Critique : Pan Am 1.10

Le 10 janvier 2012 à 06:18  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode de recentrage qui réoriente les différentes storylines de manière beaucoup trop brutale en faisant des choix particulièrement discutables.
Par sephja

Critique : Pan Am 1.10

~ 8 minutes de lecture
Un épisode de recentrage qui réoriente les différentes storylines de manière beaucoup trop brutale en faisant des choix particulièrement discutables.
Par sephja

Réorientation et déliquescence 

Maggie a écrit un article sur le point d'être publié où elle descend en flèche le sénateur Rawlings lorsque celui-ci se présente chez elle avec l'intention de l'inviter à diner. Kate est quant à elle convoquée à Scotland Yard suite au meurtre du bijoutier, la police refusant de croire au témoignage d'Anderson concernant sa responsabilité dans la mort de celui-ci. Dean et Colette s'apprête pour leur part à officialiser leur relation lorsque Bridget réapparait, prête à reprendre son ancienne vie. 

 

Résumé de la critique

Un épisode mitigé que l'on peut détailler ainsi :

  •  une intrigue romantique pour Maggie plutôt plaisante 
  •  une histoire d'espionnage qui ne prend pas vraiment 
  •  le retour de Bridget comme un retour en arrière
  •  une correction du récit assez brutale 

 

 

Maggie dans une comédie romantique 

Pour son retour, Pan Am nous propose un épisode très dispersé, composé de plusieurs storylines indépendantes centrées sur chacune de ses héroïnes. La première intrigue concerne Maggie et le membre du congrès républicain Rawlings pour une histoire romantique très classique où les opposés finissent par s'attirer, recette simple et assez efficace. L'ensemble réserve quelques bons moments grâce à une Christina Ricci dynamique et offre une évolution plutôt intéressante de ce personnage qui envisage enfin la possibilité d'un compromis. 

L'astuce de l'article que Maggie envisage de faire paraître dans le journal et qui s'en prend violemment au politicien permet de souligner pleinement cette évolution pour un personnage qui atteint lentement l'âge de raison. Sans hésitation la meilleure intrigue de l'épisode, la seule où la série ne marque pas de véritables ruptures dans la progression du récit. Le temps d'une certaine insouciance s'achève pour Maggie qui se retrouve prise au piège par cette bataille perpétuelle entre la raison et le désir typique des héroïnes de comédie romantique. 

Une histoire amusante, à l'écart des autres storylines dramatiques assez faibles de l'épisode et qui montre un visage plutôt plaisant de Pan Am. Mais surtout, la sensation que la série avance dans une direction claire et précise, ce qui sera beaucoup moins le cas pour les autres héroïnes, proposant une progression cohérente avec l'épisode précédent. Le cas de Kate, pourtant au centre du cliffhanger de la coupure de Noël, va se révéler beaucoup plus décevant et stigmatiser les nombreux défauts de cet épisode. 

 

Un meurtre sans grande conséquence 

Le principal défaut de cet épisode va être d'avoir clairement la main un peu lourde sur les effets dramatiques, loin de l'habituelle légèreté qui fait le charme de la série. Après le final de l'épisode précédent, il était normal d'espérer un changement majeur pour Kate ce qui n'arrivera pas, la jeune femme passant l'épisode à se lamenter sur le crime qu'elle vient de commettre. Loin de l'héroïne forte du début de saison, Pan Am déçoit en proposant une intrigue assez superficielle, tournant autour d'un test de polygraphe que la jeune femme doit aller passer à Scotland Yard. 

Kelli Garner a beau offrir une prestation de qualité, cette storyline est juste fade, donnant une forte impression de "on efface tout et on recommence". Visiblement conscient d'être arrivé dans une impasse, les scénaristes font le choix de la médiocrité, essayant de créer artificiellement du suspens autour du son futur interrogatoire qui sera finalement peu mis en valeur. L'ensemble manque cruellement de caractère, racontant sans finesse l'apprentissage du mensonge et de la notion de permis de tuer lorsque la cause devient prioritaire à la vie humaine. 

