Confrontation et manipulation
La police débarque dans le quartier trop paisible des Altman pour enquêter sur le vol de poupées "Shirley Temple" de Sheila Shay. Aussitôt, les habitants s'inquiètent pour leur sécurité, Dallas se réfugiant avec sa fille chez Georges et Tessa sous l'effet de l'angoisse générée par ce fait-divers. La cohabitation va offrir une occasion en or à la fille Altman pour convaincre son père de la nécessité d'un retour urgent à New York.
Résumé de la critique
Un épisode moyen que l'on peut détailler ainsi :
- un scénario maladroit et incohérent
- une dynamique entre les personnages qui commencent à évoluer
- un manque de contenu qui se fait sentir du point de vue des personnages secondaires
- Suburgatory dans une impasse
Un démarrage chaotique
Pour une comédie, les premières minutes sont décisives tant elles doivent mettre en place l'intrigue au plus vite et avec assez d'agilité pour permettre d'intégrer les premiers effets comiques. Le problème réside ici dans une faute grave que commet le scénario en plaçant en avant les problèmes d'intégration des Altman, surtout que Suburgatory abuse du registre du pathétique et semble incapable de trouver un vrai moteur au récit. L'idée mal amenée de faire débarquer la famille de Dallas chez les Altman va poursuivre sur le même registre, les auteurs paraissant incapable de proposer une intrigue crédible.
Heureusement, la suite va trouver petit à petit une piste intéressante avec l'opposition de Georges et Tessa, l'un parvenant à voir au-delà des apparences là où l'autre demeure vraiment étroite d'esprit. Plus efficace que d'habitude, le duo entre Jeremy Sisto et Jane Levy subisse eux aussi le sentiment d'insécurité avec l'intrusion des Royce dans leur existence. La mécanique comique parvient enfin à démarrer à partir de ce point, même si la sensation de remplissage reste indéniable, donnant l'impression que Suburgatory est venue à bout de son concept
La fin est heureusement plus rythmée, s'entravant malgré tout dans une histoire de poupée dramatiquement mauvaise, avant de fournir enfin quelques répliques comiques un peu plus inspirées. L'ensemble s'achève sur le sentiment que le show n'est parvenu que trop tard à transcender les clichés pour transformer Dallas et Dalia en véritable être humain.
Le duo Georges - Tessa qui cherche sa dynamique
Au centre de l'histoire, nos deux New-Yorkais semblent ne pas avoir beaucoup évolués depuis le pilote dont cet épisode reprend beaucoup d'éléments. Profitant habituellement d'intrigues séparées, la famille Altman se réunit un temps pour mieux se déchirer, passant fréquemment de la cohésion à l'opposition, suivant que Tessa considère son père ou non comme responsable de ses malheurs. Leur rapport devient alors plus complexe, entre attachement et répulsion, renouant avec un portrait classique mais attachant du rapport père-fille plutôt efficace.
Loin d'être parfaites, les scènes en duo sont les plus riches en élément comique, abandonnant les clichés sur leurs voisins au profit d'un récit qui tente de percer le masque de Dallas et Dalia. L'histoire devient alors bien plus intéressante, créant un début de connexion entre les membres des deux familles tout en se moquant de leurs stéréotypes respectifs. Pas sûr pour autant que cela suffise à relancer une série toujours aussi avare en contenu et peu inspirée, surtout que les intrigues semblent souffrir beaucoup à se renouveler.
Un manque de contenu inquiétant
Difficile de ne pas faire la moue devant le manque de dynamisme de cet épisode qui semble chercher à plusieurs reprises l'inspiration, sans la moindre profondeur et recyclant fréquemment les mêmes recettes. Les personnages semblent ne servir qu'à fournir un type de gag précis de plus en plus prévisible, donnant une structure trop rigide à la série pour être vraiment intéressante. Comme des poupées sans âme, les comédiens n'ont pas l'occasion d'exister vraiment, les scènes à l'école étant de loin les moins intéressantes de la série en ne servant qu'à aligner les situations les plus prévisibles
Enfermée dans un mécanisme clos, Suburgatory donne l'impression de filer droit dans le mur, avec un manque d'inspiration de plus en plus flagrant et des histoires peu crédibles et ennuyeuses. Pourtant, le duo de comédiens principaux parviennent par moment à extraire la série de sa routine au profit de quelques dialogues inattendus, mais pas suffisant pour arracher plus qu'un simple ricanement. Pourtant, le potentiel est présent, mais peu ou pas exploité par des scénaristes qui semblent n'avoir pas d'autre objectif que de remplir l'épisode avec des storylines sans saveur et sans le moindre souci de crédibilité.
Au risque de passer pour un râleur
Difficile de plus en plus de trouver un véritable intérêt pour cette série qui stagne lamentablement, incapable de dépasser un pitch de départ finalement pas très adroit. Le thème de la mère est très mal exploitée et de plus en plus abandonnée au profit d'une histoire d'intégration sans saveur. Sans évolution, la série raconte le quotidien d'un univers figé, où l'habitude cède le pas très vite à la magie d'un jour nouveau qui devrait permettre de se réinventer encore et encore. Si l'objectif de la série était de parler des dangers de la routine et de l'enfermement, alors Suburgatory atteint parfaitement son but.
En conclusion, un épisode décevant pour un épisode à l'intrigue peu réussie, l'épisode ne commençant que trop tardivement avec la scène de la batte de base-ball. Si les comédiens tentent pour le mieux de faire exister leurs personnages, le manque de crédibilité du récit et de force des enjeux nuisent aux quelques bonnes répliques parsemées dans l'épisode. Un nouveau volet du show qui confirme que Suburgatory n'a pas d'autres buts que de se moquer des mêmes clichés, encore et encore, pour masquer l'absence de véritable contenu.
J'aime :
- la scène de la batte de base-ball trop lente, mais intéressante
- Tessa obligée de s'allier avec Dahlia
Je n'aime pas :
- l'intrigue des poupées, prévisible et mal introduite
- les personnages secondaires qui donnent l'impression de ne posséder aucune âme
- un récit très prévisible
- peu d'évolution depuis le pilote
Note : 10 / 20
Malgré quelques éléments amusants, Suburgatory propose un nouveau scénario particulièrement peu crédible, avec comme point de départ une histoire de poupées prévisible et ennuyeuses. Les comédiens apportent heureusement un peu de vie à une série qui s'efforce d'aligner les mêmes clichés sans chercher à se renouveler en profondeur.