You're a fraud and you know it
Terrence King a disparu et l'équipe des Hawks choisit de se passer de lui pour l'instant, le staff vivant dans la frénésie des séances de Scouting, préparant ainsi la draft à venir des futurs jeunes joueurs de la ligue. Seulement, Marshall Pittmann vient créer le désordre en liquidant ses premiers choix contre une somme rondelette, obligeant les entraineurs à miser sur des joueurs de troisième tour. Matt est alors intrigué par Damon Razor, un jeune receveur discret et assez introverti aux performances étrangement moyennes.
Résumé de la critique
Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- un récit qui retrouve une forme plus feuilletonnante
- l'identité comme un chantier en construction
- l'intrigue de TK plutôt réussie
- un show sur la voie de la rédemption
Une intrigue moins formatée
Après un second épisode décevant, Necessary Roughness semblait avoir perdu le fil de ce qui avait donné tout son charme à la fin de saison dernière, à savoir une intrigue feuilletonnante tournant autour de la destinée des Hawks. L'arrivée de Marshall Pittman s'est avéré pour l'instant un pétard mouillé, l'excentricité du personnage créant une rupture un peu trop grande avec l'univers très discipliné d'une équipe de football américain. Heureusement, cet épisode marque un retour du show à ce qui faisait sa force, à savoir une forme moins stéréotypée qui exploite efficacement chacun des différents personnages.
Ainsi, la séance de psychothérapie de la semaine entre Dani et le jeune Wide Receiver s'avère plutôt intéressante, car très ancrée dans la réalité d'un sport très concurrentiel et l'univers particulier des Scouts, ces camps servant à recruter les jeunes joueurs en devenir. Interprété par un Gaïus Charles convaincant, le jeune Razor se révèle intrigant, permettant au scénario de se centrer totalement sur l'univers autour de l'équipe de Pittman. L'intégration des personnages comme Nico et Marshall paraît beaucoup plus naturel, évitant le sentiment de va-et-vient qui avait déséquilibré l'épisode précédent.
Moins hachée, la série retrouve un style plus dynamique et moins prévisible, tout en laissant apparaître la volonté de Pittman de tester la fidélité de chacun des membres du staff technique de son équipe. En agissant de manière incohérente et impulsive, il cherche à faire partir ceux qui doutent des capacités des Hawks, créant un sentiment d'incertitude pour multiplier leur motivation. Un jeu dangereux pour un homme toujours au bord de la rupture, posant la question de confiance pour mieux souligner l'importance qu'il accorde à la loyauté.
La quête du soi
Pour Marshall Pittman, le but est clairement de réaffirmer son autorité et son emprise sur l'équipe en montrant la priorité de ses caprices sur les choix d'un staff technique réduit à l'impuissance. L'équipe devient son divertissement personnel, le propriétaire essayant d'imprimer sa marque sur un univers trop figé à ses yeux, les membres du staff ne se battant pas assez pour conserver leur place. Si la gestion de l'an passé misait sur la sérénité pour construire cette équipe, l'arrivée du nouveau patron entraîne un changement de management, celui-ci misant sur un climat d'incertitude où la performance devient une nécessité, seul moyen de conserver un emploi devenu brutalement incertain.
Affirmer son identité, voilà ce que Marshall Pittman veut, à la différence de Razor qui se montre un peu trop timide pour l'univers très concurrentiel du football professionnel. Pourtant, Matt choisit de miser sur lui, un pari risqué sur lequel il joue sa place, obligeant Dani à lui venir en aide pour découvrir les raisons du comportement étrange de ce jeune joueur qui saborde volontairement sa carrière. Une storyline assez anecdotique sur le papier, mais qui permet d'introduire un personnage intéressant pour la suite de la saison, donnant à Terrence King la concurrence dont il avait besoin pour surmonter ses propres angoisses.
