Les difficiles relations père - fils
Tim se retrouve devant la conseillère conjugale qui doit décider quel foyer sera le meilleur pour le bien-être de son fils Marcus qui le déteste. Aussitôt, il va dresser un portrait de son paternel terrifiant, cherchant la moindre occasion pour lui détruire l'existence à coup de petites étoiles noires qu'il colle abondamment sur son tableau d'évaluation. Et quand son père devient un héros pour avoir sauvé Jarek, un sans-papier bulgare, Marcus voit une occasion en or de lui pourrir encore plus l'existence.
Résumé de la critique
Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi :
- une bataille entre un père et son fils délirante
- une histoire d'espionnage inégale
- des personnages secondaires qui donnent un rythme surprenant à cette comédie
- une série prometteuse
Marcus VS Tim
Si le premier épisode tentait de mettre en place le héros Tim et la partie espionnage de SPY, celui-ci va se concentrer sur la nature de ses relations entre lui et son fils Marcus. Joué à merveille par Jude Wright (le jeune garçon ci-dessus), cet enfant est un personnage négatif absolument jouissif, possédant un caractère froid et impitoyable totalement à l'opposé de son père. La guerre perpétuelle qu'il mène contre lui rend Tim et son style lymphatique encore plus sympathique, créant un vrai décalage entre la banalité du héros et l'aspect caricatural du monde qui l'entoure.
Intrigue fil rouge très riche, cette opposition sert de moteur à un épisode bien plus réussi que le pilote, offrant un épisode beaucoup plus dynamique. Si l'arrivée de Jarek se fait sur une scène assez moyenne, son intégration au plan de destruction massif de Marcus est une excellente idée de comédie, jouant avec les clichés pour mieux les détourner. L'arrivée de l'émission de télévision va d'abord faire le jeu de Tim, le transformant en héros aux yeux du reste du monde et contraignant son fils à reconnaître en apparence sa défaite.
Malheureusement, le jeune garçon est un fin tacticien qui va transformer ces quelques minutes de gloire en une longue humiliation, frappant un père qui a pour seul bouclier un amour pas du tout réciproque. Grâce au jeu exceptionnel de ce jeune garçon impayable, SPY parvient à convaincre malgré une partie espionnage toujours aussi inégale.
Espionnage façon Johnny English
Si les scènes avec Marcus sont brillantes, les scènes d'espionnages vont toujours peiner à faire preuve de crédibilité, surtout que Tim semble devenir le chouchou de The Examiner, son patron psychotique adepte des armes. Si les dialogues sont très plaisants, certains gags trop potaches alourdissent l'épisode comme celle où l'un des élèves espions demandent le droit d'aller à l'hôpital. Ne reniant pas ses racines anglaises, SPY se place en héritier du comique nonsense, à mi-chemin entre un héros très humain et un univers parodique partiellement déjanté.
Malheureusement, si certains gags sont vraiment drôles, certains sont un peu trop appuyés, les auteurs faisant preuve d'un manque de subtilité regrettable. En fanatique des armes, Robert Lindsay est bien meilleur que dans le pilot, trouvant lentement la bonne approche de son personnage. Le point le plus positif vient par contre de Caitlin (voir ci-dessous) qui forme un excellent duo avec Darren Boyd, apportant une petite touche d'humanité à un bureau du MI-6 qui en manque cruellement, cherchant encore l'équilibre de ton entre parodie et série d'espionnage.
Même si des progrès restent à accomplir, SPY possède un potentiel surprenant, se plaçant sans complexe à la suite d'un Johnny English, mais avec une touche d'humilité supplémentaire qui fait tout son charme.
Un rythme endiablé grâce à la valse des personnages secondaires
Si les auteurs de SPY ont bien compris un point important, c'est qu'une comédie se doit de posséder un rythme suffisant rapide pour la rendre totalement imprévisible tout en conservant une certaine maîtrise. Dans le domaine, SPY a réussi en deux épisodes à en poser pas moins de cinq personnages secondaires récurrents, Jarek connaissant malheureusement un destin assez funeste. Le plus allumé est Chris, le meilleur ami du héros qui possède un magasin de matériel informatique où il "travaille" avec une stratégie commerciale qui se limite à glander le plus possible tout en méprisant totalement ses clients.
De l'autre côté, Tim se doit d'affronter une épouse qui est clairement à l'origine du comportement pédant et hautain de son fils, traînant son nouveau mari Philip comme un vulgaire esclave. Ce personnage, incarnation parfaite de l'esprit décalé du show, n'a pour autre but que de fournir le même gag épisode après épisode, apparaissant brutalement dans le champ dès que son nom est prononcé. Prenant fréquemment la défense de Tim, il n'est l'objet d'aucune reconnaissance, prouvant la volonté des auteurs de s'appuyer sur une routine forte.
Je passe sur le conseillère conjugale nymphomane, le directeur du MI-5 psychotique et les collègues de Tim qui servent de souffre douleur à The Examiner. Sans la moindre vraisemblable, SPY n'hésite pas à accélérer le récit par le recours inattendu à l'un ou l'autre de ses personnages, donnant au final un scénario entraînant sans réel temps mort.
Beaucoup de potentiel
Après un pilot assez moyen, SPY prouve qu'elle possède un potentiel indéniable, offrant quelques gags bien pensés grâce à des personnages hauts en couleur. Pris entre un fils hautain et ingrat dont il cherche la reconnaissance et un travail qu'il doit absolument garder secret, Tim apparaît comme le héros idéal, à la fois humble et courageux, retrouvant dans ce travail une estime de soi que son ex-femme et sa progéniture se sont chargée de réduire à néant. Un second épisode qui montre le vrai visage d'un show qui a toutes les qualités pour devenir une nouvelle comédie anglaise à succès.
En conclusion, un épisode très sympathique, surtout par la confrontation terrible entre Tim et son fils, interprété par le jeune Jud Wright simplement remarquable. Après un démarrage un peu poussif, la série trouve son rythme et nous offre vingt minutes de bonne comédie malgré quelques lourdeurs. Un show à suivre pour les amoureux de série anglaise qui sont près à pardonner l'énormité du pitch de départ et à suivre les aventures d'un espion très commun perdu dans un univers totalement fou.
J'aime :
- le duo père - fils porté par deux excellents comédiens
- le rythme très rapide
- les personnages secondaires
Je n'aime pas :
- certains gags un peu lourd
- l'univers du MI-5 pas assez crédible
Note : 13 / 20
Entre un héros terriblement banal et un univers furieusement parodique, SPY commence à trouver un certain équilibre et nous propose une comédie anglaise vraiment réjouissante. A noter la performance remarquable de Darren Boyd et Jude Wright qui incarne un duo père - fils particulièrement réussi.