est loin d'être aussi théâtral que la composition de Hugh Laurie dans House. Encore une fois, les deux séries ne sont pas comparables, tout comme il serait idiot de dire que James Nesbitt est le plus grand comédien au monde. Mais son charisme et sa qualité d'interprétation fait qu'il s'en rapproche clairement.
Un pilote correct doté d'un vrai potentiel
Série centrée essentiellement sur les patients, Monroe trouve le ton juste, entre humour et réalisme, entre drame et légèreté sans pour autant éviter de nombreuses petites fautes typiques d'un pilote. Pas totalement maîtrisée, la série pâtît en partie de sa comparaison avec les autres séries médicales plus divertissantes en osant aborder en profondeur les problèmes liés à l'hospitalisation.
Portée par un James Nesbitt impeccable, la série marque des points dès qu'elle prend le temps de donner au patient plus d'épaisseur, faisant ici preuve de plus de subtilité que la concurrence. Ce rapport fort qu'il crée avec Monroe est clairement la plus grande réussite de l'épisode, donnant à l'ensemble un ton tragi-comique vraiment intéressant.
J'aime :
- James Nesbitt, formidable
- la relation docteur patient bien décrite
- un humour plutôt agréable
Je n'aime pas :
- une composition simplement horrible
- une réalisation pas assez maitrisée
- une promotion idiote, la série n'ayant que peu de rapports avec House
Note : 11 / 20
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