Pitch mère et policière
Gloria Shepperd est une mère célibataire qui vit avec ses deux enfants et son frère dans une maison qu'ils ont acheté ensemble. Têtue et égoïste, Gloria a une haute opinion d'elle-même et de ses talents de détective et ne peut s'empêcher de court-circuiter ses collègues afin d'affirmer sa propre version d'un crime. Sa réputation est telle qu'elle n'a plus que deux alliés au sein du commissariat, sa collègue Michelle Dulcett et son patron Felix Valdez.
Le titre le moins judicieux de l'année
The Protector, voilà un choix de titre bien particulier pour une série sans grande surprise, une série policière qui privilégie l'investigation à l'action en n'accordant à son héroïne aucun autre super pouvoir qu'une grande capacité de travail. Avec son côté Miss "Je sais tout mieux que tout le monde ", The Protector semble vouloir marcher dans les pas de l'héroïne de "In Plain Sight", Mary Shannon. Pourtant, la série étonne surtout par son refus de tout artifice, proposant une histoire classique avec une volonté marquée de ne pas aller au delà qu'un simple cop-show humble et bien pensé.
La meilleure qualité de la série réside dans son duo assez efficace, Gloria et Michelle incarnant deux flics assez complémentaires dans leur rapport avec les autres. Si Gloria est cassante, un rien prétentieuse et indifférente au monde qui l'entoure, Gloria sait se montrer plus diplomate, recollant les morceaux après les dégâts faits par sa collègue. Les comédiennes Ally Walker et Tisha Campbell-Martin jouent très juste, leur collaboration apportant un capital sympathie assez fort à la série. Jamais tordue, la série cherche à ne pas brusquer le spectateur et propose une affaire construite pour permettre d'introduire tranquillement chacun des protagonistes.
En résumé, The Protector n'est pas une série d'action sur un garde du corps bodybuildé, comme son titre pourrait le faire croire. Tout au contraire, Ally Walker s'affirme comme une accro du boulot, une consommatrice forcenée de café qui se défonce pour son travail et sa famille. Si elle ne possède aucune capacité extraordinaire, l'héroine est une bosseuse forcenée, dont l'absence d'humilité se justifie par sa capacité constante à démêler le vrai du faux. La série nous épargne les grands effets de manche, misant avant tout sur la légèreté de son style et l'humanité de ses personnages pour gagner l'adhésion des spectateurs.
Des scénaristes qui cherchent le bon équilibre
En optant pour une intrigue centrée sur la famille Shepperd, les auteurs choisissent d'écarter tout risque de psychodrame : la famille est certes, assez originale, mais aussi particulièrement unie. Si certaines tensions apparaissent entre l'héroïne et son frère, l'ambiance demeure légère, pour un épisode sans remous, agréable sans être ennuyeux grâce à un vrai sens du dialogue. The Protector est l'exemple rare d'un show qui ne cherche pas à se démarquer, se donnant du temps pour trouver le ton juste avant tout.
L'enquête et la vie privée ne se mélangent pas suffisamment, les auteurs essayant de se gérer la partie familiale comme la source de la force de l'héroïne. Car sa famille est clairement tout pour elle, ses enfants remplissent ses journées et l'obligent à se dépasser pour à la fois conserver son travail et chasser le moindre nuage pouvant briser l'harmonie de leur famille. Mettant totalement sa vie sentimentale en sourdine, Sheppard est une femme perpétuellement à cent pour cent qui résiste courageusement dans le seul but de rester l'héroïne de ses deux enfants.
Un portrait de femme assez juste, porté par une Ally Walker très convaincante. Gloria est un moteur efficace pour le show, sa motivation venant essentiellement de son désir de conserver sa famille unie autour d'elle. Une motivation plutôt saine, loin des meurtres non résolus et des souffrances du passé qui occupent la plupart des shows de cette nature.
Un copshow banal mais attachant
Mon argument va sembler un peu drôle, mais la qualité première de cette série réside finalement dans son attachante simplicité, les comédiens profitant de dialogues finement ciselés pour apporter une vraie humanité à leur personnage. L'affaire du jour est plutôt bien construite et sa résolution s'avèrera bien pensée, sans pour autant proposer de twist tordu. Jouant sur les détails avec adresse, The protector possède la capacité de bien mettre en place les arguments nécessaires à sa propre résolution, permettant au récit de ne pas se perdre en explications vaseuses.
Tout est bien géré. Et même si c'est d'une banalité affligeante, on passe quarante minutes agréables sans la moindre fausse note pour venir briser la linéarité du scénario. Amateurs de polar à tiroirs ou torturé, vous pouvez passer votre chemin car The Protector est un show finalement assez consensuel. Mais ceux qui sont à la recherche d'un bon moment, prévisible mais amusant, porté par des comédiens remarquables, pourront y trouver leur bonheur.
Cop show lisse sans grande originalité, qui semble peu intéressé par le fait de sortir du lot, cette série est une anomalie. Mais si on l'aborde comme un simple moment de détente, elle n'en parait que plus agréable grâce à une maîtrise totale du scénario. Il reste alors une série policière attachante.
J'aime :
- un bon duo de comédiennes
- carré, efficace, sans fioriture, un bon divertissement
- une intrigue policière plutôt maligne
Je n'aime pas :
- aucune ambition réelle
- un titre très mal choisi
- une famille pas très captivante pour l'instant
Note : 12 / 20
A l'opposé des séries policières conceptuelles mettant en scène des consultants, The Protector renoue avec un style assez classique. Un bon divertissement, très maitrisé, mais privé de toute ambition, qui trouve sa force dans un casting et une humanité surprenante. Agréable sans être indispensable.