Echec et Matt
Scott et Stiles tentent de convaincre l'ancien shérif Stillinski que Matt est le responsable des différents meurtres qui ont touché Beacon Hills, le poussant jusqu'à les emmener au commissariat pour consulter les preuves. Seulement, une fois sur place, Matt et son Kanima prennent possession des lieux et tuent plusieurs policiers, avant de prendre les héros en otage. Pendant ce temps, Gerard révèle à Allison les raisons de la mort de sa mère, lui demandant de prendre ses responsabilités.
Résumé de la critique
Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue qui lance une fin de saison ambitieuse
- Allison qui choisit son camp
- une mythologie à la fois forte et bancale
- le top 3 Teen Wolf de la semaine
Règlement de comptes à Beacon Hills
Après avoir révélé l'identité du maître du Kanima, les scénaristes de Teen Wolf s'efforcent cette semaine de donner du sens à ce retournement de situation afin de lancer le plus efficacement possible les deux derniers épisodes de la saison. C'est donc l'heure du grand déballage où chacun abat ses cartes, laisse paraître ses intentions, en particulier le personnage de Gerard, qui en vient même à placer Peter sur la touche. Pour éviter que l'intrigue ne vire à l'épisode trop bavard et ne laisse pas le temps au spectateur de percevoir les failles à l'intérieur du scénario, Jeff Davies organise une réunion qui va vite tourner à la bataille rangée.
C'est donc à un épisode de règlement de comptes que nous invitent les scénaristes, avec la présence de personnages secondaires comme la mère de Scott, témoin clé permettant de lier Matt aux différents crimes. S'assurant avec le Kanima que personne ne se met sur son chemin, le jeune homme paraît assez confus dans ses intentions, mais la présence du lézard-Jackson suffit à installer une tension forte qui va réussir à se maintenir tout du long. Hélas, si l'épisode s'avère intense et visuellement séduisant, il se montre aussi confus au niveau du déroulement des évènements.
La scène des portes entre Scott et Jackson est un bon exemple des défauts et qualités de cet épisode, séquence visuellement élégante qui montre toute l'influence des films d'horreur sur les auteurs de Teen Wolf. Mais la scène parait aussi assez artificielle, laissant l'impression d'un mélange entre élégance et confusion qui définit parfaitement mon sentiment global sur Fury. Symbole des petits ajustements que se permet Jeff Davis, Derek intervient comme une pièce rapportée grâce à l'intervention mystérieuse du véto. Derek est un Alpha sans l'être vraiment, ce qui m'amène au premier moment Teen Wolf de la semaine.
Moment Teen Wolf numéro un : Derek l'impuissant
Souvenez-vous de la saison dernière, les frissons quand Derek tuait Peter avant de lâcher, les yeux rouges d'excitation : "I'm the Alpha now". Ben, mon grand, t'aurais mieux fait de rester un pauvre bêta vu la copie que tu nous rends cette saison, à être soit dans les pommes, soit paralysé, soit incapable de battre un gros lézard.
Et ne parlons pas de cette séquence où le personnage est inconscient, torse nu dans une lumière blanche, façon Calendrier Pirelli au masculin. Mouais, un conseil pour l'année prochaine Derek, fait moins de musculation et soigne ton recrutement tant la Team Intensity reste le bide de l'année, ses membres ne servant qu'à être les futures cibles de la colère de la famille Argent.
Le temps de l'action
Si Jeff Davis a parfaitement compris un point cette saison, c'est que les personnages doivent posséder une motivation forte pour qu'un combat soit vraiment épique. Aussi invraisemblable que fut la blessure de Maman Argent, l'idée se révèle particulièrement efficace, poussant Allison vers son grand-père Gerard lors d'une scène réussie où il manipule à merveille ses sentiments en tirant profit de sa douleur. Le jeu de Michael Hogan est d'ailleurs intéressant, surjouant volontairement pour laisser transparaître le fait qu'il est bien celui qui tire les ficelles dans cette histoire.
Le coup de sang de la fille Argent apparaît alors comme pathétique pour le spectateur tant Allison est une femme sous influence, victime de son incapacité à garder le contrôle de ses sentiments. Une performance difficile pour Crystal Reed qui ne réussit pas à se montrer totalement à la hauteur. Elle montre pourtant une détermination qui a le mérite de venir contrecarrer la passivité un peu agaçante de J.R. Bourne. Avec l'arrivée des Argent, le commissariat devient un décor de Western, où les balles parlent d'abord et les couteaux ensuite, créant la confusion nécessaire pour valider une conclusion légèrement tirée par les cheveux.
