Critique : Pan Am 1.01

Le 27 septembre 2011 à 10:21  |  ~ 7 minutes de lecture
Une série superbe qui émeut, enchante et nous délivre le meilleur pilot de cette année 2011.
Par sephja

Critique : Pan Am 1.01

~ 7 minutes de lecture
Une série superbe qui émeut, enchante et nous délivre le meilleur pilot de cette année 2011.
Par sephja

Coup de coeur en haute altitude

En 1963, Maggie, Kate, Laura et Collette ne sont pas des femmes comme les autres : elles sont hôtesses de l'air pour la PanAm. Leur compagnie se prépare à participer au vol inaugural d'un tout nouvel avion à destination de Londres. Seulement, derrière leur charmant sourire se cachent des drames et des histoires, celles de ces femmes qui incarnent un certain idéal féminin. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode enthousiasmant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une histoire de femmes entre passion et aventure 
  •  des actrices remarquables pour une série superbement élégante 
  •  un style et un univers à l'esthétique très réussie 
  •  une série qui prend ses distances avec Mad Men

 

 

Les femmes et une certaine idée de l'aventure 

Fans de Mad Men, de scotch et de cigare, passez votre chemin, car Pan Am est une série centrée sur des femmes de caractère, toutes hôtesses dans la célèbre compagnie américaine et en passe d'inaugurer un nouvel avion en route pour l'Europe. C'est le rêve de ces jeunes Américaines, comme une promesse d'exotisme, l'espoir de découvrir d'autres continents et des villes comme Rome, Londres ou Paris. Plus que de simples femmes, elles sont des hôtesses de la Pan Am, des symboles d'une Amérique glorieuse alors à son apogée.

De la déroute de la baie des Cochons à l'Italie, de New-York à Londres, l'épisode nous fait voyager au gré de flash-backs captivants, construisant le portrait de nos quatre héroïnes, des femmes refusant la routine et l'enfermement. L'exotisme, le monde, voilà ce qui motive ces femmes qui profitent de leur jeunesse, devenant l'incarnation d'un mythe et d'une nouvelle idée de la féminité. Refusant la politique et la célébrité, les femmes de Pan Am cherchent l'aventure, l'amour et s'enflamment pour le plaisir d'une surprise, se laissant griser par une vie faite d'imprévus. 

Délaissant en partie les personnages masculins, Pan Am est un show superbe, porté par des séquences mélodramatiques fortes et une conception de l'existence parfaite terriblement romanesque. Ecrasant la concurrence en qualité, Pan Am est la surprise du chef de cette année, une série palpitante qui parvient à créer une ambiance unique et à imposer une identité forte.

 

 

Des comédiennes extraordinaires 

Pour composer cette équipe d'hôtesses, les auteurs de Pan Am ont misé sur un casting audacieux, chaque actrice imposant un caractère particulièrement fort, fruit d'un passé tumultueux. La plus expérimentée du groupe est Maggie, jouée par Christina Ricci : c'est une femme libre et enthousiaste qui aime sa liberté plus que tout et se retrouve rappelée d'urgence pour suppléer Bridget. Introuvable, la fiancée de Dean est un des mystères de cet épisode, construisant les prémisses d'une intrigue fil rouge prometteuse. 

Kate, jouée par Kalli Garner, possède un goût certain pour le romanesque et un besoin d'aventure, associant à son métier un travail d'espionne pour le MI-6. Sa mission est ici de récupérer les papiers d'un de ses passagers, un homme d'affaire russe, et de les échanger contre des faux afin qu'il se fasse bloquer à la douane anglaise. Ce point de l'intrigue apporte une touche romanesque indéniable à cette histoire, la scène des turbulences étant sans nul doute l'une des meilleures de l'épisode. 

Sa soeur Laura, jouée par Margot Robbie, avait tout de l'épouse idéale, avant qu'elle ne se décide à s'enfuir le jour de son mariage, terrifiée par la promesse d'une vie trop ennuyeuse à ses yeux. Rejoignant la Pan Am, elle découvre un monde dont elle ignore tout, une Europe qu'elle pensait ne jamais voir de ses propres yeux. Accueillie par Colette, elle découvre la réalité sur son métier, entre un dress-code rigoureux et une pesée quotidienne obligatoire. Plus que de simples hôtesses, elles sont l'image de marque de la compagnie, Laura se retrouvant en plus malencontreusement propulsée en première page de Life. 

