Critique : Suits 1.05

Le 26 juillet 2011 à 18:18  |  ~ 5 minutes de lecture
Petite critique centrée comme l'épisode sur le personnage fascinant d'Harvey Specter. Au programme, un homme qui se donne l'apparence d'un super-héros mais qui redéfinit la notion de bien et de mal.
Par sephja

Critique : Suits 1.05

~ 5 minutes de lecture
Petite critique centrée comme l'épisode sur le personnage fascinant d'Harvey Specter. Au programme, un homme qui se donne l'apparence d'un super-héros mais qui redéfinit la notion de bien et de mal.
Par sephja

Pitch Harvey Specter 

Mike Ross reçoit un appel de Trevor pour qu'il vienne payer sa caution, son ancien ami s'étant une nouvelle fois placé dans une situation périilleuse. En retard le lendemain, il va, avec Specter, être le témoin d'un accrochage entre le chauffeur de Harvey et un taxi New-Yorkais qui va déclencher des poursuites pour préjudice moral. Pendant que son patron cherche un moyen d'arranger les choses, le jeune assistant va mettre en péril une négociation d'un montant de plusieurs centaines de millions de dollars. 

 

 

L'essence du super-héros 

Centré essentiellement sur Harvey, cet épisode va nous montrer la méthode de gestion des difficultés du meilleur négociateur de la ville. Confronté à trois problèmes de nature totalement différentes, Specter va être obligé de descendre de l'univers feutré des bureaux pour se confronter au citoyen lambda, qu'il soit chauffeur de taxi ou de simple truand sans grande envergure. Le point de convergence de toutes ses histoires sera Mike Ross, le jeune assistant enclenchant, en renouant avec Trevor, un suite de catastrophe qui mettent aussitôt en péril leur collaboration. 

Homme d'apparence, mais aussi de conviction, Harvey sait s'entourer de personnalités à fort caractère, ne faisant confiance, refusant la médiocrité qui viendrait ruiner l'illusion du super-héros qu'il essaie d'être. Harvey est un homme d'acier, indestructible quel que soit la situation, et ceux grâce à la confiance qu'il accorde aveuglement à ceux qui travaillent sous ses ordres. De sa secrétaire (Sarah Rafferty, vraiment formidable) à son chauffeur, tous lui sont fidèles sans pour autant se soumettre, le jeune avocat n'accordant son respect qu'à ceux qui sont capables de lui résister. 

Homme pris au piège de son costume, avocat à priori légèrement snob, Harvey sait travailler son image et convertir les personnes à sa cause. Car un super-héros ne se construit pas seul, il est le fruit d'une équipe qui travaille de toutes ses forces à maintenir cette illusion. Specter sait cela et montre ici qu'il n'est pas le monstre prétentieux et hautain qu'il peut sembler être au premier abord, juste quelqu'un qui est arrivé au sommet et qui sait prendre soin de ses collaborateurs. 

 

Ni David, ni Goliath 

Incapable de trouver un arrangement avec ce chauffeur de taxi, Harvey va pour l'une des premières fois du show se retrouver confronté à un jury, élément imprévisible dont il préférerait se passer. Car Specter est un homme  de compromis, d'arrangement, un avocat qui cherche avant tout la meilleure solution possible, refusant de se donner en spectacle plus que nécessaire. Si sa force de conviction ne fait aucun doute, Harvey se refuse à jouer le rôle de Goliath, sachant que s'exposer trop serait mettre en évidence ses faiblesses. 

Ni David, Ni Goliath, Harvey Specter préfère ne pas humilier, trouver le juste équilibre qui donne un vrai sens au mot justice. Car la vraie victoire consiste avant tout à maintenir l'apparence d'un homme sans tâche, ignorant la colère, l'orgueil ou la vanité hormis avec ceux avec qui il est en compétition. Du coup, ses petites humiliations avec Louis Litt deviennent une marque de respect, la reconnaissance d'un rival à sa hauteur qui pousse Harvey à se dépasser quotidiennement. 

