Critique : Suburgatory 1.18

Le 13 avril 2012 à 17:28  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode plaisant qui essaie d'équilibrer une intrigue très classique avec l'aspect assez déjanté de l'univers de Chatswin.
Par sephja

Critique : Suburgatory 1.18

~ 7 minutes de lecture
Un épisode plaisant qui essaie d'équilibrer une intrigue très classique avec l'aspect assez déjanté de l'univers de Chatswin.
Par sephja

Ceux qui restent 

Malik et Lisa sont officiellement ensemble et Tessa doit désormais supporter leurs roucoulades, tenant la chandelle entre les deux tout en se sentant de plus en plus exclus. Très vite, elle se retrouve seule, tout comme Dallas qui tente de remplir ses journées au mieux pour ne pas penser à son divorce et la solitude qu'elle ressent. Pendant ce temps, Noah cherche un nouveau matelas pour satisfaire les importantes exigences sexuelles de son épouse. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une intrigue clichée sauvée par la qualité des seconds rôles 
  •  un style d'humour qui s'impose peu à peu 
  •  une coupure inquiétante entre le père et la fille 
  •  une pause qui a été payante 

 

 

Entre banalité et exubérance 

Pour contredire Aureylien qui m'accuse de toujours massacrer Suburgatory, je vais proposer une critique assez positive, l'épisode laissant une bonne impression d'ensemble. Pourtant, le pitch est un sommet du cliché avec l'officialisation du couple entre Lisa et Malik, plaçant la fille Altman dans une position gênante, ses deux amis ne prêtant plus attention à elle. Tessa se retrouve à enfiler de nouveau dans le rôle de la victime, replaçant le show dans une routine dont l'épisode va s'extraire en misant sur son originalité. 

La première scène est presque la meilleure de l'épisode, Anne Gasteyer composant une mère possessive irrésistible, écrasant totalement sa fille de sa présence. Si l'intrigue de base est basique, l'originalité des personnages et leur grain de folie apporte cette petite touche de mauvais goût et de décalage qui fait toute la différence. Ainsi, la scène où Alan Tudyk teste son nouveau lit est l'exemple parfait de cette d'humour à la fois surréaliste et légèrement gras qui permet de donner une vraie identité comique à cette série, le show n'étant vraiment que par ses extravagances.

La première moitié de l'épisode est une réussite de ce point de vue, avec une belle utilisation du ralenti et une réplique sur Marvin Gaye particulièrement drôle. Hélas, la seconde partie va vite perdre cette touche de folie pour revenir à une forme plus simplifiée et moins inspirée, reposant en particulier sur la relation entre Georges et Dallas.

 

La lourdeur contre la finesse

Une fois le parallèle posé entre Dallas et Tessa, la série se devait de développer ces deux storylines, plaçant les deux personnages face à leur propre difficulté. Le choix de lier l'histoire de Dallas et celle de Noah s'avère payant, mélange efficace entre une tonalité plutôt intimiste pour la jeune divorcée et un style plus direct et grossier du meilleur ami de Georges. La scène suivante entre Cheryl Hines et Jeremy Sisto se place sur un registre plus léger qui passe assez bien et aurait largement mérité un développement plus conséquent.

De même, la séquence entre Tessa et Ryan Shay est assez plaisante, offrant quelques répliques plutôt bien écrites maniant avec talent le sous-entendu. Seulement, au lieu de miser au final sur le thème de la nécessité du changement, les auteurs font le choix d'une dernière blague à l'efficacité discutable dans le cas de Ryan. Le mélange entre finesse et lourdeur bascule alors dans une certaine gêne, brisant une alchimie très intéressante que les scénaristes étaient parvenus à installer entre les deux Altman et l'univers de Chatswin. 

Par contre, le choix d'associer Noah et Dalia est clairement de trop, donnant un sentiment de répétition dans le fonctionnement de l'intrigue qui nuit à la dynamique de l'épisode. L'idée du kangourou n'est pas mauvaise, mais s'avère dispensable dans une histoire qui semblait sur le point de trouver le parfait équilibre, définissant parfaitement le registre humoristique de Suburgatory.

