Critique : Seinfeld 1.03

Le 28 mars 2011 à 21:27  |  ~ 6 minutes de lecture
Après avoir introduit un peu abruptement le personnage d'Elaine, Seinfeld va proposer un épisode centré sur la relation entre les deux personnages, au travers d'un scénario plus intime mettant en scène les parents de Jerry.
Par sephja

Critique : Seinfeld 1.03

~ 6 minutes de lecture
Après avoir introduit un peu abruptement le personnage d'Elaine, Seinfeld va proposer un épisode centré sur la relation entre les deux personnages, au travers d'un scénario plus intime mettant en scène les parents de Jerry.
Par sephja

Pitch stake-out

Invité par Elaine à venir avec elle à un anniversaire, Jerry fait la connaissance d'une jeune avocate qui lui plaît beaucoup. Seulement, avec Elaine à ses côtés, la jeune femme est convaincue qu'il n'est pas libre et ne lui laisse rien d'autre que le nom du cabinet pour qui elle travaille. Jerry et Georges décident d'y aller pour faire le guet.

De la construction d'une amitié

  

 

Lors du second épisode, le personnage d'Elaine avait été étrangement parachuté, sans la moindre introduction valable, amenant un véritable plus à un épisode plutôt molasson. Le moment était donc venu de confirmer l'importance de la jeune femme en tentant de lui trouver une place forte au sein de la série. L'épisode 3 va donc clarifier certains points pour dresser le portrait d'une jeune femme très New-Yorkaise, à la fois libérée tout en conservant une apparence légèrement bourgeoise. On pourra d'ailleurs remarquer une fois de plus l'admirable travail du costumier de la série, capable de trouver le vêtement idéal pour mettre en valeur un aspect du personnage (regardez la cravate de Jerry ci dessus, parfaitement dans l'esprit du héros) 

Elaine est un personnage assez classique de sitcom : l'ex petite amie devenue amie du héros suite à la transformation de leur passion en une profonde amitié. Ils possèdent donc un passif assez fort et peuvent se parler assez librement, malgré un léger trouble qui se dissipera intelligemment en fin d'épisode. L'objectif de l'épisode est faire de Elaine la confidente de Jerry tout en esquivant tous les clichés, laissant finalement découvrir comment une relation peut se transformer en amitié. Elaine occupe simplement une place importante dans le coeur de Jerry, son attachement à elle étant très sincère, tout comme sa conviction de ne plus avoir de sentiments amoureux pour elle. 

Parfois par la suite, la série s'amusera à jouer avec les sentiments passés, mais uniquement pour mieux renforcer l'amitié qui les unit. 

 

La seule utilisation de voix off en neuf saisons

Dans les nombreuses interviews donnés par Larry David, l'auteur et co-créateur de Seinfeld a toujours nié avoir jamais utilisé la voix off, procédé jugé odieux et idiot de son propre avis. Pourtant, la première moitié de cet épisode est la preuve flagrante que l'erreur fut commise, donnant lieu à une scène à l'humour franchement discutable tant la voix off est un artifice d'une réelle vulgarité ici. Plutôt que de donner à cette anniversaire un vrai contexte, la série se montre pour la première fois assez fainéante en optant pour la solution la plus simple, mais aussi la moins drôle. 

Larry David et Jerry Seinfeld n'ont d'ailleurs jamais caché leur réserve concernant cette scène, preuve que les auteurs n'aiment pas faire dans la facilité. Heureusement, la scène suivante entre Jerry et Georges se montrera vraiment formidable, confirmant que Georges peut être drôle dans n'importe quelle situation. 

 

Georges, le mensonge et Art Venderlay

Georges n'est pas un menteur, le seul fait de tricher est pour lui une source de stress indéfinissable et nécessite de créer tout un background inutile qui ne fait que renforcer l'invraisemblance de ses propos. Le voir avec Jerry fabriquer de toutes pièces une histoire est un réel bonheur, tout comme de le voir s'embourber sous l'effet d'une simple question qui n'avait pas été anticipée. C'est alors que surgit un des running gags les plus connus de Seinfeld, celui de Art Vanderlay, personnage imaginaire que Georges utilise chaque fois qu'il essaie de mentir. 

Bien qu'il s'agisse de la seule scène de Georges durant cet épisode, elle marque l'esprit tant elle part encore une fois d'une situation de base ennuyeuse (faire le guet), pour aboutir par la seule action de Georges à un grand moment de comédie. Cette façon de s'appuyer sur un ami imaginaire pour gérer les situations de stress est une idée simplement grandiose, totalement en phase avec la nature névrotique du personnage.

 

Jerry, sa famille et Kramer 

Jerry n'ayant pas encore de confident dans la série, les auteurs trouvent une excuse en faisant intervenir sa famille dans l'épisode. Son père et sa mère (Liz Sheridan et Phil Burns, dont c'est l'unique apparition, tous deux formidables) vont l'obliger à expliquer au spectateur son point de vue concernant Elaine et ainsi donner l'image d'une famille plutôt unie et chaleureuse. Pourtant, on va rapidement découvrir que la famille Seinfeld comporte un quatrième membre indirect en la personne de Kramer, confirmant ainsi l'incroyable pouvoir d'intrusion du personnage.

Kramer retrouve dans cet épisode le rôle qui lui va le mieux, celui de trublion qui s'insère dans la vie familiale de Jerry sans la moindre difficulté. En décalage complet avec la situation, son comportement autour du jeu de scrabble est le déclencheur de nombreux rires, l'acteur faisant preuve d'une expressivité remarquable. Il est à noter d'ailleurs qu'à partir de cet épisode, Seinfeld va être enregistré en public, permettant à Kramer de beaucoup jouer sur la réaction des spectateurs. Très populaire, son personnage parvient à rendre mémorable une scène somme toute banale.

 

Tout est en place, le show Seinfeld est prêt 

  Si cet épisode trois recèle beaucoup moins d'instants comiques que le précédent, il constitue surtout la fin d'une mise en place qui aura duré trois épisodes. Seinfeld n'a pas atteint trente millions de spectateurs en un seul jour, il aura fallu d'abord attendre que la série trouve ses marques, pose chaque personnage et trouve sa propre dynamique, avant de devenir le phénomène que l'on connait. 

Les créateurs travaillent à corriger leurs erreurs, et tentent d'atteindre le parfait équilibre en trouvant la place idéale pour chacun des personnages du show. Car la moindre faiblesse, comme ce court instant de voix off, vient détruire la nature même de la série, pour n'en faire qu'une sitcom ordinaire, ce que Seinfeld ne sera jamais plus. 

 

J'ai aimé : 

  • la relation Jerry - Elaine mature et adulte.
  • Georges, tout simplement génial.
  • Kramer et la partie de scrabble. 
  • les costumes vraiment très bien choisis.

Je n'ai pas aimé: 

  • l'utilisation de la voix off, une bétise de l'aveu même de Larry David.
  • le rythme un peu lent 
  • un scénario pas assez efficace

Note: 12 / 20

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