Critique : SPY (2011) 1.03

Le 20 novembre 2011 à 04:34  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui confirme les qualités du show dans son premier acte avant d'en laisser apparaître les limites.
Par sephja

Critique : SPY (2011) 1.03

~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui confirme les qualités du show dans son premier acte avant d'en laisser apparaître les limites.
Par sephja

Piratage et destruction d'orgueil

Toujours en guerre contre son père, le jeune Marcus cherche à prouver que Tim est sujet à des problèmes de gestion de la colère. Devenu le chouchou de son supérieur au MI-5, celui-ci reçoit une formation sur le piratage informatique, lui offrant une occasion en or de se venger. La veille de la réunion parent-professeur, il modifie les notes de Marcus, l'obligeant à lui présenter un bulletin parsemé de mauvaises notes. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une opposition Marcus - Tim toujours aussi réussie 
  •  une intrigue d'espionnage qui traine toujours un peu 
  •  "Sans rancune Philip" 
  •  un épisode qui marque un coup de fatigue 

 

 

Une relation père – fils à base de coups bas

Point fort de l'épisode précédent, la relation Marcus – Tim confirme tout son potentiel, l'opposition des deux apportant clairement les meilleures scènes du show. La scène d'ouverture est l'exemple parfait de ce que la série peut proposer de mieux, avec beaucoup de rythme et une mauvaise foi délicieuse de la part du jeune insolent. La séquence où Marcus demande à Tim de cesser de le battre est irrésistible, Jude Wright nous prouvant une fois de plus l'ampleur de son talent tant le timbre mielleux de sa voix est simplement irrésistible.

Après une formation rapide en piratage informatique, le nouvel agent du MI-5 décide de punir son fils en modifiant toutes les notes de son bulletin, sans que celui ci puisse deviner d'où vient le coup. Si l'humiliation apporte une scène savoureuse, elle va vite se heurter à une  limite qui va empêcher l'épisode de décoller vraiment : Marcus ne peut pas deviner que son père est le vrai responsable de son humiliation. Sans la possibilité d'une vengeance, le combat devient inégal, les scénaristes ratant l'occasion de montrer combien Tim aime sincèrement son fils. 

Le rythme est toujours là, l'humour aussi, mais la lutte est trop déséquilibrée et la victoire apparaît assez amer, loin de l'image habituellement positive et inoffensive du personnage principal. C'est d'ailleurs à partir de ce point que la mécanique du show s'enraille, laissant apparaître clairement son manque flagrant de crédibilité, surtout une fois passée dans les rangs du MI-5.   

 

Une série anglaise qui manque de folie 

Evidemment, mon tire peut prêter à sourire tant les séries anglaises sont mondialement reconnues pour leur petit grain de folie, surtout dans le registre de la comédie. Chaque fois que Tim passe le portique de sécurité du MI-5, la série laisse espérer un franc n'importe quoi, du pur nonsense qui n'arrive jamais, les auteurs montrant une manque d'inspiration surprenant, surtout concernant The Examiner. Seules quelques répliques sur la légalité du piratage parviennent à décrocher un sourire, le reste laissant une impression de déjà-vu désagréable. 

Le personnage de Caitlin est clairement sous employée, son histoire de forum possédant un potentiel beaucoup trop limité. Seul le dernier gag se montre à la hauteur d'un personnage assez attachant très bien interprété Rebekah Staton, mais reste à peine utilisé par des scénaristes trop timides. Sans le moindre fil rouge, ces histoires d'espionnages ne placent jamais Tim en difficulté, en particulier par rapport à Marcus qui possède pourtant l'intelligence pour découvrir que son père lui cache quelque chose.

Trop pauvre en personnage, l'univers du MI-5 laisse une sensation de vide, entraînant un déséquilibre au sein du récit entre la partie espionnage et la comédie familiale. Trop sage, elle n'ose pas pousser le délire jusqu'au bout, les passages à l'agence entraînant des ralentissements regrettables au sein du récit.

 

 

No offense Philip 

Comédie britannique un peu folle, SPY essaie de développer ses personnages secondaires avec plus ou moins de réussite, une préférence pour l'ex-femme carnassière et la psychologue totalement dérangée. La capacité de celle-ci à surgir dans les moments inattendus est un très bon moteur de comédie, le héros se retrouvant contraint de faire de la défense passive en tentant vainement de la repousser. Seulement, s'il parvient à accepter tous ses personnages, il y en a un qu'il ne peut plus supporter, à savoir Philip le nouveau mari de sa femme. 

S'il le déteste, c'est avant tout parce qu'il est son concurrent auprès de son fils, véhiculant une image toujours positive et serviable envers une épouse dominatrice et castratrice. Les auteurs ont alors l'étrange idée de vouloir développer cette relation, Philip s'avérant être le professeur de son fils, nous offrant une scène totalement irréaliste et sans ressort comique. Difficile en effet de croire que personne ne s'aperçoive que Tim a truqué les résultats, en particulier son professeur, entraînant une discussion sur les influences que subit Marcus pas très bien construite.

Personnage comique particulièrement drôle jusqu'ici, Philip ne fonctionne pas vraiment dans cet épisode, manquant cruellement de crédibilité dans le rôle d'enseignant à l'exception de la scène finale du câlin hilarante. Seul Chris, véhiculant une image totalement désastreuse sur Marcus, va permettre de conclure efficacement un épisode qui aura connu un vrai trou d'air dans son deuxième acte.

 

La frontière entre crédibilité et invraisemblance 

Avec cette histoire de notes et de piratage, SPY nous offre l'exemple parfait de la mauvaise idée, surtout qu'elle ne permet pas un réel affrontement entre Tim et Marcus. Le fait que personne ne s'aperçoive du subterfuge est peu crédible, le jeune garçon incarnant l'élève idéal, fanatique d'histoire et en particulier de lectures ouvertement républicaines. La question de l'influence des autres sur son développement personnel est intéressante, mais souffre du manque de vraisemblance de cette intrigue, entraînant une baisse de régime dans le second acte.

En conclusion, SPY confirme toutes ses qualités dans la première moitié de l'épisode, l'opposition entre Tim et Marcus se révélant toujours aussi amusante. Dommage par contre que le scénario s'égare dans une intrigue autour des notes de son fils, perdant le soupçon de crédibilité qui permet de faire fonctionner la série. Une intrigue qui permet de voir le problème principal de SPY, à savoir la difficulté de conserver un minimum de vraisemblable, surtout au vu de son pitch de départ. Reposant sur des bases trop faibles, le show fournit un divertissement certes de qualité, mais inégal dans son deuxième acte. 

 

J'aime : 

  •  la première moitié énergique et très drôle 
  •  certains dialogues savoureux 
  •  l'allusion de Marcus concernant la nature violente de son père

 

Je n'aime pas : 

  •  le premier face à face Tim - Philip 
  •  l'exploitation de l'idée du changement de notes 
  •  la crédibilité du show mis à mal 

 

Note : 12 / 20 

Toujours aussi drôle et dynamique, SPY déçoit un peu, nous offrant un épisode à l'intrigue principale maladroite et assez pauvre. Si voir Marcus s'en prendre à son père est assez jouissif, la situation inverse s'avère beaucoup moins drôle et peu crédible, donnant une image du héros pas vraiment reluisante. Pas assez crédible, le scénario peine à trouver des ressorts comiques surtout dans la scène en face à face entre Tim et Philip, no offense Philip. 

L'auteur

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