La soif de l'or
Fredrick Ralston est le propriétaire d'un bus de vente de livres et prône une existence loin du matérialisme ambiant, jusqu'à ce qu'il se fasse assassiner. Gloria et Michelle vont alors découvrir deux millions de dollars en or à l'intérieur de son coffre, révélant le vrai visage de l'homme derrière ses grands discours. Pendant ce temps, Glo se prépare à présenter son nouveau petit-ami à ses deux enfants.
Résumé de la critique
Un épisode sympathique que l'on peut détailler ainsi :
- des comédiens impeccables au service de personnages attachants
- une histoire d'argent plutôt simple qui cherche à évoquer la question du désir
- une conclusion simple et plutôt drôle, à l'image de la série
- un bilan final de cette seule et unique saison
L'occasion de tirer le rideau décemment
Pour son ultime épisode, The Protector se prépare à refermer le rideau et se recentre sur le principal centre d'intérêt des auteurs, à savoir leurs personnages. Tout le commissariat est passé en revue afin de refermer toutes les storylines, les auteurs choisissant de privilégier la richesse humaine à une enquête inutilement complexe. Comme un fil rouge doré, l'affaire du jour sert avant tout à permettre à chacun des membres du commissariat d'évoquer ses sentiments -pour Romeo-, ses rêves -pour le lieutenant Valdez- et l'espoir -pour Gloria.
Les comédiens s'en donnent d'ailleurs à coeur joie, mettant parfaitement en avant le ton légèrement décalé que j'apprécie tant dans la série. Ally Walker se montre évidemment la plus inspirée, Gloria doutant sur l'intérêt de présenter son nouveau petit-ami à sa famille, évènement qui refermera The Protector en marquant l'évolution de son personnage principal. Si le scénario profite allègrement du talent des acteurs, il ne peut masquer quelques trous d'air et certaines maladresses, surtout dans la storyline de Romeo.
Le désir et l'expression du moi
La nuance entre le désir et la jalousie est le thème central de cet épisode, et la scène du coffre-fort (voir photo ci-dessus) est de loin la plus emblématique de l'état d'esprit du show. Tous les acteurs réguliers se réunissent alors et prennent des paris pour deviner ce que renferme cette boîte hermétiquement fermée. Chaque personnage le remplit avec ses propres fantasmes, amenant avec un certain humour une révélation ironique : le coffre renferme tout simplement de l'or, seule réponse simple à laquelle personne n'avait pensé.
Evidemment, cette forte quantité de métal doré va être le mobile de ce meurtre, poussant Gloria et Michelle à creuser le passé de la victime. Sans utiliser l'argument scientifique, The Protector continue de mettre en avant l'information humaine, montrant une foi indéfectible dans son concept de départ. L'être humain, ses relations et le rapport complexe entre amour, jalousie et frustration sont le matériel de cet épisode qui fait preuve de cette simplicité que j'ai beaucoup apprécié tout le long de cette saison.
Très simple, le scénario va prendre son temps avant de donner une vraie signification à cet or, révélant alors l'identité de l'assassin. Plutôt fluide, le scénario possède un léger problème de rythme, la faute au manque de caractère des différents suspects et à certaines séquences comiques pas totalement inspirées.
Un ton décalé qui fonctionne toujours autant
Plus que son style et sa mise en avant des personnages avant tout, The Protector surprend par sa capacité à créer des séquences surréalistes avec peu de moyens, ici une course poursuite entre un poule géante et un gros chien. Je détaille un peu la scène : Gloria est dans un magasin de costume et s'est trouvé une tenue de poulet géant pour l'anniversaire de son fils et croise alors du regard un homme en costume de gros chat. Leur visage étant dissimulé derrière un masque, aucune raison ne justifie cette séquence étrange et pourtant toute la scène paraît naturelle et du coup, particulièrement drôle.
Plus qu'un simple tic d'écriture, ce ton particulier et ces petites touches d'absurdité auront caractérisé toute la saison de The Protector, défendant l'idée qu'un être humain se construit sur des contradictions. Le personnage de Gloria aura parfaitement incarné cette complexité : à la fois policière, mère de famille, séductrice, accessoirement aussi poule géante, elle aura pu compter sur le talent d'Ally Walker pour lui donner une vraie cohérence. Le show s'achève ainsi sur une enquête assez bien menée qui montre que si le désir est une nécessité, la jalousie reste la plus grande des marques de faiblesse.
Bilan de fin de série
Série policière lancée cet été, The Protector n'aura vraiment pas trouvé le succès espéré malgré son casting impressionnant et un ton assez original. Trop classique et vieillotte dans son concept, le show se construit comme un anti-CSI, ne proposant presque jamais de recourir aux preuves scientifiques pour privilégier l'aspect humain de l'enquête. Hélas, il en résultera certaines longueurs et un léger manque d'inspiration lors des interrogatoires à cause de suspects pas toujours inspirés. Sans vrai concept de départ, mais avec un vrai sens du décalage humoristique, la série aura proposé quelques épisodes intéressants (1.02, 1.05 et 1.08) tout en se montrant parfois inégale.
Evidemment, l'intérêt premier de regarder The Protector réside dans ses comédiens, Ally Walker et Miguel Ferrer apportant tout leur charisme à des personnages complexes. Autour de ce duo s'est greffé tout un ensemble de comédiens talentueux, les scénaristes s'efforçant des les mettre au mieux en valeur. Au final, la série aura rythmée cet été et je ne regrette pas une seule seconde le temps passé avec ses deux héroïnes, tandis que les auteurs cherchaient à percer le secret des rapports homme-femme.
Comme une réponse trop courte, cet épisode nous montre que le désir nait d'une alchimie étrange et imprévisible qui se construit malgré nous, faisant des rapports humains un mystère sur lequel personne ne peut vraiment enquêter. Et ça s'arrête là.
J'aime :
- la course poursuite absurde et amusante
- l'enquête bien construite
- les comédiens remarquables
- une conclusion honorable
Je n'aime pas :
- quelques trous d'air dans l'intrigue
- certains gags peu inspirés
- le final avec Romeo et Michelle un peu trop facile
Note : 12 / 20
Pour son ultime épisode, The Protector continue sur sa lancée en nous offrant une intrigue sur fond de désir, de jalousie et de soif de l'or. Malgré quelques trous d'airs, l'ensemble se révèle plutôt agréable et fournit une conclusion honorable à cette unique saison en offrant un dernier tour de piste aux différents comédiens.
Je continue mon habitude des remerciements avec SerieAll pour l'espace d'expression, Puck pour son excellent travail et Helène pour m'avoir aidé à deux reprises où j'étais totalement bloqué.
sephja
