Voyage à Paris
Le taxi de Colette est tombé en panne pour la mener à l'aéroport lorsqu'elle tombe sur Dean, jeune capitaine nouvellement promu qui ne parvient pas à se remettre de la disparition de Bridget. Maggie s'accroche avec Miss Havenmeyer, voyant dans le fait de peser les hôtesses une pratique dégradante. Heureusement, l'incident est vite clos, car les quatre hôtesses doivent embarquer pour Paris où Kate doit accomplir sa première mission.
Résumé de la critique
Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :
- une histoire d'espionnage bien construite
- un duo Colette - Dean qui a un certain charme
- une intrigue familiale élégante mais maladroite
- le personnage de Maggie qui peine à s'imposer
Une histoire d'espionnage en fil rouge
Après lui avoir fait subir dans l'épisode précédent son test, Kate reçoit sa première mission officielle qui consiste à délivrer un paquet à Paris où un agent l'attend sur place. Cette opération étant particulièrement simple, l'épisode va jouer sur le point faible de la jeune femme à savoir l'émotivité en installant sa mère dans l'avion. Obligée de faire son travail et de veiller sur sa soeur Laura, la jeune femme oublie cette opération et se retrouve obligée de gérer les différents niveaux de son existence. Loin de fuir sa famille, Kate est à la recherche d'un goût pour l'aventure qui explique son souhait de devenir espionne, le personnage profitant de l'interprétation convaincante de Kelly Garner.
A l'apparence anodine, cette intrigue d'espionnage va se révéler, une fois arrivé à Paris, plutôt bien pensée, clôturant l'intrigue de l'épisode précédent entre Dean et Kirsten. Sans chercher à faire dans le spectaculaire, Pan Am parvient à se montrer particulièrement convaincant, appuyant l'idée que Kate va devoir apprendre à compartimenter pour ne pas se faire griller. Construite en parallèle avec la storyline de Dean, cette intrigue se montre assez convaincante, prouvant la capacité de Pan Am à associer les intrigues avec pas mal d'adresse.
Fausse romance à Paris
Cliché habituel dans l'univers des séries télévisées, le voyage à Paris est souvent présenté comme un moteur pour des intrigues romantiques s'achevant par un baiser devant un monument parisien. Heureusement, Pan Am va changer la donne en plaçant ce voyage sur le thème de la rupture, la seule relation vraiment romantique concernant Bridget et Dean ne venant que sous forme de flashback. Et l'apparente histoire entre Collette et le jeune pilote est en fait motivée par le fait qu'il soit à la recherche d'une traductrice pour retrouver la trace de sa fiancée.
Faisant souvent écho à l'intrigue d'espionnage, ce voyage en France permet à l'actrice francophone Karine Vanasse d'offrir quelques scènes dans une langue de Molière impeccable. L'ensemble a beau être une reconstitution en studio assez grossière à base d'écran vert, la série a le mérite de nous éviter les clichés habituels sur la ville et les Français. Personnage fort et particulièrement charmant, Colette incarne l'incorrigible romantique, celle d'une femme qui ne peut s'empêcher de tomber sous le charme des hommes qu'elle rencontre.
Son duo avec Mike Vogel est très convaincant et amène quelques scènes très élégantes apportant une conclusion temporaire à sa recherche de son ex-fiancé. L'important était que le jeune pilote ne tourne pas la page trop vite, ce qui est accompli avec une certaine efficacité par cet intervalle Parisien assez mélancolique sous le signe du souvenir.
Rupture sur les marches du Sacré-Coeur
Si Colette incarne la propension du coeur des femmes à la passion, Laura va proposer le schéma inverse, se sentant enfermé à l'intérieur d'une vie trop prévisible. Ayant fui son mariage contre la volonté de sa famille, la jeune femme se montre très immature, refusant d'affronter sa mère, sa storyline se présentant comme la suite directe de l'annulation de son mariage. Assez décevant au départ, ce jeu de cache-cache laissera place à une confrontation bien plus intéressante, leur mère adaptant son discours à chacune d'elle avec un talent de manipulatrice indéniable.
Certes, la coïncidence de sa présence dans l'avion est un peu énorme, mais Pan Am considérant l'avion comme un grand théâtre (évoquant Lifeboat au passage) cette rencontre impromptue passe plutôt bien. La présence du fiancé de Laura sur les marches du Sacré-Coeur est par contre un peu excessive, même si leur scène de rupture est finalement plutôt touchante. Cette scène dans la chambre montre que, malgré quelques petites maladresses, Pan Am possède une vraie qualité d'écriture, parvenant à trouver le ton juste pour faire oublier ces petits accrocs.
Très intéressante, cette scène de rupture permet de mieux cerner Laura dont le désir de fuite devient en fait l'expression d'un certain manque de maturité et d'une quête de soi. Avec une certaine adresse, Pan Am cherche à entrer dans le coeur de ses héroïnes, racontant la difficulté d'apprendre à se découvrir et à trouver sa place dans une société où les femmes restent sous la tutelle masculine.
Féminisme et scandale autour de Pan Am
Seule héroïne du show à marquer une conscience politique forte, Maggie est le personnage du quatuor dont le développement reste le plus décevant, Christina Ricci peinant à rentrer dans son costume. Malgré son indéniable talent, la comédienne hérite des storylines les moins porteuses, les causes de son engagement en tant qu'hôtesse étant particulièrement confuses. Cette histoire de client indélicat est vraiment maladroite et peine à être crédible, servant juste à installer un duo intéressant avec un Michael Mosley en pleine forme.
Principal défaut de l'épisode, le personnage de Maggie reste le plus délicat à gérer, surtout que le talent de Christina Ricci pourrait permettre à la série de passer un niveau supérieur. Moins impeccable que le pilot qui bénéficiait de l'effet de surprise, cet épisode de Pan Am confirme les qualités du show, tout en montrant quelques faiblesses au travers de certaines coïncidences assez grossières. Mélodrame charmant, Pan Am commence à développer son univers et imposer son identité, sans pour autant échapper à un scandale qui risque de lui coûter cher.
Donc petit aparté pour signaler qu'aux Etats-Unis, la série est prise dans une affaire qui justifie en partie la chute d'audience de cet épisode (-3 millions). En effet, Pan Am est taxée de racisme, les personnages étant un peu trop occidentaux et le show oubliant au passage les minorités qui s'en sont offusquées. Alors, dictature du politiquement correct ou vraie erreur des producteurs, difficile à dire, mais je voulais l'évoquer, car ce "défaut" pourrait bien coûter son avenir à la série.
J'aime :
- l'écriture très élégante
- les costumes vraiment superbes
- les comédiens assez formidables
- l'intrigue d'espionnage assez intelligente
Je n'aime pas :
- le personnage de Maggie pas suffisamment développé
Note : 14 / 20
Après un pilot très réussi, Pan Am confirme ses qualités dans un second épisode vraiment convaincant où la série poursuit son voyage dans la vie surprenante des quatre héroïnes. Seul défaut, le personnage de Maggie trop faible pour l'instant et sous-employée, confrontée à une histoire de client mécontent peu inspirée.
sephja
