Critique : Pan Am 1.11

Le 17 janvier 2012 à 14:32  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui tire parti d'un pitch de départ ambitieux, mais déçoit dans sa résolution pas vraiment crédible.
Par sephja

Critique : Pan Am 1.11

~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui tire parti d'un pitch de départ ambitieux, mais déçoit dans sa résolution pas vraiment crédible.
Par sephja

Les finesses de la diplomatie 

Le Capitaine Lowrey est appelé pour participer au premier vol de la compagnie Pan Am en direction de Moscou, mais se fait voler la vedette par Richard Parks, un pilote vétéran de la guerre présent sur son vol. Kate reçoit pour sa part une mission d'extrême importance concernant un agent double situé en plein coeur de l'appareil communiste. Pendant ce temps, le député Rawlings invite Maggie à officialiser leur relation en sortant  avec lui parmi la haute société républicaine.

 

Résumé de la critique 

Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une histoire d'espionnage qui tire parti du décor et de la réalisation 
  •  la storyline de Colette et la valse des hésitations 
  •  l'intrigue de Maggie prévisible et assez anecdotique 
  •  un dernier vol avant la fin ? 

 

 

Voyage à Moscou 

Pour ce possible avant-dernier épisode de Pan Am, la série nous emmène à Moscou, pour un vol historique de la compagnie en direction de l'URSS. Un voyage parfait pour relancer une nouvelle storyline sur Kate, ce périple soviétique étant l'occasion idéale pour réinsérer un peu d'espionnage dans la série. L'ambiance est assez lourde, le climat de tension entre les deux blocs étant presque à son apogée durant cette période, avec un comité d'accueil surveillant particulièrement nos héroïnes qui vont découvrir l'univers singulier de l'URSS de Khrouchtchev. 

Même si on est loin de la propagande des séries américaines des années quatre-vingt, Pan Am ne peut échapper à certains clichés concernant la Russie en s'inspirant des films d'espionnage de cette même époque. Ainsi, Bridget et Laura vont se faire arrêter pour espionnage à cause d'une photographie, créant un vrai trouble parmi les membres de l'équipage et en particulier Kate qui apparaît comme impuissante. L'ambiance est lourde, la musique appuyant un peu trop la dimension tragique de ce voyage dans ce climat particulier à la Guerre Froide. 

Hélas, l'intrigue va se clore par une pirouette scénaristique abracadabrante, confirmant le manque de maîtrise et de sérieux de ces intrigues sur fond d'espionnage. Il reste juste Kelli Garner, toujours aussi juste et emphatique, qui parvient à donner une dimension émotionnelle forte à toute cette intrigue à première vue très séduisante, mais gâchée par des ficelles trop apparentes pour être crédible.

 

La peur de faire le mauvais choix 

Cette peur touche évidemment à Dean qui se retrouve pris entre Colette et Bridget, le jeune pilote choisissant de faire le choix de la jeune française après avoir couché avec son ex-fiancé. Un principe de départ qui ne va pas aider à rendre le jeune pilote sympathique, malgré ses efforts pour jouer les héros dans la seconde partie. Il incarne le personnage masculin immature, incapable de savoir ce qu'il veut ce qui ne correspond pas avec la stature d'un commandant de bord qui se doit habituellement de se maîtriser et d'assumer ses décisions. 

En fait, cette peur de commettre une erreur touche surtout les scénaristes qui semblent chercher quelle voie choisir, essayant de tirer tout ce qu'ils peuvent de cette intrigue romantique assez fade. Le spectateur prend en effet fait et cause pour Colette, Bridget étant un personnage encore neuf et assez transparente jusqu'ici. Trop lente, cette storyline peine à amener du positif dans un épisode où tout le monde parvient à s'éviter, même dans la carlingue d'un appareil. L'enthousiasme de ces femmes prêtes à tout quitter pour voyager dans tous les recoins du monde s'est évanoui pour laisser place à des querelles romantiques prévisibles et ennuyeuses.

Pan Am souffre d'un gros problème d'identité et son avenir s'obscurcit malgré un démarrage plutôt encourageant grâce à un groupe de comédiennes assez enthousiastes. Le problème vient du ton qui a abandonné la légèreté et la frivolité pour des querelles stériles et des amourettes prévisibles qui n'apportent pas grand-chose à la série. Incapable de proposer un vrai fil directeur, Pan Am suit sans conviction les évolutions de ses héroïnes, proposant un épisode trop diplomatique pour déchaîner les passions.

