Réveil douloureux
Après avoir travaillé pendant des mois sur la cible qui lui avait été présentée, l'agent spécial Dinozzo se réveille à l'hôpital, partiellement amnésique, victime d'un coup de feu et d'un choc à la tête. Dans ses affaires, Gibbs retrouve un badge du NCIS ensanglanté qui n'est pas le sien et commence alors son enquête pour retrouver l'identité de la victime et savoir ainsi l'identité de la taupe en attendant que Tony recouvre la mémoire.
Résumé de la critique
Un épisode convenable que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue principale efficace sur fond de trahison et de politique au sein du NCIS
- un mélange entre trois lignes temporelles intéressant, mais qui ne fonctionne pas totalement
- une réorganisation de la mythologie express
- un épisode comme une parenthèse qui se ferme sur une mauvaise idée
Toni travaille en solo
La saison précédente s'était achevée assez maladroitement, trouvant son point culminant avec le lancement de l'enquête de Dinozzo sur la taupe au sein du NCIS. L'ellipse était alors obligatoire, permettant en même temps de mettre fin au temps de probation de Zyva pour qu'elle retrouve son badge. Le but est évidemment de créer le doute concernant celui retrouvé sur lui couvert de sang, nous poussant à chercher quel membre du NCIS a été sa victime. Pour gagner un peu de temps, Tony a reçu un choc à la tête qui l'empêche de se souvenir de quoi que ce soit, entraînant l'arrivée à son chevet du docteur Cranston qui va commencer à discuter avec lui.
Construit uniquement autour de Dinozzo et Gibbs, l'histoire va mettre en évidence les rapports complexes entre les hommes politiques et l'armée pour mieux apporter la révélation concernant ces micro-puces implantées dans le bras. Seul dans son enquête sur la taupe, Tony va vite remettre la main sur l'agent Barrett, ce qui va permettre de révéler la vraie nature de la menace. Plus qu'une histoire de taupe, cette intrigue essaye de mettre en place un nouveau danger à dimension mondiale pour le NCIS.
Il est intéressant de voir que si Dinozzo s'amuse à repousser les demandes pressantes de ses camarades de jeu sur l'identité de la taupe, jamais Gibbs ne le lui demande avant son arrivée à l'hôpital, respectant sa situation par le silence. Obligé de se taire et de cacher aux autres ce qu'il sait, Tony est pris dans une histoire qui va contre sa personnalité expansive.
Trois fils de narration qui ne font pas une pelote
Pour raconter cette enquête en un seul épisode, les auteurs du NCIS vont construire leur histoire selon trois axes :
- la chambre d'hôpital, qui va consister en un face à face entre Tony et le Docteur Cranston, servant à montrer l'état de trouble de l'agent spécial placé ici en position de faiblesse. Evidemment marqué par cette enquête en solitaire, Dinozzo paraît vieilli et fatigué, particulièrement inquiet à cause de son amnésie et de sa culpabilité. Servant à amener les flash-backs et à donner le tempo de l'intrigue, cette partie de l'épisode reste convenue, mais efficace grâce à la bonne performance de Michael Weatherly.
- les flash-backs de Tony concernant l'enquête, qui ont la dure tâche de détricoter en quelques minutes une histoire pas totalement convaincante, comme si les auteurs avaient prévu de conserver cette histoire de taupe toute une saison avant de l'abandonner en cours de route à cause de son manque de crédibilité. Tout va très vite, les retours en arrière permettant de ne s'attarder que sur quelques points intéressants en esquivant toute nécessité de donner une logique aux enchaînements.
- l'enquête au NCIS sur l'identité de la victime de Dinozzo plutôt décevante, se limitant à la parole de Gibbs et à de rares apparitions du reste de l'équipe. Mc Gee, Mallard et Abby se retrouvent relégués au rang de participants, tandis que Zyva récupère quelques scènes courtes en duo avec Tony. Malheureusement, cette absence se justifiera par le besoin des scénaristes de jouer la montre concernant le nom de la victime de Tony.
Durant tout l'épisode, les auteurs tentent de faire monter la pression, d'imbriquer ces trois éléments ensemble sans vraiment y parvenir, l'histoire trouvant sa conclusion de manière particulièrement brutale. L'objectif était clairement de tourner la page sur une mauvaise idée pour pouvoir relancer le NCIS sur un terrain plus stable et moins glissant.
Une ellipse qui ressemble à un aveu d'impuissance
Si NCIS avait l'habitude d'impressionner par sa maîtrise du récit et de son rythme, la fin de saison dernière avait montré les premières failles dans les intrigues, poussant les auteurs à chercher une "taupe" qui ressemblait plutôt à une remise en cause de la dynamique du show. Placer Tony en isolement se révèle bien moins payant que prévu, le privant de son caractère habituellement fantasque et changeant du coup en profondeur la dynamique entre les personnages. Le seul problème, c'est qu'il apparaît assez vite que Tony est la pierre angulaire entre les différents membres du NCIS, le point de convergence d'une série qui en a donc absolument besoin.
L'ellipse qui marque le début de cet épisode ressemble donc à un cadeau des auteurs pour nous éviter une première partie de saison qui aurait lentement viré au poussif, la faute à une histoire de taupe qui aurait occupé trop de place. Si les secrets peuvent être une bonne chose à courte durée, construire toute une saison dessus est apparu comme une erreur poussant les auteurs à proposer immédiatement les révélations. La mission s'achève déjà pour Dinozzo et le NCIS peut se remettre au travail comme avant, sortant enfin d'une période douloureuse qui avait commencé la saison dernière.
Un épisode qui risque de diviser
Bien sûr, je ne vais pas spolier la fin de l'épisode qui réserve quelques surprises, mais nul doute qu'il risque d'y avoir de nombreux déçus devant la tournure des évènements. En optant pour la solution la moins ambitieuse, les auteurs du NCIS ont fait preuve de bon sens, jouant la sécurité devant une situation créative qui risquait de leur échapper. Alors que les franchises nouvelles ne cessent de progresser, le mastodonte de CBS s'en tient à ne prendre aucun risque pour pouvoir réinstaller la routine d'un show pas encore en crise.
En conclusion, un épisode qui remet tout à plat, évacuant l'idée trop peu porteuse de la taupe en optant pour une grande ellipse sur la mission de Dinozzo. Eprouvé par l'opération, l'agent spécial a visiblement souffert de son isolement, marquant clairement par son jeu décalé la période difficile qu'il a du vivre. Un season premiere qui prend la sortie de secours par crainte d'une catastrophe, permettant au show de retrouver sa dynamique habituelle en proposant une nouvelle menace plus classique et identifiée.
J'aime :
- le jeu décalé de Michael Weatherly
- l'ambiance particulière surtout dans les scènes entre Gibbs et Dinozzo
- Mark Harmon qui, par son charisme, donne de la crédibilité à l'intrigue
Je n'aime pas :
- pas aussi ambitieux que prévu
- les autres membres du NCIS sous-exploités
- une conclusion qui ressemble à une sortie de secours
Note : 12 / 20
Moins ambitieux que prévu, un retour du NCIS en demi-teinte, prouvant que les scénaristes ne se sont pas encore remis du petit fiasco de la fin de saison dernière. L'intrigue autour de la taupe étant quasiment close, la série va pouvoir revenir sur ses bases la semaine prochaine en renouant avec un format plus classique.