Au delà des considérations de bien et de mal, Harvey est un héros moderne, luttant avant tout pour trouver le meilleur accord possible. Car pour lui, il n'y a pas de batailles, pas de guerres qui ne puissent être évités, l'homme civilisé se définissant par sa capacité à savoir régler ses différents sans l'utilisation de la force. 

 

Mike Ross et le poids d'un mensonge 

Au contraire d'Harvey, Mike Ross s'est construit sur un mensonge et n'arrive pas à se convaincre de sa propre crédibilité tant qu'il garde le souvenir de sa vie passée. Conscient de son mensonge, il ne parvient pas à se mettre dans la peau de son personnage, incapable d'oublier que sa présence auprès d'Harvey n'est que le fruit du hasard. Alors qu'en fait, le fait que Specter lui offre sa première carte de visite vient confirmer que sa situation au sein du cabinet est avant tout le résultat de sa compétence dans son travail, Harvey préférant n'ayant de vrai intérêt que pour le talent. 

Refusant de s'entourer de personnalités clichés, Suits possède une galerie de personnages remarquables dans un show qui s'avère être bien plus qu'une simple série judiciaire. Ambitieuse, superbe du point de vue esthétique et portée par d'excellents comédiens, Suits continue de poser avec succès les différents éléments de son univers, donnant une vraie richesse à son background. Moins tape à l'oeil que d'autres, Suits gagne le respect par la maitrise étonnante du récit et impressionne par sa capacité à proposer des formats différents dans sa narration, ne donnant que rarement l'impression de se répéter. 

Du beau travail pour un épisode qui explore au maximum le cas d'Harvey Specter nous familiarisant avec des personnages qui gagnent encore en profondeur. Du travail d'orfèvre, pour une série qui semble parti sur la voie de l'excellence, doté d'un style à la fois classique et moderne. 

 

J'aime : 

  •  une belle mise en lumière de Harvey et de ses collaborateurs 
  •  un récit très maîtrisé 
  •  un héros très moderne 
  •  un style visuel toujours aussi remarquable 
  •  Gabriel Macht vraiment impressionnant 

 

Je n'aime pas : 

  •  un récit assez anecdotique 
  •  j'attends avec impatience l'épisode qui va faire décoller la série un cran au dessus

 

Note : 14 / 20 

Parfaitement maîtrisé, un épisode qui confirme l'étonnante qualité de ce show par le biais d'une mise en lumière du personnage fascinant de Harvey Specter. Il ne manque plus qu'un scénario plus ambitieux pour faire de ce show impeccable la série majeure de cette été. Remarquable. 

L'auteur

Commentaires

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Bleak
Belle analyse de la notion de respect selon Harvey. Par contre, Suits sur "la voie de l'excellence", je suis loin d'être aussi enjoué que toi. Même si la série a de gros atouts, elle demeure difficile à cerner, on ne voit pas toujours où la série veut en venir et on se retrouve parfois un peu à la traine quand elle part dans ses rushs (notamment Harvey et les deux truands).

Avatar sephja
sephja
je crois que je suis peut être un peu trop fan de Suits en effet. J'assume

Avatar sephja
sephja
j'ai revu l'épisode vite fait et je suis d'accord pour le coup des deux truands, plutôt maladroit. Par contre, j'apprécie le fait qu'elle soit difficile à cerner (hormis dans le 1.08 horrible) car elle me paraît imprévisible et capable de ne pas se plier à un sentiment de routine. Personnellement, je trouvais que la construction du personnage de Specter était le coeur du show, là où il désirait en venir, avec en parallèle l'évolution de Mike Ross à la fois convergente et divergente. Série centrée sur une galerie de personnages, Suits est l'incarnation du Character welcomes !, prouvant que le concept de USA n'est pas encore mort.

Image Suits
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