 

 

La tentation du politiquement correct 

La dernière storyline concerne Maggie et son membre du congrès, celle-ci officialisant sa liaison en sortant pour la première fois en société avec le politicien. L'idée est inattendue, mais entre bien dans le cadre d'un épisode sur la diplomatie et la fin de la jeunesse qui passe par la découverte du compromis. Maggie va donc devoir taire sa nature et apprendre à jouer avec les faux-semblants dans une réunion particulièrement guindée, avant que son caractère ne l'emporte, ramenant à la surface son caractère bien trempé. 

L'intrigue est intéressante et la scène avec Ashley Greene plutôt inattendue et réussie permet de mettre en évidence le style d'une époque où les tabous étaient légions et le mensonge un art de vivre. L'intrigue ne semble pas trop savoir où elle va, la relation entre Maggie et le député Rawlings marquant une rupture forte dans le ton avec les deux épisodes précédents. Un manque de continuité récurrent qui entraîne certaines incompréhensions face au déroulement du récit, avec la sensation que Pan Am en se perdant dans ce type d'histoire. 

Quant à Ted, il est relégué à jouer les pigeons grotesques dans la fanfaronnade d'une storyline cynique au potentiel pourtant assez intéressant. La scène entre Ashley Greene et Christina Ricci ressemble de ce point de vue à une excuse impeccable pour permettre aux auteurs de faire marche arrière, habitude désagréable qui empêche depuis le début le show d'évoluer. Alors que la fin risque de s'approcher, le doute s'installe de voir les auteurs offrir une vraie fin à une aventure Pan Am bien agréable, mais qui n'aura pas tenu toutes ces promesses. 

 

Un épisode et après ? 

Petit à petit, Pan Am approche du fameux douzième épisode dont un tweet d'une des comédiennes signifiait qu'il s'agirait du dernier. Si c'est le cas, la série ne connaîtra pas de fin décente, hormis un crash brutal qui aura le mérite de régler les choses de manière radicale, mais ne peut pas être souhaité. Semaine après semaine, le destin de Pan Am se joue dans l'incertitude, une situation difficile à vivre pour des auteurs qui montrent clairement de grosses difficultés à faire preuve d'une vraie sérénité dans l'élaboration d'une vraie progression de l'intrigue. 

En conclusion, un bon épisode de Pan Am, offrant dix premières minutes plutôt réussies pour lancer une intrigue qui aurait mérité d'être développée sur plusieurs épisodes. Hélas, ce séjour à Moscou s'achève sur une invraisemblance énorme que le talent de Kelli Garner ne parvient pas vraiment à vendre. Le ton enjoué et enthousiaste du début de saison où les héroïnes ne pensaient qu'à leur soif d'aventure a laissé place à des querelles sans saveur et des amourettes sans lendemain pour des femmes qui gagnent clairement à refuser la diplomatie. 

 

J'aime : 

  •  les dix premières minutes 
  •  la storyline de Maggie 
  •  Kelli Garner toujours aussi convaincante 

 

Je n'aime pas : 

  •  la résolution invraisemblable 
  •  la scène du baiser mal amenée 
  •  Bridget particulièrement transparente 

 

Note : 12 / 20 

Un bon épisode qui offre un séjour prometteur en URSS et une intrigue intéressante pour Maggie qui se retrouve confrontée à la haute société républicaine. Malgré des qualités esthétiques indéniables, l'épisode déçoit par sa résolution totalement invraisemblable et un manque de continuité un peu flagrant et de conviction dans la progression du scénario. 

L'auteur

Commentaires

Avatar erico77
erico77
Je ne suis pas vraiment d'accord : cet épisode était vif enjoué et les comédiennes particulièrement justes évidemment la fin était prévisible mais je trouve que la série garde une identité 70's et cest particulièrement réjouissant.

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sephja
les comédiennes restent le point fort du show, mais le coup de Kate qui parvient à se rendre chez son contact en Russie... non, je n'arrive pas y croire, malgré le charme de Kellli Garner. Par contre, je n'ai pas trouvé l'histoire de Dean très enjoué, c'était même assez balourd ... on s'évite, on s'observe de loin ... mouais. Sinon, d'accord sur le ton 70's même si je trouve que le show a perdu un peu de son identité.

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erico77
je comprends ton scepticisme mais je serais vraiment très déçu si pan am navait pas de saison 2 quand on voit les séries formatées qui pulullent!!!

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sephja
là, tout à fait d'accord. :)

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