 

 

Une rupture qui handicape la série 

Un point qui dérange dans cet épisode concerne le sentiment de cassure entre les deux dimensions du récit, la storyline de Georges n'entrant jamais en contact avec celle de sa fille. Une fracture qui n'a eu de cesse de s'accroître, privant le show des scènes au sein de la famille Altman, empêchant leur relation de progresser par rapport au conflit de départ, à savoir le déménagement à Chatswin. Moins connecté, le père et la fille sont devenus deux figures étrangères, incarnant deux évolutions trop distinctes, marquant une séparation forte entre les deux pans du récit. 

Evidemment, ce reproche relève du chipotage, mais cette cassure est vraiment une entrave à la fluidité de l'épisode, empêchant de créer une vraie dynamique en soignant les enchaînements. Pour une comédie familiale, Suburgatory semble refuser le style classique de la sitcom où le père protège sa fille contre ses multiples prétendants, mais cette absence d'échange prive le show de séquences plus chaleureuses qui permettrait de s'attacher vraiment aux personnages. Un choix compréhensible, mais qui empêche la série de proposer une morale et de donner ainsi une vraie cohérence à cet épisode. 

Le nouveau caractère de Chatswin, symbolisé par un Ryan Shay moins délirant qui cherche à exprimer son côté sensible, reste le point fort d'une série qui commence à proposer des idées intéressantes. Un épisode de reprise qui vient rassurer après une pause bienvenue, plutôt prometteur dans l'ensemble, en espérant que le prochain s'inscrive dans la continuité de celui-ci. 

 

Une bonne reprise 

C'est la dernière ligne droite pour Suburgatory et la série doit faire ses preuves pour mériter un renouvellement qui semble globalement acquis. Encore assez inégale, le show commence à trouver son style, proposant une comédie à la fois exubérante et attachante grâce à des personnages qui gagnent en complexité. C'est finalement là le grand succès de cette saison, à savoir être parvenu à poser les personnages de base d'un univers assez cohérent pour permettre de masquer les ficelles assez simplistes d'un scénario sans grande surprise. 

En conclusion, un épisode correct reposant sur des associations de personnages réussies, la première scène d'Anne Gasteyer valant à elle seule le coup d'oeil. Une intrigue très classique et assez clichée sur le thème de l'isolement, avec en parallèle la destinée de Tessa et de Dallas qui se cherchent toutes les deux un ami pour les réconforter le temps d'une soirée. Largement supérieure au précédent, ce récit montre que la coupure a été bénéfique, même si l'ensemble est encore assez fragile, trouvant par moment l'équilibre entre une excentricité bien présente et une sensibilité qui peine encore à s'affirmer. 

 

J'aime : 

  •  des personnages secondaires plus attachants 
  •  une première moitié assez réussie 
  •  Alan Tudyk et Anne Gasteyer très drôles 

 

Je n'aime pas : 

  •  certains gags en trop dans le final 
  •  l'intrigue entre Dalia et Yakult en trop 
  •  le scénario sans grande surprise

 

Note : 12 / 20 

Une bonne reprise pour Suburgatory qui nous propose une intrigue très classique bonifiée par des personnages secondaires assez convaincants et quelques gags bien pensés. Un divertissement plaisant qui commence à proposer des bases solides et une identité moins confuse alors que la saison touche bientôt à son terme. 

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...
Image Suburgatory
11.15
11.61
12.2

Derniers articles sur la saison

Critique : Suburgatory 1.21

Une suite de sketchs inégaux pour une intrigue assez artificielle où le rôle d'Eden au sein de la série paraît pour le moins confus.

Critique : Suburgatory 1.22

Un season final assez anecdotique pour Chatswin, mais décisif concernant la relation entre Georges et sa fille.

Critique : Suburgatory 1.20

Un épisode inégal qui propose quelques scènes intéressantes grâce au numéro réjouissant d'Alan Tudyk, mais aussi deux storylines décevantes concernant Tessa et Lisa.