Critique : Pan Am 1.14

Le 29 février 2012 à 17:14  |  ~ 9 minutes de lecture
Un ultime épisode plaisant et dynamique pour un atterrissage sans encombre.
Par sephja

Critique : Pan Am 1.14

~ 9 minutes de lecture
Un ultime épisode plaisant et dynamique pour un atterrissage sans encombre.
Par sephja

Season Final Pan Am 

L'année 1963 s'achève et le mariage de Ted et Amanda se précise, poussant celui-ci à questionner la nature de ses sentiments envers Laura. Mais cette fin d'année est plus grave pour Dean qui reçoit une mise à pied, une commission d'enquête voulant étudier son comportement lors de l'escale d'urgence à Haïti. Pendant ce temps, Kate reçoit la visite de Richard qui s'est fait tirer dessus, une taupe au sein de la CIA essayant de récupérer un microfilm qu'il a en sa possession.

 

Résumé de la critique 

Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi :

  •  le choix d'un certain optimisme pour Kate 
  •  un scénario à l'image de ses héroïnes 
  •  un goût indéniable pour le mélodrame 
  •  un bilan de cette saison 

 

 

Le choix de mettre en avant les personnages 

Pour son dernier voyage, Pan Am fait escale à New-York avec comme décor la nouvelle année et comme mission refermer les nombreux arcs en cours. Un final particulièrement plaisant qui va s'efforcer de rendre hommage à ses héroïnes, esquivant le piège d'un cliffhanger inutile pour arracher une nouvelle saison qu'ils n'obtiendront raisonnablement pas. Si cette fin ne résout pas toutes les storylines, elle conclue les intrigues les plus importantes avec une certaine finesse, donnant un épisode volontairement positif et dynamique.

Un optimisme nécessaire tant l'ultime mission d'espionne de Kate est particulièrement confuse, avec Richard qui se fait tirer dessus par un agent double au sein de la CIA. Il se rabat alors sur sa personne de confiance pour faire passer ce microfilm à l'Agence, avant que la jeune femme rencontre Anderson qui lui certifie que son ami est un traître qu'il pourchasse. Tout va très vite, ce qui permet d'éviter de réfléchir à cette histoire peu crédible qui confirme l'absence de fil conducteur de ces intrigues d'espionnages, menant à une conclusion qui ne vaut que par ses interprètes.

Bien plus que l'univers de la Pan Am et l'histoire du vingtième siècle, ce sont leurs héroïnes que les auteurs ont choisi de mettre en avant pour conclure cette saison. L'occasion de saluer une dernière fois Kelli Garner qui fut indéniablement l'une des révélations du show, incarnant un personnage à la fois fragile et volontaire, symbole d'une femme qui voulait prendre le risque de participer à la marche de l'histoire.

 

L'histoire de femmes qui défiaient les valeurs de leur époque

Si le final est optimiste, c'est avant tout par la façon dont les comédiennes sont mises en avant, le scénario s'arrangeant1 pour exacerber le caractère sympathique de leurs personnages. Ainsi, Christina Ricci appuie l'aspect autoritaire et tête brulée de Maggie, formant un duo irrésistible avec Darren Petie, même si cette histoire de trafic paraît là aussi assez peu crédible. Le but était d'appuyer le cynisme et le culot de la jeune hôtesse, le meurtre de JFK ayant détruit le rêve américain où le mérite représentait la seule vertu pouvant mener au succès. Une conclusion à son image, cynique et sympathique, laissant comme seul regret de ne pas avoir pu plus profiter avant de ce formidable duo qu'elle forme avec Georges.

L'intrigue est, par contre, cousue de fil blanc, confirmant l'idée que ce final laisse le réalisme de côté et cherche avant tout à rendre hommage aux personnages qui ont fait la série. Pourtant, dans le cas de Colette, la storyline va prendre une tournure inattendue et un peu maladroite en revenant sur le meurtre de ses parents durant la seconde guerre mondiale. Au prise avec son prince, la jeune femme découvre la vérité sur son passé, révélation douloureuse qui permet à Karine Vanasse de confirmer ses talents de comédienne.

Laissant la porte ouverte à l'imaginaire du spectateur, Pan Am propose un final pas totalement crédible, mais qui apporte une forme d'achèvement à l'existence de ces trois femmes. Une conclusion positive et ouverte, laissant la place pour une nouvelle année qui sera l'oeuvre de l'imaginaire du spectateur, les auteurs s'efforçant de laisser quelques portes ouvertes, abandonnant ses personnages à l'imaginaire collectif en évitant le piège du cliffhanger.

 

 

Le mélodrame s'écrit au féminin 

Seule une intrigue ne va pas connaître de conclusion, à savoir celle concernant Ted pris entre sa future femme et Laura, incapable de faire le choix entre la raison et la passion. La scène des photographies où il comprend la nature réciproque de ses sentiments envers la jeune hôtesse est très réussie, confirmant la capacité du show à faire preuve d'une certaine finesse dans l'écriture. Entre non-dits et silence révélateur, les auteurs de Pan Am ne bâclent pas ce final, contrairement aux attentes, mais font le choix de proposer un épisode hommage à ses héroïnes.

