Critique : Suburgatory 1.07

Le 25 novembre 2011 à 04:54  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode au démarrage intrigant mais qui retombe dans les travers de la série et une médiocrité consternante.
Par sephja

Critique : Suburgatory 1.07

~ 7 minutes de lecture
Un épisode au démarrage intrigant mais qui retombe dans les travers de la série et une médiocrité consternante.
Par sephja

Un anniversaire qui sonne creux

Alors que l'anniversaire des seize ans de Tessa approche, Georges commence à se poser de sérieuses questions concernant l'organisation de sa fête, mais aussi au sujet de son propre vieillissement. En guise de fête, Tessa envisage une simple soirée à la pizzeria avec ses amis Malik et Lisa Shay, mais l'arrivée de Dallas va bouleverser ses plans. Elle lui propose un marché : elle fera venir son groupe préféré à son anniversaire si elle laisse Dalia jouer les organisatrices. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une série qui ne parvient pas à faire preuve de constance 
  •  Tessa qui refuse d'assumer les autres 
  •  Georges qui subit les storylines sans y prendre vraiment part 
  •  l'épisode des occasions manquées

 

 

Un esprit de confrontation de plus en plus stérile 

Depuis le début de la saison, la série repose sur la confrontation entre les Altman et l'univers particulier de Chatswin qui repose en grande partie sur le duo Dallas – Dalia. L'opposition entre les deux univers se fait sur le registre de l'intrusion, Dallas s'immisçant dans la vie des deux nouveaux venues sous des prétextes fréquemment fournis par Georges. Essoufflé depuis l'épisode deux, la série continue d'imposer cette structure qui fonctionne toujours aussi peu à cause d'un regard trop cynique et méprisant sur l'univers de cette banlieue. 

Si l'ensemble ne semble pas évoluer, c'est avant tout parce que les auteurs refusent de laisser évoluer le personnage de Tessa, la jeune femme subissant beaucoup les évènements. Au lieu d'apparaître comme un moteur, elle sert le plus souvent de frein à l'intrigue, refusant de s'enthousiasmer pour une fête d'anniversaire qui va aboutir à une morale facile et plutôt niaise. Plus spectatrice qu'héroïne, elle aborde cette suite d'évènements avec un cynisme qui joue en défaveur du show, là où ses quelques éclats d'enthousiasmes agissent comme un bol d'air pour l'intrigue. 

Loin de construire ses épisodes sur un duo principal fort, Suburgatory cherche avant tout le gag facile, incapable de construire une intrigue qui mette vraiment en valeur les Altman ou le quartier de Chatswin. Stérile, cet épisode n'apporte rien hormis une morale assez ridicule concernant l'importance de savoir choisir ceux avec qui on veut partager les moments décisifs de son existence. 

 

Tessa, une fille perdue dans un monde irréel 

Alors que sa fête d'anniversaire s'approche, Tessa apparaît comme de plus en plus isolée, ses interactions sociales se limitant à Dalia, une fille qu'elle dit pourtant détester. Depuis le début de la série, c'est le personnage avec qui elle passe le plus de temps, incarnant sans la moindre nuance tout ce qu'elle déteste dans cet univers. Le vrai problème avec ce duo, c'est son absence d'interaction et d'échange, source d'une pauvreté agaçante dans leurs interactions qui nuit cruellement à la série.

Le temps d'un instant, les auteurs changent enfin de direction avec la robe choisie par Dalia qui se révèle idéale, laissant entrevoir la possibilité d'un rapprochement qui n'arrive jamais. Au lieu de créer un échange ou un vrai conflit entre ces deux individualités, les scénaristes optent pour un statut quo ennuyeux qui transforme l'enfer de Chatswin en un interminable purgatoire. Et ce n'est pas les personnages de Lisa et Malik, à peine exploités, qui vont apporter une crédibilité à une intrigue particulièrement pauvre en vraie séquence de comédie.