Colette est la dernière du groupe, jouée par l'actrice québécoise Karine Vanasse. Elle va retrouver par hasard sur le vol son amant et découvrir sa famille dont elle ignorait l'existence. Loin de faire dans le psychodrame inutile, cette storyline montre l'opposition entre la vie de ces hôtesses et celle d'une mère de famille. Inaccessibles au premier abord, ces femmes incarnent un certain fantasme, mais possèdent de profondes blessures en leur for intérieur qui font d'elles de vraies héroïnes de mélodrame.

 

*

 

Un show qui a une vraie identité et une classe indéniable

Entre réalisme et mélodrame, Pan Am raconte l'histoire de quatre femmes en quête d'aventure, renouant avec ce souffle d'héroïnes mélodramatiques des films de Douglas Sirk de la même époque. C'est une série extraordinaire du point de vue de la narration et de sa capacité à passer d'une héroïne à l'autre sans la moindre difficulté, tout en gardant un rythme régulier et un charme incroyable. Entre rire et tristesse, la série parvient à nous charmer par son son style étonnant et ses qualités visuelles indéniables, fruits du travail de Thomas Schlamme, le réalisateur expérimenté de The West Wing

Pourtant, loin de chercher à ressembler à Mad Men, les créateurs de Pan Am misent sur un style tout en élégance, quitte à admettre quelques anachronismes pour faire avancer l'intrigue. Suite de cadrages très soignés par une photographie superbe, le show impose une identité forte où l'apparence se doit d'être irréprochable afin de conserver un emploi réservé à une élite de jeunes femmes ambitieuses. Loin de l'élégance immobiliste à la Mad Men, Pan Am est une série sur le mouvement, la caméra ne cessant de se déplacer dans toutes les directions pour suivre ses héroïnes.

 

Pan Am, la réussite des nouveautés de 2011 ?

Si les premiers extraits laissaient craindre un show artificiel où la reconstitution aurait pris le pas sur l'action, Pan Am s'impose rapidement grâce à ses qualités visuelles et le charme de ses quatre actrices vedettes. Entre mélodrame et reconstitution, les scénaristes prouvent l'ampleur des possibilités de leur concept de départ ambitieux et très enthousiasmant. Série sur quatre femmes en quête d'aventure et de liberté, le show se montre plus que convaincant, faisant naître une vraie impatience et un début de dépendance. 

En conclusion, romanesque, dramatique et élégante, cette série a tout pour elle et surtout un quatuor de comédiennes irrésistibles. De loin le pilote le plus réussi de cette année, Pan Am et son quatuor d'hôtesses fait chavirer les coeurs et tourner les têtes, les scénaristes dressant avec une passion très communicative le portrait de ces jeunes femmes. Un voyage mélodramatique, poignant, musicalement superbe, qui marque les premiers pas d'une série qui apparaît comme l'un des évènements de cette rentrée.

 

J'aime :

  •  les comédiennes sont formidables  
  •  la direction artistique superbe 
  •  les dialogues et le scénario remarquables
  •  le ton légèrement mélodramatique très addictif 
  •  un rythme soutenu sans aucun temps mort pour un récit dépaysant 

 

Je n'aime pas : 

  •  rien, un épisode impeccable 

 

Note : 16 / 20 

Difficile de ne pas être enthousiaste devant un épisode pilot aussi réussi, Pan Am possédant une richesse de casting indéniable. Superbe plastiquement, passionnante à suivre, la série prend ses distances avec Mad Men, ne partageant avec elle que l'époque de la fin des années soixante. Passionnant de bout en bout, l'une des nouveautés de l'année à mes yeux. Sans la moindre hésitation.

L'auteur

Commentaires

Avatar sephja
sephja
une audience + 3,1 % sur la cible et + 10 millions spectateurs... ça démarre bien et c'est mérité

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CAD
Tu m'as intrigué sephja.

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Koss
Oui, moi aussi. Et pourtant, je n'aurais rien misé dessus.

Avatar sephja
sephja
d'ou mon excès d'enthousiasme en effet. Mais je l'assume.

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Natas
Je viens de le voir, et j'ai beaucoup aimé ! surtout que normalement je n'aime pas trop les fictions sur une autre époque.. A voir la suite !

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Serivore
Question bête: pourquoi la série est référencée "série fantastique" ?

Image Pan Am
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