Critique : Pan Am 1.06

Le 01 novembre 2011 à 07:33  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode sympathique qui se recentre sur ses personnages féminins tout en poursuivant les storylines introduites la semaine dernière.
Par sephja

Critique : Pan Am 1.06

~ 7 minutes de lecture
Un épisode sympathique qui se recentre sur ses personnages féminins tout en poursuivant les storylines introduites la semaine dernière.
Par sephja

Faire son choix et assumer les conséquences

L'équipe des hôtesses de Pan Am se prépare à aller à Rio, à l'exception de Kate qui doit rester sur place, n'ayant pas fourni les preuves de sa vaccination antivariolique. Maggie reçoit pour sa part une mise à pied après son accrochage avec Miss Havemeyer et voit sa carrière fortement remise en question. Pendant ce temps, le capitaine Lowrey continue d'avoir une relation avec la secrétaire du vice-président de la Pan Am, justement présent à Rio. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode convenable que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une intrigue d'espionnage plus ambitieuse qui se met en place 
  •  un portrait de Maggie attachant mais moyennement crédible 
  •  une structure d'épisode plus feuilletonnante 
  •  un épisode sur les apparences comme moyen de défense de l'esprit féminin 

 

 

Une pause nécessaire

Après avoir parcouru le monde durant plusieurs épisodes, Pan Am marque une pause avec Kate qui se voit contrainte à rester au sol et va passer du temps avec Niko. Le fait de voir enfin se construire un arc de plusieurs épisodes est plutôt agréable, donnant du sens à l'exposition de l'épisode précédent. Seulement, l'intrigue manque un peu de contenu, malgré l'évocation de la dictature de Tito et repose clairement sur le duo Goran Visnjic - Kelli Garner vraiment convaincant, mais pas suffisamment crédible. 

Moins romanesque qu'à son commencement et enthousiaste qu'à ses débuts, Pan Am a le mérite de vouloir sortir des intrigues d'espionnage gadget pour proposer quelque chose d'un peu plus construit. Seulement, au lieu de prouver sa capacité à apporter du contenu à cette intrigue, Pan Am nous offre un récit purement décoratif qui manque cruellement de saveur. Pas assez rythmé, ce portrait d'un expatrié venu chercher une certaine liberté en Amérique reste très superficiel, se nourrissant de clichés qui, mis ensemble, ne font pas une réalité. 

Une storyline convenable, mais qui confirme que la série a perdu son enthousiasme du début de saison pour une narration plus simpliste et émotionnellement moins forte. Surtout que l'arc narratif qui semble se construire peu à peu souffrira beaucoup du manque de crédibilité et d'intensité de ces premiers instants fondateurs dans une relation de couple.  

 

L'esprit féminin et ses contradictions

Pour cet épisode, les scénaristes délaissent l'Europe et l'Asie pour le Brésil, destination purement touristique dont l'effort de reconstitution va profiter d'un soin moins important que d'habitude. Les scénaristes vont alors se pencher sur le cas de Maggie, personnage plus complexe qu'il n'y parait, interprétée par une Christiana Ricci très dynamique. De simple serveuse, elle va se hisser socialement, vivant le rêve américain sous son visage le plus sombre, celui d'une arriviste ambitieuse et manipulatrice. Au travers de ce portrait ambigu d'une femme prête à tout, Pan Am sort de son style habituellement si lisse pour proposer quelque chose d'ambigu et de beaucoup plus ambitieux. 

Seulement, plutôt que de jouer la carte de la finesse, les auteurs sortent les gros sabots par le biais de flashback peu subtils qui manque cruellement de crédibilité et vont en parti nuire à ce portrait. Voleuse d'identité, égoïste et arriviste à l'image d'une Amérique encore insolente et insouciante, Maggie incarne aussi la soif de pouvoir d'une femme qui a dû se battre pour arriver où elle est. Amusant d'ailleurs de voir combien cette amoureuse de Kennedy possède une destinée totalement différente de son idole, image parfaite du rêve américain en apparence, mais arriviste cruelle dans le secret. 

Un portrait complexe et intéressant d'une femme qui a connu le pire et est prête à tout pour ne pas perdre un poste acquis à coups de mensonges, porté par son bagou indéniable. Une incarnation superbe des contradictions de l'esprit féminin, aventureux par passion, mais aussi féroce dès qu'il s'agit de préserver son image ou son rang social. 