Bombardés meilleurs amis de Tessa, Malik et Lisa sont les deux personnages les plus délaissés d'un show qui n'a clairement aucune considération pour eux. Difficile de croire à cette amitié qui ne s'exprime jamais, les deux personnages servant uniquement à appuyer l'idée que Tessa serait avant tout une marginale incomprise et non une vulgaire adolescente en plein caprice.

 

 

Une storyline gâchée 

Pour Georges, l'épisode commençait plutôt bien, son amitié avec Noah se révélant bien plus crédible que d'habitude, le dentiste étant le seul élément comique efficace de toute cette histoire. Victime de son âge, le père de Tessa se retrouve au bon soin de sa voisine, Anne Gasteyer composant une infirmière particulièrement inquiétante et toujours aussi hystérique. L'arrivée de Dallas va laisser entrevoir le potentiel d'une guerre entre ces deux femmes sans jamais l'exploiter, premier moment de frustration où les auteurs donnent l'impression de passer à côté du sujet.

Une fois aux mains de Sheyla Shay, l'intrigue se révèle assez lourde, s'amusant un peu de la capacité de Georges à s'imaginer le pire de la part des autres. Mais surtout, cette séquence où il soigne son dos ne sert tout simplement à rien, sauf montrer que les femmes célibataires du quartier sont prêtes à s'immiscer dans sa vie, idée intéressante exploitée avec un vrai manque de subtilité. Bref, cette storyline possédait un vrai potentiel, mais fait le choix de ne pas tirer profit de la qualité des comédiens en détruisant tout le potentiel comique de certaines scènes. 

En traitant cette histoire de mal de dos de la pire des manières, Suburgatory gâche totalement le potentiel de l'idée au profit de gags poussifs et de quiproquos totalement idiots. Trop lent, cette partie de l'histoire laisse apparaître des embryons de bonnes idées qui ne sont malheureusement jamais exploitées. 

 

Un début d'agacement 

Bon, je vais pour une fois m'exprimer à la première personne et sortir un peu du cadre de la critique pour dire que Suburgatory commence sérieusement à m'agacer par son absence d'évolution chronique. Statique, immobile, le show évacue toutes les bonnes idées au profit de mauvaises et propose deux héros trop passifs pour être intéressants. Et puis, bon sang, avec Anne Gasteyer et Jeremy Sisto au casting, il y a quand même moyen de faire bien mieux que ça, le traitement des différents personnages de Chatswin manquant cruellement de dignité.

En conclusion, un épisode qui n'est pas le plus mauvais de la saison, mais sûrement le plus agaçant par la façon dont il n'exploite aucune des bonnes idées qu'il met en place. Trop pauvre en contenu, répétant les mêmes clichés épisode après épisode, Suburgatory n'avance pas et n'exploite aucun des thèmes mis en place en début de saison. Visiblement à court d'idées, les scénaristes gâchent leur casting, essayant d'imposer une structure comique qui ne fonctionne vraiment pas. Un épisode qui laisse beaucoup de frustration devant le potentiel inexploité et passe à côté de son sujet, créant un début de lassitude devant tant de médiocrité.

 

J'aime : 

  •  la première scène entre Noah et Georges 
  •  l'idée d'un affrontement entre Dallas et Sheyla pour Georges 

 

Je n'aime pas : 

  •  Tessa qui subit puis se plaint sans jamais se prendre en main 
  •  la morale finale totalement déplacée (reste avec tes amis, car les autres ne te méritent pas... bof) 
  •  la blessure de Georges inutile
  •  aucun gag vraiment amusant 

 

Note : 10 / 20

Si le pitch de départ était intéressant et la première scène entre Georges et Noah assez prometteuse, la suite va confirmer l'incapacité du show à tirer profit de ses bonnes idées. Peu crédible, Tessa continue de juger les autres tout en subissant, devenant de ce point de vue de plus en plus agaçante. Après plus de huit épisodes, il est inquiétant de voir l'absence d'attachement des auteurs envers l'univers de Chatswin, faisant de ce monde le terrain d'un règlement de compte idéologique franchement déplaisant. 

L'auteur

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11.61

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