Critique : SPY (2011) 1.06

Le 19 décembre 2011 à 13:52  |  ~ 8 minutes de lecture
Un season final réjouissant pour une comédie anglaise qui est, à mes yeux, l'une des bonnes surprises de 2011.
Par sephja

Critique : SPY (2011) 1.06

~ 8 minutes de lecture
Un season final réjouissant pour une comédie anglaise qui est, à mes yeux, l'une des bonnes surprises de 2011.
Par sephja

Spy season final 1

Le grand jour de l'audience est arrivé pour Tim et Marcus, la justice devant décider qui aura la garde définitive du jeune garçon. Pendant que Marcus prépare le procès à fond afin de s'assurer d'être débarrassé de son père, Tim passe l'examen final d'entrée au MI-5. L'occasion pour lui de devenir un vrai agent secret, mais aussi d'avouer ses sentiments pour Caitlin lorsque son fiancé, un espion de la CIA, réapparait brutalement après des mois de mission d'infiltration. 

 

 

Résumé de la critique 

Un season final très réussi que l'on peut détailler ainsi : 

  •  Tim seul face à ses juges 
  •  une série qui sait se montrer folle avec intelligence
  •   un dernier regard de Marcus qui en dit beaucoup 
  •  un bilan de saison positif

 

 

Seul face au jugement des hommes

Pour son dernier épisode cette saison, Spy place Tim sur le banc des accusés, obligé de faire face à un ex-femme qui veut lui prendre la garde de Marcus. Le jeune garçon en rajoute évidemment, préparant minutieusement le procès pour s'assurer de la victoire de celle-ci, marquant toujours aussi clairement sa préférence. Seul, sans personne pour l'aider, le héros de Spy mise une fois de plus sur son honnêteté et se présente sans artifice dans un univers où chaque personnage apparait comme la caricature de quelque chose.  

S'amusant beaucoup à citer le pilote, les auteurs marquent l'évolution de leur personnage principal, cherchant à mettre en évidence les points qui vont permettre à Tim de se défendre face à Marcus. La question se pose en fait de savoir s'il aime vraiment son fils malgré le divorce et s'il constitue un bon exemple pour celui-ci. De même, au MI-5, The Examiner prépare ses candidats pour le test final qui permettra à Tim de devenir un agent à part entière ou d'être disqualifié, marquant la fin d'une saison d'introduction toujours aussi peu concluante de ce point de vue. 

Certaines répliques sont vraiment drôles, le duo entre Tim et Caitlin est toujours aussi bons, mais les séquences au tribunal sont tellement plus drôles et fortes que les scènes d'examens paraissent trop lentes en comparaison. 

 

Un procés hilarant

L'épisode démarre brutalement avec le départ de Marcus de l'appartement de Tim, celui-ci marquant cruellement le coup face à cet instant craint depuis le début de saison. Malgré sa cruauté et sa froideur à son égard, Marcus reste son fils et Tim décide de se battre non pas pour le garder, mais pour obtenir son affection et sa reconnaissance. Les enjeux de cette séquence au tribunal sont énormes, la tension est forte pour le héros, offrant une possibilité évidente de faire basculer la série dans le mélodrame sur la difficulté pour un père d'obtenir le droit de garde.

Pourtant, c'est avec tout ceci que Spy va nous offrir huit minutes de grand n'importe quoi, succession grandiose de séquences absurdes, décalées  avec un Dominic Coleman totalement délirant dans le rôle du juge. Les répliques sont délirantes, le jugement hyper subjectif, envoyant aux orties tout le plan de Marcus grâce à l'intervention de Chris en avocat providentiel. Le réalisme est totalement bafoué, le délire permanent avec l'irruption de Paula en témoin hystérique apporte une touche de folie communicative supplémentaire tout comme l'enthousiasme de Philip à la moindre victoire de Tim.

No offense Philip.

 Les auteurs de Spy prouvent alors qu'ils sont plus à leur aise dans leur monde imaginaire où les juges se déshabillent en plein procès (voir ci-dessous) et où l'émotion est le seul argument recevable dans un jugement. Un univers dans lequel Marcus cherche la place idéale, jeune garçon à la recherche de sa propre identité, pris dans un conflit entre différents modèles.