Pour lancer efficacement les deux derniers épisodes, les scénaristes se devaient de sortir un antagoniste de poids pour faire monter la tension et donner tout le pouvoir au personnage le plus dangereux. Ce fut Peter Hale l'année dernière, qui emportéavec lui sa soif de vengeance contre Kate ; cette saison ce sera Gerard, toujours animé par le même sentiment. Etl'aïeul des Argent se montre particulièrement malin en préparant habilement sa prise de pouvoir. La scène finale est à la fois invraisemblable et vraiment réussie, surtout le regard médusé de Peter qui vient soutenir la sensation de danger devant l'acquisition d'une telle puissance par un tel psychopathe.
Moment Teen Wolf numéro deux : la réplique de la semaine
Si on peut reprocher à Jeff Davis certaines incohérences et quelques éléments décevants dans cette saison, le showrunner de Teen Wolf a pour lui de posséder un humour qui fait fréquemment mouche. Cette saison, avec ce benêt de Scott, il se régale et nous offre un déluge de répliques idiotes comme de petites perles reposant sur l'inculture de celui-ci.
Pourtant, le prix cette semaine revient sans aucune hésitation au "Don't move" lâché à un Stiles totalement paralysé et impuissant. Ce talent pour transformer une réplique classique des héros de film en déclaration totalement absurde est sûrement l'un des grandes réussites de l'auteur.
Rafistolage et grosses ficelles
Puisant ses références dans les codes du film d'horreur, la partie action du récit fonctionne bien, à la différence des scènes d'explication qui vont se heurter aux limites d'une construction pas totalement maîtrisée. En cherchant à donner du sens à la soif de vengeance de Matt, les scénaristes évitent soigneusement de poser les bonnes questions concernant le Kanima et son origine, donnant à la rencontre entre les deux un aspect accidentel assez regrettable. Le but n'est plus alors de donner les clés de la mythologie de cette créature, mais juste de construire un semblant de cohérence, Jeff Davis ayant conscience que le jeune homme n'a pas la carrure pour tenir le choc jusqu'au season final.
A coup de flashbacks discutables et de dialogues assez rébarbatifs, le scénariste construit un historique décevant autour du prétendant d'Allison, parfaitement conscient des limites de cette histoire de vengeance. Le traumatisme du garçon est mal vendu et sert juste à donner du sens au comportement de la créature, créant l'illusion d'un plan maîtrisé là où l'ensemble paraît construit à l'emporte-pièce. Une intrigue qui a le mérite d'expliquer un peu du fonctionnement du Teen Lézard tout en créant un parallèle intéressant entre l'indépendance de Scott et le besoin du Kanima de posséder un maître.
Clamant son indépendance depuis le début de saison, Scott aura évité toute la saison de choisir son camp, refusant de s'exposer au grand jour et de révéler sa véritable nature. Essayant de trouver le bon compromis en prônant le refus de la guerre, la révélation de la manière dont Gerard a tiré profit de lui est vraiment plaisante, car elle laisse apparaître combien son choix de ne faire partie d'aucun camp l'a rendu vulnérable. Une fragilité qui transparait lors de la scène entre lui et sa mère, celui d'un garçon incapable de devenir un homme et d'assumer sa véritable nature en choisissant son camp.
Moment Teen Wolf numéro 3 : si Papy Argent ne vient pas à toi ...
Si certains personnages comme Scott vont au coeur du combat pour défendre leurs amis, Gerard fait le choix de se placer au-dessus de la mêlée. Au milieu du conflit, il est celui qui observe, attendant que sa proie sorte toute seule, tout en déclenchant des salves de mitrailleuse dont on ignore encore l'utilité.
Mais la façon dont il parvient à être toujours au bon endroit au bon moment est assez admirable, appuyant l'idée qu'il savait déjà tout à l'avance. On repense alors à la scène du season premiere où il détruisait l'appareil photo de Matt... non attendez deux secondes, il ne pouvait pas déjà savoir le lien entre l'appareil et la créature. Peut-être que si en fait...
Papy Argent est en fait un devin, celui qui sait avant les auteurs comment le joyeux bordel de cette bataille au commissariat allait s'achever. D'où le fait qu'il connaisse bien le véto, car ce sont tous les deux des puissances divines au service du grand tout, d'une destinée qui nous dépasse tous et ...
Hem... pardon... ou autre possibilité, ce sont de gros raccourcis narratifs et Jeff Davis n'a pas vraiment d'idée de la nature du super-véto. Kryptonien ? Quatorzième Cylon ? Second rôle pratique pour débloquer une situation ? A vous de choisir.
J'aime :
- un scénario plutôt intense
- le final très alléchant
- la scène entre Scott et sa mère
Je n'aime pas :
- l'explication de Matt trop longue
- Derek assez impuissant
Note : 13 / 20
D'un épisode a priori compliqué dont le but était d'expliquer l'histoire de Matt, Jeff Davis produit un huis-clos qui lui permet de multiplier les clins d'oeil au genre du survival-horror et du western. Un épisode dont on retiendra avant tout quelques scènes brillantes, en particulier la séquence entre Scott et sa mère, moment-clé qui lance une fin de saison plutôt prometteuse.