Critique : Pan Am 1.07

Le 08 novembre 2011 à 15:18  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode de Pan Am qui peine au décollage avant de prendre enfin son envol dans son dernier acte.
Par sephja

Critique : Pan Am 1.07

~ 7 minutes de lecture
Un épisode de Pan Am qui peine au décollage avant de prendre enfin son envol dans son dernier acte.
Par sephja

Le courage infini d'une femme amoureuse 

Kate, Laura, Maggie et Collette joue à "Action ou Vérité" dans la cabine lorsque l'avion de la Pan Am est réquisitionné pour ramener un groupe de marins sortant de six mois de mission dans un sous-marin à New-York. L'occasion pour Laura de faire connaissance avec Joe, un jeune marin afro-américain et de découvrir la ségrégation de l'Amérique des années soixante. Pendant ce temps, Kate découvre que Niko Lonza est sur le point de repartir en Yougoslavie pour de bon, contre son gré.

 

Résumé de la critique 

Un épisode inégal, mais convaincant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  la storyline de Laura pas très adroite 
  •  Kate qui découvre la vraie nature de son métier 
  •  une storyline manquante pour un épisode qui manque de rythme 
  •  Pan Am, un concept de départ ambigu 

 

 

Le racisme, les années soixante et Pan Am 

Dès les premiers épisodes, des voix s'étaient élevées pour souligne le problème de représentativité ethnique au sein du show, créant chez une branche du public américain un fort sentiment de rejet envers la série. Evidemment, personne ne peut décemment traiter Pan Am de racisme, tant le show s'inscrit dans une réalité historique qui est celle de la ségrégation, en plein essor idéologique du discours radical de Malcolm X. Loin de faire de la politique, les scénaristes misent sur une histoire simple, celle de la rencontre entre Laura et Joe, un marin afro-américain engagé volontaire. 

Le problème de cette storyline séduisante réside dans sa mise en place et son aspect trop lisse et prévisible, l'utilisation des flashback n'apportant que trop tard les éléments rendant crédible cette romance. Privé de tout contexte politique, cette histoire correspond bien avec le caractère de Laura, la jeune hôtesse éprouvant le besoin de renverser les convenances. Malheureusement, la première moitié peine à trouver le ton juste, cherchant la bonne approche pour donner une vraie crédibilité à toute cette histoire qui manque cruellement d'originalité. 

Une jolie storyline trop lisse pour enchanter vraiment, mais qui confirme que la jeune femme a le goût pour une certaine provocation et cherche avant tout à suivre la voie du coeur contre son éducation. C'est alors que la série parvient à trouver le ton juste, surtout que les comédiens se révèlent plutôt bons pour une histoire qui joue un peu trop à fracasser des portes ouvertes depuis longtemps. 

 

Une vraie histoire d'espionnage en pleine guerre froide 

Soyons tout de suite claire, nous sommes face à la storyline qui fait vraiment naître le personnage de Kate, la comédienne Kelli Garner justifiant à elle seule de ne pas rater cet épisode. Amoureuse de Niko Lonza, elle poursuit sa liaison avec lui tout en continuant à l'espionner en parallèle pour le compte des services secrets, totalement inconsciente des enjeux. Seulement, là où habituellement le show esquive le côté tragique du métier d'espion, cet épisode va aller enfin dans le vif du sujet, la jeune femme devant convaincre Niko de devenir un agent à la solde des Etats-Unis. 

Sombre, réaliste et poignant, cette intrigue profite du travail de mise en place des épisodes précédents et nous plonge dans un drame d'un réalisme cru, celui d'une guerre froide et idéologique qui vient broyer Kate. Redescendant de son nuage, la jeune femme comprend enfin la réalité de son métier, ainsi que sa position finalement assez ambiguë par rapport à cet homme qu'elle a volontairement trahi. Un instant fort qui prouve toute la qualité de ce personnage et le potentiel inexploité de Pan Am, nous offrant un final superbe et réellement poignant. 

