« At least, he's alive »
Deux cadavres ont été retrouvés au bord de l'USS Gentry, un navire de la marine américaine totalement vide, à l'exception de quelques gardes placés à bord et du capitaine. Les soupçons se portent alors sur Michael Rose, Gibbs suspectant une histoire de trahison en lien avec des diplomates Chinois. Mais avant tout, l'histoire commence par un coup de feu sur Jethro, un tir à bout portant qui va l'obliger à faire un choix et le confronter à ses propres démons surgit du passé.
Résumé de la critique
Un épisode intéressant que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue principale sur Gibbs très émouvante
- une utilisation du "What If" singulière
- une enquête du jour qui peine à exister
- une référence au final de Code Quantum
Le principe d'incertitude
Pour fêter l'épisode 200, NCIS propose une intrigue à rebours qui va se centrer sur Gibbs, plaçant l'histoire policière au second plan. C'est le choix de Jethro qui va être au centre de ce récit, ou plutôt les nombreuses décisions qui ont jalonné son existence, au travers d'un coup de feu et du choix de la riposte. Le rapport de Gibbs à la violence, la question du bien et du mal, les regrets liés au passé vont être au centre de la question centrale de cet épisode, celui des conséquences d'un coup de feu et da la difficulté de prendre la bonne décision.
Une fois le coup de feu tiré, Gibbs se retrouve sur ces mêmes lieux, mais les locataires sont désormais tous les personnages marquants du show, des personnages récurrents à de vieilles connaissances comme Franks, Matheson ou Shannon. L'occasion pour Jethro de se remémorer sa propre histoire au travers de diverses retrouvailles touchantes avec son père, sa mère, sa femme et même sa fille. Chacune des rencontres offrent un moment d'émotion élégant, permettant de mieux cerner le fonctionnement du héros du NCIS et la façon dont ses choix sont avant tout l'émanation de ses convictions.
De ce point de vue, l'épisode est assez irréprochable, tirant sur la corde sensible sans trop abuser, surtout que Jethro reste très charismatique et suffisamment attachant pour captiver le spectateur. Certaines retrouvailles prennent un accent intéressant, car elles permettent au héros de se poser la question du bien et du mal en envisageant la perspective d'un monde différent. L'occasion pour les auteurs de proposer des "What if" amusants et de réintroduire des personnages oubliés comme Kate, donnant par moment à cet épisode un côté "fan service" regrettable.
Le besoin d'agir pour le bien
Partie singulière de cet épisode, les "What if" vont être de deux natures bien différentes, oscillant entre le simple clin d'oeil et la question plus profonde de la difficulté de définir ce qui est juste. La première partie va s'avérer assez anecdotique avec l'exploration de la possibilité de la survie de Kate, offrant lieu à quelques séquences que je me garderais bien de spoiler. La référence est sympathique, mais ne parvient pas à s'intégrer à l'intrigue principale concernant le coup de feu, les scénaristes s'amusant surtout à matérialiser certains des fantasmes des spectateurs.
La scène entre Tony et Ziva n'apporte rien, hormis un sourire qui qualifie parfaitement cet épisode qui s'efforce de couvrir au mieux les neuf saisons de NCIS. L'autre "What if", bien plus intéressant, va porter sur l'exécution de Pedro Hernandez, offrant l'occasion d'évoquer la culpabilité de Gibbs et l'importance pour un héros d'assumer ses choix. Durant quelques secondes, NCIS laisse entrevoir un visage sombre de Jethro en offrant une scène avec Abby donnant encore un peu de relief à la force de leur relation, sûrement la meilleure de l'épisode.
Entre le clin d'oeil et la réflexion sur la difficulté de prendre la bonne décision, NCIS propose une intrigue plaisante qui veut beaucoup faire, s'égare un peu par moment, mais offre plusieurs scènes touchantes qui va rattraper la minceur de l'intrigue principale. Car, malgré l'anniversaire du show, ce voyage intérieur sert une enquête du jour qui va beaucoup peiner à exister, ne servant qu'à donner un point de départ à ce séjour dans l'intimité de Gibbs.
Tout ne peut pas être parfait
Certes, le fait que ce soit une date anniversaire pour une série comme NCIS donnerait envie de chanter les louanges de cet épisode, surtout que la réalisation est plutôt bonne et que Mark Harmon est très convaincant. Le plaisir de retrouver Muse Watson et d'autres personnages est indéniable, offrant l'occasion d'une grande réunion de famille qui va totalement déborder sur l'intrigue principale. En effet, difficile de comprendre les raisons de ce coup de feu, les enjeux de cette histoire étant balayés en quelques scènes plutôt squelettiques.
L'histoire est en effet confuse, avec des ventes d'informations secrètes aux Chinois, des trahisons qui ne peuvent lutter avec un voyage dans l'esprit de Gibbs beaucoup plus intéressant. Mal équilibré, l'épisode cherche à s'appuyer sur la routine de la série, mais ne parvient pas à trouver son rythme, offrant une histoire finalement assez difficile à cerner, surtout que le meurtre ne nous est décrit que de manière particulièrement vague. De même, l'autopsie de Mallard ne sera que peu exploitée et de nombreux éléments sont clairement écartés par des scénaristes visiblement peu enthousiastes à l'idée de s'encombrer avec des explications supplémentaires.
Le final est le plus sujet à caution, le choix de Gibbs n'étant pas suffisamment mis en valeur et la conclusion donnant un goût d'inachevé, comme une parenthèse qui n'aura servi qu'à célébrer un anniversaire et se referme brutalement sur rien de significatif. Un épisode mythologique qui aurait pu être bien plus, mais fournit une intrigue plaisante et singulière, rappelant par certains aspects un autre épisode signé, lui aussi, Donald Bellissario.
Le héros et l'idée du sacrifice
Un restaurant, une lumière aveuglante, un héros face à ses propres choix, voilà qui rappelle clairement le final de Code Quantum, dont le créateur est aussi celui de NCIS. Un clin d'oeil amusant qui rappelle la fascination de D. Bellissario pour les héros et leur capacité à se sacrifier pour une cause qu'il croit juste et à vivre avec le poids de leurs erreurs. Même si l'intensité et l'enjeu de la conclusion n'est pas la même, l'idée qu'on devient un héros par choix, en assumant ses propres convictions, est un principe fort du travail de cet auteur prolifique.
En conclusion, un épisode plaisant qui s'aventure dans l'esprit de Gibbs le temps d'un coup de feu et d'une décision délicate, différenciant le reflexe d'un homme normal et la présence d'esprit du héros qui a le souci de faire le bon choix. Entre retrouvailles émouvantes et scènes "What if" plus ou moins inspirées, la série propose un épisode touchant et divertissant, malgré une enquête du jour trop squelettique. Et puis flûte, c'est la 200ième du NCIS et tout ce qu'on a envie de dire, c'est un bon anniversaire pour tous ses interprètes et toute l'équipe créative. En attendant la 300ième.
J'aime :
- les retrouvailles émouvantes de Gibbs avec certains personnages
- le "what if" concernant Pedro Hernandez
- le plaisir de revoir presque tous les personnages
Je n'aime pas :
- l'enquête du jour mal exploitée
- la conclusion anecdotique
Note : 13 / 20
Pour son anniversaire, NCIS s'offre un épisode spécial tournant autour de Gibbs qui doit faire un choix délicat dans un instant tragique. Une intrigue plaisante et amusante qui alterne scène émouvante et fan service, offrant un bon divertissement qui oublie malheureusement de donner un vrai développement à l'enquête du jour.