 

 

Darwin VS Marcus

Au milieu de toute cette histoire, il y a Marcus, un jeune garçon influençable et intelligent, en quête d'une image paternelle forte, incarné pour l'instant par un Philip trop consensuel pour faire le poids. Le problème de Marcus est qu'il est impossible de dépasser cet expression figé qu'il arbore perpétuellement pour savoir ce qu'il ressent vraiment, le garçon devenant un vrai mystère même pour son père. L'occasion de souligner une fois de plus la performance incroyable du jeune Jude Wright, d'une fragilité incroyable lors de la scène des larmes avant de reprendre en une seconde un visage froid et hermétique

Contrôlant tout, jusqu'à sa propre évolution, Marcus pousse Tim à avancer, à s'améliorer et à se battre pour se montrer digne de lui. D'une certaine manière, son indifférence agit comme un stimulant pour son père qui est prêt à tout pour redevenir son héros. Avec intelligence, la dernière scène de l'épisode laisse enfin tomber le masque, laissant apparaître une expression si subtile qu'elle apporte une seconde lecture à l'épisode, donnant un vrai sens à une comédie qui s'achève avec un certain brio. 

Faire du besoin d'être un père un espace de comédie était un pari risqué que les auteurs relève avec succès sans verser dans la parodie outrancière, posant intelligemment les implications qui découlent du fait d'être père. Tim a finalement terriblement besoin de son fils, celui-ci le poussant à dépasser la déception du divorce et à se montrer meilleur que le jugement sans concession que son ex-femme porte sur lui. 

 

Bilan de la saison un 

Série comique anglaise sans prétention, Spy raconte deux histoires : l'une assez moyenne où Tim devient par accident agent du MI-5 et une brillante sur sa relation avec son fils Marcus. Fonctionnant énormément sur l'humour de répétition, la série a besoin d'un peu de temps pour s'installer, reposant au début beaucoup sur le talent de ses interprètes. Darren Boyd prouve qu'il est un excellent acteur comique, pendant que Jude Wright crève totalement l'écran, jeune garçon prétentieux et hautain refusant d'aimer son père. 

La partie espionnage est un peu moins brillante, la faute à un manque de crédibilité terrible et des gags parfois un peu lourd liés en grande partie à The Examiner, Robert Lindsay se montrant peu convaincant au début. Malgré tout, le personnage de Caitlin  et les gags souvent hilarants de la porte de sécurité suffisent à créer une routine comique assez efficace. Assez vite, les auteurs constatent que c'est en abandonnant toute crédibilité et en proposant un univers un peu fou que la série trouve une dynamique vraiment payante. 

Tim est le seul être normal de cet univers un peu fou et c'est sa normalité qui le rend irrésistible aux yeux des autres, tout le monde lui montrant un amour qui est au centre de la série. Pourtant, Tim n'ose pas le rendre, montrant une retenue qui le rapproche un peu de Marcus, là où Paula et les autres ne cessent de lui montrer leur affection. Positive, sympathique, fréquemment drôle, Spy raconte une histoire sur la difficulté pour un père de montrer son amour à son fils et sur la peur du jugement des autres.

Une jolie première saison, pour une bonne surprise... et non, je n'ai aucune envie de parler de Philip.

No offense Philip.

 

J'aime :

  •  la séquence du tribunal est tordante 
  •  Dominic Coleman est formidable et Jude Wright est incroyable une fois de plus 
  •  un final plutôt intelligent 
  •  un enthousiasme des auteurs réjouissant 

 

Je n'aime pas : 

  •  la séquence au MI-5 entre Caitlin et son fiancé qui casse le rythme 

 

Note : 14 / 20 

Une belle conclusion pour cette saison un de Spy, série un peu folle qui aura réussi à imposer son style avec un certain succès. Le talent des interprètes, l'enthousiasme des auteurs et une séquence au tribunal absolument brillante donne tout son charme à un show qui aura su, petit à petit, installer son univers particulier. L'une des bonnes surprises totalement inattendues de 2011.


Merci à SerieAll de m'avoir laissé commenter cette saison un de SPY, une série que je recommande. A l'année prochaine pour la suite, j'espère.

 

Ajout de dernière minute : SPY est renouvelée pour une seconde saison de dix épisodes plus un épisode d'une heure pour Noel. 

L'auteur

Commentaires

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Belle critique et bel ajout de dernière minute ! La scène du tribunal est effectivement géniale :D

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