Critique : Suburgatory 1.22

Le 01 juin 2012 à 11:20  |  ~ 9 minutes de lecture
Un season final assez anecdotique pour Chatswin, mais décisif concernant la relation entre Georges et sa fille.
Par sephja

Critique : Suburgatory 1.22

~ 9 minutes de lecture
Un season final assez anecdotique pour Chatswin, mais décisif concernant la relation entre Georges et sa fille.
Par sephja

Fête des mères 

 

Le début du mois de mai est l'occasion pour les familles de Chatswin de célébrer la fête des mères au travers d'une multitude d'attentions excentriques et onéreuses, célébrant l'unité de leur famille. Pour Tessa, ce jour n'existe pas vraiment, son attention se portant beaucoup plus sur le courrier et l'attente de la réponse concernant sa demande de stage. Pendant ce temps, Georges et Eden se prépare pour le baby shower des Werner, fête délirante d'un mauvais goût particulièrement marqué. 

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  la victoire de la communauté sur l'individu
  •  la place de Tessa à l'intérieur de la série 
  •  des seconds rôles qui font la différence 
  •  un bilan de la saison un 

 

 

Les valeurs de Chatswin 

 

Pour son season final, Suburgatory se trouvait devant deux problématiques, à savoir un duo Tessa - Georges qui n'existe plus vraiment et une multitude de storylines annexes à résoudre. En ce jour de fête des mères, c'est Chatswin qui va se retrouver au premier plan dans cette intrigue, le scénario oscillant entre le cross des mères de famille et le baby shower des Werner. L'occasion pour les auteurs d'un complet recentrage de l'intrigue, ce dernier épisode apparaissant avant tout comme une porte ouverte sur une seconde saison, préparant le terrain en conservant une bonne part des intrigues irrésolues.

Ainsi, la situation d'Eden reste en suspens, l'histoire du jour se limitant à révéler la vraie nature des Werner, storyline un peu forcée tant cette chambre d'enfant monstrueuse force un  peu trop le trait. Certes, Noah est impulsif et imprévisible, mais les auteurs continuent de peiner à trouver l'équilibre entre excentricité et vulgarité, manquant de cette petite touche de finesse dans l'écriture qui permettrait d'équilibrer le mauvais goût assumé des séquences un peu délirantes. La scène en particulier où Eden évoque le comportement de Tessa envers sa mère est assez mal amenée, donnant une trop grande importance au personnage d'Alicia Silverstone.

Finalement, la vérité apparaît peu à peu sur la nature monstrueuse du choix originel de Georges, chaque famille de ce quartier renvoyant à Tessa le souvenir de l'absence de sa mère. La découverte de la vraie raison de sa colère contre Chatswin va entraîner une modification intéressante de la position de l'héroïne au sein du show, cherchant un changement majeur assez intéressant pour l'année prochaine.

 

La rupture entre père et fille 

 

Si pour les habitants du quartier, le temps est à la célébration de l'unité familiale, pour les Altman c'est l'instant d'une rupture profonde, une séparation qui s'est construite au fil de la saison. Perdant lentement sa relation privilégiée avec sa fille, Georges découvre combien son geste initial consistant à déménager était peu judicieux, donnant à celle-ci l'impression de ne plus peser dans ses choix. Abandonnée à elle-même dans un quartier inconnu, la narratrice laisse paraître une faiblesse assez touchante, abandonnant pour de bon son combat pour intégrer un univers où elle ne trouvera jamais sa place.

L'absence de la mère qui formait la base de l'intrigue de départ revient trop tard redonner de l'intensité à ce final, brisant une intrigue portant sur l'incapacité de Tessa de s'intégrer à ce nouveau monde. Si Georges a trouvé son propre bonheur, sa fille n'a réussi qu'à se construire des amitiés de passage, cherchant au travers de sa relation avec Dallas une complicité qui n'existera jamais. Face à sa propre tristesse et à l'aveuglement de son père, la jeune femme fait le choix qui s'impose en optant pour la fuite, loin d'une souffrance si profonde et refoulée qu'elle est en devient effrayante.

Enfant rejetée par sa mère, Tessa vit avec ce syndrome de l'abandon qui aura mis beaucoup trop de temps à apparaître clairement, donnant enfin un peu de sens à son incapacité à s'intégrer. Sa colère contre Dalia devient l'expression non pas d'un mépris, mais d'une certaine jalousie, alors qu'elle constate la capacité de l'amour maternel à tout pardonner. Une histoire au final pathétique et assez triste, posant la question suivante : Suburgatory est-elle vraiment une comédie ou la chronique amère de Tessa, à la recherche de sa place dans l'univers ?