Le point intéressant avec l'histoire de Ted, c'est qu'elle vient faire écho au premier épisode où Laura fuyait un mariage dont elle ne voulait plus pour ne pas gaspiller sa jeunesse. Un souci typique des héroïnes de mélodrame, posant la série comme un récit au féminin entre des romances élégantes et l'excitation d'un quotidien imprévisible et exotique. Si le charme ne fut pas toujours au rendez-vous à cause de quelques mauvais choix narratifs, la série n'a jamais perdu sa philosophie, poussant ses héroïnes à faire des expériences sans lendemain juste pour le plaisir de goûter à l'instant présent.

Pris entre deux feux, la vie de Ted s'arrête en plein tournant, porte ouverte étonnante qui confirme que le show n'aurait de toute façon jamais connu de fin, l'esprit féminin n'étant jamais rassasié de nouvelles expériences. Un état d'esprit positif qui vient conclure une saison certes inégale, mais qui aura su imposer un quatuor sympathique et particulièrement attachant.

 

Les passagers sont priés de garder la ceinture attachée jusqu'à la fin du vol 

Pan Am s'achève avec cet épisode, laissant une saison qui aura connu un démarrage excitant, avec des séquences mémorables à Berlin et à Paris avant de s'essouffler peu à peu. Portée par un goût pour le romanesque indéniable, les auteurs plongeaient sans retenue leur quatuor d'héroïnes là où l'histoire s'écrivait, nous faisant partager leur enthousiasme. Projet par instant pharaonique, Pan Am tentait de recréer l'histoire avec une débauche de moyens excessif qui ont lentement amené la série à connaître des problèmes de budget assez conséquent.

Mais bien plus que de blâmer les spectateurs ou la chaîne, c'est le manque de continuité entre les épisodes qui apparaît comme le principal défaut de Pan Am. Si la série a tout pour plaire, elle manque d'une routine, une structure qui permette au spectateur de se sentir à son aise, le quotidien du travail d'hôtesse n'étant relaté que trop rarement. Privilégiant les intrigues mélodramatiques, Pan Am apparaît comme un projet trop ambitieux, les scénaristes cherchant à se réinventer à chaque épisode, lassant petit à petit le spectateur par des histoires d'espionnages redondantes.

Trop ambitieuse, Pan Am aura connu une reprise en main brutale après la chute de l'audience, proposant un format à trois storylines plus simple et moins dispendieux, perdant au passage une part de son enthousiasme. Malgré tout, la série commençait lentement à trouver une forme intéressante, reprenant sur un ton mineur l'idée de s'inscrire dans une réalité historique. Porté par des comédiennes remarquables, dont Karine Vanasse et Kelli Garner, le show parvenait à nous faire croire aux situations les plus surprenantes tout en nous offrant des beaux moments d'émotions.

C'est finalement ce que je garderais de Pan Am, le souvenir d'une série utopique qui aura essayé de monter trop haut, avant de nous offrir un atterrissage correct qui aura évité le crash aérien. Et surtout le regard effondré de Kelli Garner dans le miroir alors qu'elle révélait à Niko Lonza son travail d'espionne dans l'épisode 1.07. Un moment singulier où Kate se retrouve seule face à ses propres contradictions, prise au piège entre raison et sentiment, incarnation parfaite de cette fragilité féminine que la série aura réussie à plusieurs reprises à faire apparaître.

 

J'aime : 

  •  un récit dynamique et entraînant 
  •  des comédiens convaincants 
  •  un dernier épisode très soigné  

 

Je n'aime pas : 

  •  l'histoire d'espionnage assez confuse 
  •  l'intrigue de Maggie et Georges peu crédible 

 

Note : 13 / 20 

Une belle sortie pour Pan Am qui nous offre un ultime épisode à l'image de la série, pris entre romances et aventures, offrant une belle sortie à leurs différentes héroïnes. Une conclusion qui évite le piège du cliffhanger inutile et marque la fin d'un voyage au coeur des années soixante. 


Merci à SérieAll de m'avoir laissé critiquer PanAm, à nos correcteurs qui ont rendu mes articles lisibles et plus personnellement, à Sandrine pour ses nombreux coups de main.

Et ça s'arrête là.

L'auteur

Commentaires

Avatar Koss
Koss
Une série en moins Sephja ! Ça se fête ! Tu vas dormir ou en prendre encore une autre ? (le suspens est tout entier)

Avatar sephja
sephja
y'a GCB la semaine prochaine donc j'en ai une autre de prévu.

Avatar erico77
erico77
peux tu m'expliquer en quoi la découverte sur le passé de colette lempeche detre avec le prince merci

Avatar sephja
sephja
A vrai dire ce n'est pas expliqué, mais je pense que le fait qu'elle soit juive puisse poser un problème dans certains états durant les années 60, en pleine époque des tensions liées entre l'Egypte et Israel... voilà comment j'ai compris les choses, sachant que le scénario n'explicite pas ce point particulier. Comme je dis , c'est un final ouvert (en fait, je pense que l'arc était prévu sur plusieurs épisodes et qu'ils l'ont réduit au strict minimum). Bref, je pense que nous n'aurons jamais l'explication hélas. Je pense que nous n'aurons j

Avatar erico77
erico77
tu éclaircis un point merci pour ceci et pour tout

Avatar sephja
sephja
pas de soucis( même si je ne suis pas super convaincu par ma réponse)

Image Pan Am
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