Huit clos et intrigue politique
Un garde-côte est abattu lors de l'inspection d'un bateau vide appareillant en direction des côtes américaines et contenant essentiellement des produits cosmétiques. Les enquêteurs du NCIS vont découvrir à l'intérieur une famille de quatre réfugiés libanais qui disent ne rien savoir et accusent l'équipage qui s'est enfui du crime. Seulement, les enquêteurs vont vite découvrir que l'un d'entre eux est bien le responsable de ce meurtre et leur ment.
Résumé de la critique
Un épisode correct mais prévisible que l'on peut détailler ainsi :
- un huit clos avec quatre prisonniers mal construit
- un divertissement qui repose beaucoup sur l'agent Borin
- une approche du terrorisme pas réellement crédible
- Gibbs dans le rôle du père
Quatre réfugiés sur un bateau et un meurtrier parmi eux
L'idée de départ est élégante, reprenant le principe du huit-clos qui fournit souvent de bon épisode tout en accordant une place importante à l'agent David, partageant avec eux l'expérience de l'immigration. Le scénario joue alors sur deux tableaux : d'un côté un récit humaniste sur fond d'immigration exploré par le biais de l'agent David, de l'autre une enquête criminelle menée par Gibbs, mais qui se heurte rapidement à une impossibilité de se développer autrement qu'en supposant qu'un des membres de la famille est le meurtrier.
L'épisode devient alors un simple "who dunnit ?" avec comme principal problème un manque d'épaisseur dans le développement des quatre suspects assez flagrant. Trop prévisible, la révélation finale sonne particulièrement creux, cette intrigue ne parvenant jamais à faire preuve d'une réelle crédibilité en n'éclaircissant pas les causes du meurtre. Délaissant son côté humaniste au profit d'une intrigue policière qui se limite à faire la chasse aux faux suspects, l'épisode parvient à masquer avec élégance les nombreux trous d'un scénario peu inspiré.
Au final, un épisode moyen, tant du point de vue humain que narratif, incapable de lier les deux dimensions qui composent son intrigue, à l'exception d'une scène finale intéressante, mais mal introduite et trop clichée.
Une partie comique classique mais amusante
Pour compléter cette intrigue assez moyenne, l'épisode va pouvoir compter sur son aspect comédie plutôt développé avec le trio Dinozzo, Mc Gee et Borin qui cherche une potentiel petit-ami à Gibbs. L'ensemble n'a rien de révolutionnaire, mais ne manque pas de charme, apportant une justification au sein de l'intrigue à la présence de Diane Neal entrevue la saison dernière. En traitant la recherche d'une possible fiancé de la même manière qu'un meurtre habituel, les auteurs de NCIS provoquent quelques sourires, mais joue aussi en défaveur de l'intrigue du jour qui perd de son intensité.
L'autre source de divertissement réside dans la bonne prestation de Cote de Pablo qui profite d'un éclairage plus important que d'habitude. L'excellente actrice Iranienne Shohreh Aghdashloo qui lui donne la réplique est aussi pour beaucoup dans l'intérêt que l'on porte à cette histoire, ses interrogatoires étant de loin les meilleurs moments de l'épisode. Malheureusement, dès que le soupçon de terrorisme apparaît, le reste des personnages sombrent dans le cliché, les scénaristes de NCIS se réfugiant alors dans une forme de récit classique et particulièrement prévisible.
Les conséquences du terrorisme
En commençant par une histoire de simple réfugié, NCIS semble vouloir se pencher sur ces individus qui risquent tout pour fuir un pays devenu dangereux afin de rejoindre l'Amérique. Le ton est alors assez humaniste, avec une famille qui apparait avant tout comme des victimes de passeurs mafieux et de politiciens qui cherchent à éviter la prolifération de réfugiés. Le procédé est classique, mais permet de montrer le niveau de liberté de Gibbs par rapport à sa hiérarchie, avant que le mot terrorisme vienne pervertir ce point de départ intéressant.
Une fois partie dans cette direction, la série retrouve son identité républicaine profonde où la lutte contre le terrorisme servant à justifier les méthodes les moins subtiles. La série devient alors assez ringarde, l'atmosphère de peur de l'après 11 septembre ayant fini par se dissiper pour être remplacée par les images positives d'un printemps Arabe qui a changé notre vision occidentale du Moyen-Orient (naïf ou pas, seul l'histoire le dira). Difficile de croire à cette histoire d'attentat plutôt invraisemblable et totalement tirée par les cheveux, à l'heure où Homeland traduit beaucoup mieux le rapport moderne entre l'Amérique et le terrorisme international.
Un épisode qui a une dizaine d'années de retard et passe d'un point de vue moderne et conciliant à une vision beaucoup trop manichéenne et naïve. Plus vraiment en phase avec son époque, NCIS hésite entre la crédibilité et la sécurité, avant de se réfugier dans une histoire totalement invraisemblable et hyper prévisible. Dommage.
Gibbs dans le rôle du père
Si le procédé n'est pas nouveau, l'association répété du chef du NCIS avec l'image du père est vraiment forte cette saison, le final venant s'inscrire dans le prolongement du début de saison. Le personnage de Mark Harmon, impeccable durant tout l'épisode, donne l'impression d'être arrivé au point où plus aucune évolution est possible. La sensation d'un passage de témoin à venir est assez forte, même si aucun personnage ne semble encore prêt à prendre l'ascendant sur lui et à dépasser le cadre de son rôle actuel.
En conclusion, un épisode qui part sur une intrigue familiale intéressante grâce à l'interprétation forte et inspirée de Shohreh Aghdashloo, mais s'égare dans une histoire de terrorisme peu inspirée. Il reste quelques scènes comiques et la présence de l'Agent Borin pour offrir quelques scènes comiques pour éviter que l'intrigue sombre dans le pathétique. Très faible pour du NCIS, un épisode qui joue la sécurité et se révèle assez décevant au final malgré la relation entre la mère et l'agent David.
J'aime :
- Shohreh Aghdashloo vraiment touchante dans son duo avec Ziva
- l'agent Borin qui apporte un peu de dynamisme à l'épisode
- le pitch de départ humaniste et intéressant
Je n'aime pas :
- l'intrigue sur fond de terrorisme
- l'agent Bonin sous-employé
- le manque de profondeur de la famille Bawali
- une conclusion trop prévisible et naïve, mais touchante
Note : 11 / 20
Un divertissement correct pour le NCIS qui gâchent une bonne idée de départ en faisant basculer le récit vers une histoire de terrorisme peu ambitieuse et très prévisible. Reste quelques scènes comiques réussies, mais un peu trop envahissante dans un épisode qui fait clairement, par instant, du remplissage.