 

 

Des seconds rôles qui gèrent la partie comique  

 

Malgré une intrigue de base plutôt sombre, les scénaristes vont essayer d'offrir un minimum de comédie, s'appuyant pour cela sur Alan Tudyk et Ana Gasteyer qui vont connaître des fortunes diverses. Concernant les Werner, la scène de la chambre pour bébé est remarquable du point de vue du travail des décorateurs, Suburgatory ayant toujours profité du travail remarquable de la direction artistique. Mais si le style visuel est soigné, les dialogues s'avèrent assez pathétiques, montrant combien la jalousie de Noah pour Georges l'a finalement rendu assez antipathique, donnant un sentiment d'une lourdeur assez prononcée.

De la même manière, la storyline d'Anne Gasteyer va connaître une conclusion très décevante malgré un excellent démarrage où la comédienne faisait preuve de cette arrogance qui lui réussit parfaitement. L'ajout d'un Chris Parnell maladroit aurait dû suffire à fournir un grand moment de comédie, ce qui ne sera pas le cas, la faute à une inspiration finale idiote concernant James Ingram, conclusion bâclée et décevante. Un développement qui souligne l'aspect assez superficiel et bouche-trou de l'intrigue concernant Lisa Shay qui ne vaut que par le parallèle qu'elle induit par rapport à l'histoire de Tessa.

En définitive, un season final en demi teinte, parvenant à faire enfin évoluer dans le bon sens le personnage de Tessa, mais peinant à faire rire à cause de deux intrigues comiques mal pensées à la conclusion décevante. La scène où Dallas parle avec son chien s'avère aussi inutile, la présence de Whoopi Goldberg à la voix n'apportant pas grand-chose et appuyant d'un show qui ne sait pas mettre ses qualités en valeur. Si la profondeur de l'épisode surprend dans sa conclusion, son incapacité à faire sourire inquiète, dressant le portrait d'une série encore en quête d'identité.

 

Un nouveau monde 

 

Difficile de faire un bilan de cette première saison tant la série aura connu deux évolutions différentes, une concernant Chatswin, l'autre concernant les Altman. L'objet principal de l'attention des scénaristes cette année aura été de construire l'identité de ce quartier, profitant pour cela d'un casting pléthorique avec en particulier un Alan Tudyk en grande forme tout comme Anne Gasteyer, les voisins des Altman devenant la base des séquences comiques de la série. Seulement, à force de jouer sur les clichés et de miser sur une certaine vulgarité pour faire sourire, la création d'Emily Kapnek a fini par enfermer ses différents personnages dans une mécanique décevante, les empêchant d'exister pleinement. 

L'exemple le plus flagrant fut Dalia, personnage conçu pour être un élément majeur de comédie, mais qui va se heurter à sa propre rigidité, servant le plus souvent à faire des placements produits grossiers. Au lieu d'une comédie douce-amère sur une fille perdue dans un univers qui n'est pas le sien, Suburgatory a offert des intrigues basiques et parfois vulgaires où la posture de Tessa consistait uniquement à subir sans vraiment participer. Une passivité qui va beaucoup nuire à un show sans véritable continuité, drôle par instant, mais trop souvent pathétique à cause de mauvais choix narratifs.

Ainsi, le couple père - fille n'aura existé que durant les premiers épisodes, les scènes entre Jeremy Sisto et Jane Levy devenant de plus en plus rares. Sans fil directeur, cette saison se sera écoulée comme une suite de stand alone plus ou moins ambitieux, ne donnant pas beaucoup d'épaisseur à deux personnages principaux pourtant intéressants. Assez réussi de ce point de vue, le final laisse enfin apparaître une rupture apparente entre Tessa et Georges aux conséquences très intéressantes en renvoyant Georges à son erreur première.

Une saison assez décevante à la vue du potentiel de départ, mais qui aura réussi lors des fêtes de fin d'année de montrer qu'elle possédait ce grain de folie qui font les bonnes comédies. Il ne reste plus aux auteurs qu'à cesser d'abuser des clichés et construire des personnages plus attachants qui nous donnent envie de rire avec sans avoir pour cela à se moquer d'eux.

 

J'aime :

  •  la cassure entre Tessa et Georges 
  •  Jane Levy plus convaincante dans un registre plus sombre 
  •  la scène d'ouverture d'Anne Gasteyer 

 

Je n'aime pas : 

  •  la conclusion de l'histoire des Shay 
  •  Noah Werner de moins en moins drôle 
  •  la présence trop importante prise par Eden 

 

Note : 12 / 20 

Un season final intéressant par l'évolution qu'il propose du personnage de Tessa, laissant apparaître une vraie fragilité que sa vie à Chatswin n'a de cesse de lui remémorer. Malheureusement, les intrigues comiques secondaires se montrent moins inspirées, les deux se concluant de manière assez maladroite, malgré un bon potentiel de départ.

 

Merci aux correcteurs de SerieAll et aux commentaires très intéressants présents sur le site. Plus personnellement, merci à Emily pour les épisodes 18 et 19, nos conversations ont été très enrichissantes. A l'année prochaine pour la saison deux.

L'auteur

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