Une intrigue totalement romanesque et brillante signée par Moira Walley-Beckett, ancienne scénariste de Breaking Bad, qui nous offre un de ces moments à part, simplement exceptionnel et d'une force étonnante. Difficile de ne pas craquer pour le duo Kelli Garner - Goran Visjnic, absolument parfait, qui prouve que le show est capable de belles choses lorsqu'il construit ses arcs narratifs sur la durée. 

 

 

Une construction pas assez dynamique

Avec ses deux storylines, la série possédait la base du squelette narratif de l'épisode, mais oublie de construire dans le premier acte une intrigue annexe plus légère servant à rythmer le récit. Abandonnant totalement Maggie (ce qui est regrettable, l'épisode ne faisant pas écho de sa trahison de la semaine passée), les auteurs vont miser avant tout sur Colette pour compléter cet épisode. Si le charme de Karine Vanasse demeure intact, le retour sur sa relation romantique avec Dean paraît pour le moins incongru après les évènements de la semaine dernière.

L'occasion de s'apercevoir que la française a lentement été délaissée depuis l'abandon des escapades européennes, comme si son personnage n'avait finalement été crée que pour compléter les premiers épisodes. Ce manque de travail préparatoire dans l'élaboration des arcs narratifs et cette sensation de remplissage vient nuire à un épisode qui possédait tous les atouts en main pour fournir un divertissement de haute volée. La fin de l'arc de Kate crée un sentiment de vide, tant Pan Am semble hésiter sur la direction à prendre, composant un peu trop ses intrigues comme de simple stand alone.

Les quelques intermèdes qui viennent ponctuer l'épisode sont clairement le point faible d'une série qui fait preuve d'une ambition mesurée assez décevante dans l'élaboration de ses storylines. Dommage car Colette mériterait largement un peu plus d'exposition qu'en ce début de saison, ne serait-ce que pour le talent de son interprète.

 

Pan Am, une succession d'escale plutôt qu'un long voyage 

Si une série de cette rentrée est victime de son concept, c'est bien Pan Am qui reprend le principe de Life Boat (un voyage par épisode dans un contexte différent, avec toujours le même équipage) tout en essayant de ne pas verser dans le soap rébarbatif. Seulement, au vu des ambitions du show, le choix du format parait plus que singulier, ne permettant que difficilement de développer des intrigues qui aillent au-delà de deux épisodes. Victime de son format, Pan Am ne peut se permettre que des escales, mais manque de la richesse nécessaire pour fournir une intrigue correcte à chacune des quatre héroïnes du show. 

Au final, un épisode qui alterne le moyen et le très bon, peinant à trouver une vraie cohérence à cause de l'absence regrettable de Maggie. Si l'histoire romantique de Laura peine à convaincre, celle de Kate est suffisamment bouleversante et réussie pour justifier le visionnage. Un épisode qui raconte l'histoire de femmes amoureuses qui luttent contre le destin et un monde qui cherche à les séparer de celui qu'elles aiment, redonnant un peu de souffle romanesque à une série qui en manquait de plus en plus.

 

J'aime : 

  •  la storyline de Kate 
  •  la scène finale vraiment réussie 
  •  une intrigue qui renoue avec ce souffle romanesque indispensable à Pan Am

 

Je n'aime pas : 

  •  Maggie laissée de côté 
  •  l'intrigue de Laura qui manque de surprise 

 

Note : 13 / 20 

Du bon Pan Am grâce à l'histoire d'espionnage de Kate qui lui donne plus de profondeur et offre un face-à-face superbe avec Niko Lonza. Dommage que celle de Laura joue à ce point la sécurité, évoquant la ségrégation que pour mieux souligner le caractère légèrement rebelle de la jeune femme. Un épisode qui peine à démarrer, mais offre un final superbe qui justifie pleinement le voyage.

L'auteur

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