L'intrigue est basique pour une histoire d'espionnage et aurait pu fonctionner sans les effets de mise en scène assez balourds, surtout dans la gestion de la musique. Traité sur un ton mineur, l'intrigue ne parvient pas à profiter du retour de Bridget pour se donner du sens, la faute à une réalisation qui appuie avec insistance le moindre effet dramatique. Mais plus agaçant encore, la série donne l'impression de vouloir nous faire tourner en rond, incapable de donner une vraie continuité et crédibilité à toute cette histoire d'espionnage. 

 

 

Un épisode de correction 

Mais la storyline où les scénaristes vont avoir la main la plus lourde concerne Dean et Colette, les deux s'apprêtant à rendre officiel leur relation lorsque Bridget réapparait brutalement, avec l'intention de remettre la main sur le pilote. L'occasion pour Dean de mettre fin à son ancienne liaison en faisant face à ses sentiments, offrant quelques scènes intéressantes gâchées par des effets dramatiques assez balourds. Le meilleur exemple reste la scène où la jeune femme dévoile son passé d'espionne, cette révélation étant soulignée par une musique dramatique très mal choisie et pompeuse, donnant à la séquence un côté assez grotesque.

Pourtant, au delà des effets stylistiques assez lourds, c'est le comportement de Colette qui va montrer le manque de subtilité des scénaristes dans leur entreprise de réécriture d'un pan important de l'intrigue. En effet, l'insistance de la jeune femme à jeter le jeune pilote dans les bras de son ex signifie qu'une seule chose : le personnage de Karine Vanasse n'a jamais cru à cette relation et cherche avant tout à construire son propre malheur. Une histoire inutilement tragique qui n'apporte rien, hormis clôturer de la moins subtile des manières une relation stérile qui ne menait nulle part.

Si l'épisode n'est pas mauvais en soi, il manque cruellement de subtilité et appuie avec insistance le moindre effet dramatique, détruisant du même coup toute la crédibilité de l'ensemble. Manquant cruellement de conviction, les auteurs ne font plus l'effort de soigner les intrigues, nous offrant un épisode en roue libre peu subtil affaibli par l'absence de fil directeur durant toute cette saison. La correction est faite, la rupture aura été imposée à Colette de manière incohérente et la série peut filer vers sa mort inévitable, en espérant que les scénaristes offrent une sortie digne de ce nom à leurs quatre héroïnes.

 

Une histoire entre photographie et confession

Pour cet épisode, Laura est une nouvelle fois peu mise en avant, les auteurs n'ayant visiblement plus grand-chose à raconter sur son sujet, celle-ci servant uniquement à confesser les états d'âme de Ted, sur le point de se fiancer. L'idée de la photographie surprend un peu, mais permet d'établir une vraie connexion entre les deux, donnant un peu de légèreté à un épisode inutilement dramatique qui a perdu son enthousiasme des premiers temps. Décevant, malgré un travail de reconstitution surprenant, une série qui peine de plus en plus à convaincre, malgré les efforts des comédiens. 

En conclusion, un épisode tristement pathétique, malgré une bonne storyline comique pour Maggie, petit moment de légèreté dans un épisode inutilement lourd. Les effets dramatiques tombent à plat, les auteurs ne parvenant plus à masquer le manque de fil directeur de toute cette saison. Manquant de subtilité et de conviction, un scénario qui sert juste à corriger les mauvaises orientations prises par les histoires des quatre héroïnes à la mi-saison, ramenant l'intrigue presque à son point de départ de la moins élégante des manières. 

 

J'aime : 

  •  la storyline de Maggie est sympathique 
  •  les décors et le travail de reconstitution toujours soignés 
  •  les comédiens sont assez bons 

 

Je n'aime pas : 

  •  les effets dramatiques trop appuyés 
  •  l'intrigue de Kate qui manque cruellement d'idée 
  •  le comportement passif et défaitiste de Colette 
  •  la sensation que les scénaristes avancent épisode après épisode, sans fil directeur 

 

Note : 11 / 20 

Pour son retour, Pan Am déçoit malgré une intrigue romantique pour Maggie plutôt amusante reposant sur une mécanique simple, mais efficace. Le reste va se révéler inutilement lourd, abusant d'effets dramatiques grossiers pour masquer l'indécision des auteurs sur l'évolution à donner à leur création. 

L'auteur

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