 

 

Une structure plus feuilletonnante et ambitieuse 

La dernière intrigue va porter sur les aventures du capitaine Lowrey avec la secrétaire du vice-président de la Pan Am, intrigue commencée l'épisode précédent et qui trouve ici un prolongement très réussi. Mais plutôt que de s'intéresser au point de vue du Capitaine, la série va opter pour celui bien plus intéressant de Ginny, la secrétaire se retrouvant prise au piège de ses propres sentiments. D'une relation purement physique qui avait le goût  de l'interdit, la jeune femme est passée dans le registre de l'émotion, s'attachant à son amant plus que de raison. 

La scène du repas est une vraie réussite, où cette femme trop amoureuse se donne malgré elle en spectacle après quelques verres d'alcool. Très convaincante, Erin Cummings est particulièrement touchante, mais se retrouve confronté à un homme qui se referme, voyant sa carrière mise en péril par cette relation et retrouvant la dureté d'une formation militaire rigoureuse. Essayant de trouver écho à sa propre tendresse, Ginny franchit la ligne, mais se retrouve face au mur de la réalité, celui qui fait que les histoires d'amour ne sont que rarement totalement réciproques. 

Une storyline bien plus réussie que la semaine dernière, preuve que Pan Am sait beaucoup mieux s'exprimer au féminin qu'au masculin, dressant la ligne vers une conclusion inévitable pour un show quasiment condamné. Encore un épisode (et espérons le peut-être un peu plus) pour clore cette série qui aura su dresser le portrait de femmes complexes et attachantes, prise entre leur carrière et leur désir.

 

La difficulté d'être naturelle

Le dernier point intéressant concerne le thème général de l'épisode, à savoir la façon dont les héroïnes de Pan Am se servent des apparences comme un moyen de protection. Suivi tout son voyage par un photographe, Laura est incapable de se conduire avec spontanéité devant un objectif, son manque de confiance en elle la poussant inévitablement à prendre la pose. De la même manière, Maggie ne baisse jamais sa garde, de peur que ses mensonges n'apparaissent et révèlent sa véritable nature sombre et assez discutable. 

Seule Ginny tente d'abattre ses défenses pour gagner le coeur de Lowrey, mais se heurte à une réalité cruelle qui vous apprend vite que la sincérité est la plus grande des faiblesses si elle n'est pas cachée par le voile des apparences. A l'image de Maggie, les héroïnes de Pan Am savent se forger une carapace, une apparence impeccable qui est la marque de fabrique de la compagnie. L'occasion de voir combien il est nécessaire pour rendre une héroïne attachante de nous faire passer au-delà de l'apparence, là où le tumulte des passions, des colères  et des espoirs est le plus fort.

En conclusion, un bon épisode qui confirme la capacité des auteurs à dresser le portrait de femmes singulières et finalement plutôt attachantes dès que le récit met en avant leur ambiguïté. Dommage par contre que l'histoire de Kate soit aussi décorative, manquant clairement de ce souffle romanesque dont le show a tant besoin.

 

J'aime :

  •  l'intrigue autour de Ginny 
  •  les comédiennes très convaincantes, Christina Ricci et Erin Cummings en tête 
  •  la construction plus feuilletonnante que d'habitude 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'histoire de Maggie qui manque de crédibilité 
  •  la romance entre Niko et Kate un peu fade 

 

Note : 13 / 20 

A l'approche de ce qui risque bien d'être son dernier épisode, Pan Am lance deux arcs intéressants autour des personnages de Ginny et Maggie, dressant le portrait adroit et passionnant de deux femmes particulièrement différentes. Si l'intrigue de Kate reste sympathique, elle manque cruellement de saveur, la révélation finale ne venant que trop tard éclairer une storyline assez plate. 

L'auteur

Commentaires

Avatar erico77
erico77
autant dire que les 3 premiers épisodes étaient canons autant la ça ronronne et surtout dans cet épisode où on s'ennuie royalement

Avatar MAFALDETTE
MAFALDETTE
Tout à fait d'accord sur le manque de subtilité des flashbacks sur Maggie, dommage car C. Ricci a les épaules pour servir ce personnage plus complexe. Même si je regrette la disparition de Colette, je passe encore de bons moments devant Pan Am.

Image Pan Am
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