Critique : Suburgatory 1.06

Le 08 novembre 2011 à 04:15  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui confirme que la série peine toujours autant à se trouver une âme avec un second acte bien mieux inspiré.
Par sephja

Critique : Suburgatory 1.06

~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui confirme que la série peine toujours autant à se trouver une âme avec un second acte bien mieux inspiré.
Par sephja

Charity business 

Tessa Altman se sent scandalisée par le gaspillage de nourriture dont elle est témoin à la cafétéria, tentant de gagner les habitants de Chatswin à sa cause. Seulement, son oeuvre caritative va être détournée de son objectif premier pour prendre une tournure pathétique après l'intervention de Dalia. De son côté, Georges est embauché par son meilleur ami Noah qui veut faire des rénovations dans sa salle de bains. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode assez moyen que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un scénario qui se cherche durant la moitié de l'épisode 
  •  les dangers de la non-intégration 
  •  un dernier acte qui trouve enfin le format idéal 
  •  Suburgatory en quête d'identité 

 

 

Un mauvais démarrage 

Le fait de rater la moitié de l'épisode semble devenir une règle pour Suburgatory qui va beaucoup peiner à mettre en place l'intrigue du jour, la faute à un manque de cohérence assez flagrant. Tout démarre par de la pluie, pour revenir aux moqueries sur les habitants des banlieues avant de finir par une critique sur le gaspillage alimentaire. Difficile de voir où l'épisode va en venir, la storyline de George n'étant même pas installée après le générique, donnant une impression de remplissage assez agaçante. 

Tessa se retrouve donc au centre de l'intrigue principale, poussée à défendre ses opinions et à s'exprimer, premier pas vers une intégration loin d'être acquise. Toujours aussi passive et volontairement déconnectée de l'univers de Chatswin, elle apparaît de plus en plus comme une prétentieuse qui se juge supérieure aux autres, alors que le problème de communication vient aussi d'elle. Le lycée manque toujours autant de vie et de nombreux personnages sont à peine exploités, n'ayant finalement qu'une existence artificielle au sein de la série. 

Du côté de Georges, les auteurs semblent être conscient du manque de potentiel de leur storyline tant il la délaisse dans un premier temps, peu convaincu par son potentiel comique. C'est là que se trouve le problème principal de Suburgatory qui manque ici cruellement d'assurance et de structure, cherchant timidement le bon angle d'approche. 

 

La difficulté d'exister sans s'intégrer

Après six épisodes, les Altman restent des étrangers à Chatswin et ne semblent pas prendre la voie de l'intégration, Tessa continuant à juger les banlieusards sans la moindre compassion. Le seul problème est qu'à force de refuser de s'intégrer, elle est tenue à l'écart de cet univers et se retrouve pris au piège d'intrigue construite sur le principe de l'incompréhension. Sans autre ami que son père, Tessa subit et ne se montre jamais maître de son destin, habitant comme un fantôme un univers étonnamment pauvre.  

Quant à Georges, son acclimatation se limite au strict minimum, surtout qu'il est le responsable de ce départ précipité à Chatswin et devrait pousser sa fille unique à s'acclimater. Etrangement transparent une bonne moitié d'épisode, Jeremy Sisto semble s'ennuyer avec ce personnage qui n'évolue pas, surtout dans son rapport avec les autres. Heureusement, la seconde partie, portant sur un différend financier, va lui permettre de questionner son amitié avec Noah, Georges ayant toujours  montré un certain mépris pour le style de vie de son ami.

Heureusement, tout comme pour Tessa, la seconde partie de l'épisode va se moquer de leur incapacité à s'intégrer, retournant leur mépris contre eux-mêmes. A ce moment-là, la série retrouve sa dynamique, poussant les Altman à devenir aussi bien que ce qu'il croit être, ainsi qu'un humour qui peine toujours autant à s'installer.


 

Le sens de l'ironie comme principe de départ 

Tessa elle aussi va connaître une forte amélioration de sa storyline lorsque son entreprise de charité va se retourner vers elle-même, mettant son orgueil à mal. Plus drôle lorsqu'ils sont victimes plutôt que juge, les deux Altman deviennent l'objet du soin de leur voisinage, découvrant une générosité dépassant largement la leur. En quelques minutes, l'épisode a trouvé sa bonne idée et peut reformer le duo qui commence à comprendre l'image qu'ils renvoient aux autres habitants du quartier, à vivre ainsi en vase clos. 

Si les Altman continuent à ne pas vouloir s'intégrer, il sera difficile de créer un véritable univers et donner du sens au comportement étrange des habitants de Chatswin reste indispensable pour sortir la série du registre du cliché. La scène de la pomme est en fait emblématique de ce que devrait être Suburgatory, Tessa devenant la propre victime de son sentiment de supériorité en essayant de prouver le bien fondé de ses opinions. Hélas, la série est encore loin de cela, alignant les séquences très moyennes en étant incapable de donner une âme à son univers. 

Au final, un épisode inégal, qui trouve enfin sa voie dans le final, mais donne l'impression d'un manque de maîtrise particulièrement agaçant. Il serait temps que les scénaristes construisent un vrai fil rouge au sein de cet univers assez pauvre, trop cliché pour se trouver une véritable identité.

 

Un show totalement à l'arrêt 

L'élément le plus agaçant avec la série consiste en un petit jeu facile à faire, à savoir tenter de décrire en une phrase l'évolution entre le premier épisode du show et le sixième. Un seul moment suffit même, à savoir stagnation, tant le show n'a pas posé beaucoup d'éléments à l'exception du soutien-gorge de Dallas dans le pilot. Abandonné, le thème de la mère a été balayé par un vide et une trop légère remise en cause de la fierté des Altman qui semble toujours refuser de s'intégrer, mais commence à comprendre combien leur enfermement sur eux-mêmes peut paraître ridicule vu de l'extérieur. 

En conclusion, un épisode ennuyeux et vide pendant une dizaine de minutes, avant que les scénaristes ne se réveillent enfin et trouve la bonne dynamique pour faire progresser l'intrigue vers un final assez ironique. Les Altman découvrent alors l'image désastreuse qu'il renvoie aux autres, victime de leur incapacité à s'intégrer et à donner du sens à l'univers de Chatswin. Un retour de manivelle qui permet à l'intrigue d'évoluer vers quelque chose de plus intéressant, en particulier pour Tessa qui découvre combien la générosité des habitants du quartier dépasse de loin la sienne. 

 

J'aime : 

  •  l'ironie du final 
  •  les scènes entre Georges et Tessa 

 

Je n'aime pas : 

  •  le premier acte qui rame terriblement 
  •  l'absence totale de gags 
  • la scène de la douche sans intérêt 
  •  l'univers de Chatswin, toujours aussi pauvre

 

Note : 11 / 20

Un épisode qui manque d'inspiration, voire même d'idées pendant environ dix minutes, confirmant tous les défauts habituels du show. Heureusement, le dernier acte rattrape l'épisode, faisant d'un sens de l'ironie plutôt réjouissant envers Tessa et son père. Inégal, mais qui semble trouver un début d'âme dans son deuxième acte.

L'auteur

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Image Suburgatory
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