Pitch le pistolet dans la bouche
Ari Rose, patron d'une entreprise de lingerie très à la mode et adepte de la promotion canapé, est abattu de deux balles, une dans le torse, l'autre dans la bouche. Gloria et Michelle sont mises sur l'affaire, qui va se développer à une série de quatre meurtres grâce à l'arrivée du détective Jasper Cummings. Ce policier, très intéressé par Gloria, enquête sur un autre cas où la victime a été aussi abattue d'une balle dans la bouche. Seulement il apparaît très vite que rien ne semble relier les différents crimes.
Des personnages vraiment intéressants
Après un pilote convenable qui se limitait à faire le métier, The Protector revient avec plus d'ambition en développant un scénario permettant une meilleure intégration de Miguel Ferrer et l'arrivée de Kenny Johnson (The Shield, SOA). Dotée d'une galerie de personnages sympathiques et assez originaux, la série peut montrer ce dont elle est capable avec cet épisode sympathique, bien rythmé et centré sur une affaire de meurtres plutôt bien pensée. Tenant parfaitement son personnage, Ally Walker est le moteur d'une série qui cherche avant tout à maitriser la narration au maximum, donnant l'impression d'une mécanique bien huilée.
En patron bourru et aigri, Miguel Ferrer fait merveille, affichant une connaissance de Gloria qui permet de la contrôler sans nuire à son travail. Moins présente que dans la pilote, Tisha Campbell-Martin semble plus à l'aise et apporte une touche d'humour très agréable qui vient contrebalancer un Kenny Johnson encore en rodage, moyennement à l'aise malgré un personnage de policier qui lui va pourtant comme un gant. La principale qualité de The Protector est là, dans la façon dont les auteurs semblent vouloir fournir du sur mesure à leurs comédiens, quitte à faire preuve du minimum d'originalité dans les intrigues.
En deux épisodes, The Protector a prouvé qu'elle ne possédait qu'une seule ambition : produire un cop show carré et efficace en misant avant tout sur un casting particulièrement prolifique. L'arrivée de Larry Miller en as du barreau obéit à la même logique, une volonté d'offrir des personnages "cousus main" à des comédiens de haut niveau. Loin des effets de manche et de la nouvelle mode des consultants, The Protector propose une autre voie plus classique et efficace, celle de séries policières conçues avant tout sur des personnalités fortes.
Policier numéro un : Gloria Sheppard
Héroïne du show, Gloria incarne une femme assez mystérieuse qui ne laisse que très rarement la part aux sentiments dans son existence. Vivant avec son frère et ses enfants, elle peut se montrer chaleureuse tout en ayant appris par l'expérience de son divorce à bâtir un mur entre elle et les autres. Ni féministe, ni masculine dans son comportement, Gloria interprète le rôle d'une inspectrice convaincue que les faits constituent le meilleur des témoignages, gardant toujours une vraie froideur par rapport aux victimes.
Rendue célèbre par la série Profiler, Ally Walker n'a jamais cessé de jouer depuis dans de nombreux shows, participant entre autre à une saison de Son of Anarchy et The Shield. Pas étonnant de la voir ici donner la réplique à Kenny Johnson, lui même ayant participé à ces deux autres séries auparavant. Spécialiste des rôles de policière, elle se montre particulièrement à son aise dans la peau de Gloria, totalement à l'opposé de son rôle dans Profiler.
Pour anecdote : ceux qui regarderont cet épisode apprécieront la référence à Profiler placé juste avant la seconde coupure publicitaire.
Un scénario simple et efficace
Pour permettre à chaque comédien de profiter d'une mise en lumière équivalente, le scénariste Michael Chernuchin, scénariste passé par les productions Dick Wolf, propose une intrigue à tiroirs très bien conçue et extrêmement maitrisée. Loin d'être l'oeuvre de débutant, The Protector porte le nom de vétérans des séries policières qui savent parfaitement rendre une copie propre, sans pour autant être transcendante. L'identité du coupable est assez originale et la recherche du mobile s'avèrera être la motivation principale de l'héroïne, obsédée par l'importance de cerner les causes et les effets menant à un homicide.
Derrière son apparence simpliste, la série propose le portrait d'une femme qui a besoin de compartimenter les choses et déteste mêler travail et vie privée. Mère chaleureuse dans le privée, elle devient une détective glaciale obsédée par son travail une fois franchie les portes du bureau. Contrôlant toujours ses émotions, elle essaye avant tout de suivre le fil de sa réflexion, devenant fréquemment imprévisible, ce qui fait son charme. Adepte de la non-violence, elle incarne une approche assez réaliste du métier de policier où le mobile reste toujours l'élément central de la résolution d'un crime.
J'aime :
- un casting alléchant très bien employé
- une intrigue très agréable à suivre, parfaitement maitrisée
- Miguel Ferrer, parfait dans son rôle de flic bougon
- carré, simple, efficace ...
Je n'aime pas :
- ... mais aussi sans surprise
- très formaté, à réserver aux amateurs du genre
- quelques fautes de raccord visibles dans les premiers plans
Note : 13 / 20
Simple et efficace, voilà comment je pourrais résumer ce second épisode convaincant de The Protector, porté par un casting quatre étoiles particulièrement bien servi. Un cop show de qualité pour tous ceux qui en ont marre de la mode des consultants.