En choisissant l'identité comme thème directeur, les scénaristes nous offrent un épisode cohérent, bien supérieur au style poussif et anarchique du précédent. Surtout que ce problème identitaire frappe directement TK, comprenant petit à petit que ce coup de feu a tué celui qu'il était, l'obligeant à reconstruire la totalité de son existence. Une intrigue plus subtile qu'il n'y paraît, l'histoire d'un homme qui se cache pour ne pas avoir à faire face à sa peur de la souffrance et du souvenir du jour où la mort s'est penchée sur son épaule.
Se retrouver soi-même
Personnage superficiel au premier abord et grande gueule aussi attachante qu'agaçante, Terrence King avait su, au fur et à mesure de la première saison, gagner en épaisseur grâce à la performance sensible de Mehcad Brooks. Si les premiers épisode ont laissé craindre un retour à la case départ, cet épisode confirme la volonté des scénaristes de creuser leur personnage vedette et ses motivations. En l'amenant sur le terrain de son enfance, Necessary Roughness marque une pause salutaire dans sa thérapie, prenant le temps de mettre en évidence l'importance que le joueur vedette des Hawks accorde à sa popularité.
Son duo avec Hekia Cox fonctionne bien, TK cherchant au travers d'elle à retrouver le souvenir de ce qu'il fut avant de plonger dans le milieu du football professionnel. C'est de ce souvenir perdu qu'il parle en évoquant la différence entre la vraie vie et l'univers protégé de son quotidien en tant que wide receiver vedette, un monde tout le monde semble lui porter une affection sincère et inconditionnelle. Seulement, en dehors des murs du stade, la jalousie pousse même ses amis d'enfance à juger son succès indigne, injuste et à devenir les martyrs de sa propre réussite.
L'occasion pour lui de reprendre contact avec une réalité, celle d'une absence d'avenir qui l'avait poussé à prendre le chemin du camp d'entrainement pour s'arracher à une destinée dont il ne voulait pas. Mais surtout il comprend alors qu'il aura toujours des ennemis et combien il est impossible de vivre son existence à l'écart de toute forme de violence, le moindre succès se faisant toujours au détriment de quelqu'un. Le moment pour TK de comprendre qu'il est son propre ennemi, fuyant une douleur à la jambe qu'il ne parvient pas à surmonter, incarnation d'un souvenir dont il ne parvient pas à se défaire.
Retour en grâce
Pour savoir si un épisode de Necessary Roughness est réussi ou pas, il existe un indicateur très efficace et infaillible, à savoir la storyline concernant les enfants de Dani. Si l'intrigue vire au psychodrame, alors le scénariste essaie de combler une intrigue trop creuse, Jay-Jay servant d'excuse pour offrir des séquences insupportables de remplissage. Par contre, si les auteurs ne les emploient que dans de courtes séquences à des fins comiques, alors l'épisode se révèle vite assez plaisant, cherchant à ne pas perdre le rythme dynamique d'une intrigue riche en contenue.
En conclusion, Necessary Roughness retrouve l'inspiration après un début de saison poussif grâce à un scénario cohérent et des interprètes particulièrement convaincants. Avec le thème de la quête d'identité, les auteurs parviennent à lier intelligemment le destin de Damon Razor, de Terrence King et de Marshall Pittman, offrant un ensemble cohérent et particulièrement réussi. Une bonne surprise, en espérant que cet épisode marque enfin le vrai démarrage de cette seconde saison tout comme d'une année de tous les dangers pour les Hawks.
J'aime :
- la storyline intéressante de TK
- le style plus feuilletonnant
- un thème de l'identité bien exploité
Je n'aime pas :
- l'intrigue autour d'Olivia trop prévisible
- le montage parfois anarchique
- un manque d'enjeu regrettable
Note : 12 / 20
Après un épisode décevant et un début de saison poussif, Necessary Roughness retrouve ce qui faisait son charme la saison dernière, avec une intrigue plus dynamique et des acteurs convaincants. La storyline de TK autour de l'identité se révèle par ailleurs assez réussie, explorant une face encore inconnue du personnage, donnant des pistes intéressantes pour la suite de la saison.