À seulement quatre ou cinq épisodes de la fin de saison, le show commence déjà à préparer son jeu. Pour cet épisode, The 100 change quelque peu sa formule. Cela se ressent aussi bien à Polis où ALIE et Jaha gagnent du terrain, qu’à Arkadia où un ancien visage refait son apparition…
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Arkadia
La première scène de l’épisode nous le montre bien, le ton est différent. C’est que The 100, depuis l’arrestation de Pike, tend à essayer de se renouveler et d’aller vers une autre direction. Finies les histoires politiques de la première partie de saison, bonjour aux histoires qui font peur que se racontent des ados en pleine nature. Il y a un petit vibe très “saison 1” à cette intrigue, mais dans le bon sens du terme. The 100 lâche un peu du lest sur tous les complots et les retournements de situation, pour verser dans du divertissement plus direct et se concentrer sur ses personnages et son intrigue. Ce qui est ma foi tout aussi réussi.
Histoires qui font peur, disparitions nocturnes, petite musique inquiétante laissée par un jouet pour enfant dans la pénombre d’un couloir lugubre, The 100 emprunte beaucoup au genre du film d’horreur pour son intrigue principale durant cet épisode. L’ambiance est sombre et effrayante, ce qui est un changement de ton jamais vu dans le show mais qui lui colle très bien. Ce n’est certes pas digne d’un bon film d’épouvante ou des meilleures saisons d’American Horror Story, mais il n’empêche que c’est bon de voir que le show se lance en territoire inconnu. C’est d’ailleurs de ce genre que sont issues les meilleures scènes de l’épisode, à savoir l’attaque de Raven et Sinclair dans l’entrepôt par l’homme au masque à gaz, la réalisation étant particulièrement réussie puisqu’elle alterne entre noir complet, point de vue du tueur et filtre vert afin de nous mettre totalement dans la peau des personnages.
Résultat, on craint vraiment pour les personnages. Il faut dire qu’il y a toutes les raisons de flipper pour la vie de Raven et Sinclair, avec une saison qui n’a pas hésité à prouver que le show n’a pas peur de faire mourir son cast (oui, car mise à part la maigre mort d’un personnage que tout le monde a déjà oublié dans le 2.08 suite à un arc scénaristique un peu bidon, le show ne sortait que rarement de sa zone de confort sur ce plan-là avant la fin de saison 2). Et finalement, l’issue ne surprend pas vraiment : Sinclair décède d’un coup de poignard du tueur. Et un autre à ajouter à la longue liste des morts de la série. À croire que The 100 finira vraiment par devenir un Game of Thrones bis. Certains “fans” râlent déjà sur le fait qu’une autre “minorité” du show y passe, mais il est idiot de raisonner de cette façon : Sinclair était clairement de trop dans le groupe, un personnage avec peu de personnalité par rapport aux ados, qui ne servait qu’à être un plot-key dans le scénario – oh, il sait lire du latin ! – ou à faire des enjeux pour Raven. Sa mort arrive à point nommé et reste un bon choix, en plus d’offrir quelques scènes touchantes grâce à Raven, justement.
La révélation sur l’identité de l’ennemi de l’épisode m’a fait beaucoup plaisir. Emerson, une intrigue que j’avais cru un peu oubliée depuis le début de la saison lorsque Clarke a choisi de l’épargner afin de montrer l’exemple à Lexa, est l’une des dernières ou plutôt la dernière trace de l’intrigue du Mount Weather de la saison précédente qui subsiste dans le show. Cela permet d’exploiter sans doute pour la dernière fois les actes de Clarke (Jasper semble avoir enfin pardonné à celle-ci d’avoir tué Maya). La scène avec le sas était un peu too much pour être crédible car trop de personnages étaient en jeu, en revanche, quant au sort de Clarke en elle-même, rien n’était signé d’avance. Le show prend finalement l’option de “facilité”, un mot un peu fort pour désigner ce que grosso modo toutes les séries font au quotidien dans leurs épisodes en laissant les héros gagner et survivre. Il n’empêche que la série décide réellement de régler ses intrigues laissées pour compte afin de faire table rase du passé et de mieux repartir dans une nouvelle direction.
C’est également dans cet état d’esprit qu’Octava fait le deuil de Lincoln à la fin de l’épisode. Étrange en revanche que la série continue de présenter l’embrouille entre Jasper et Monty, comme le montre leur scène d’au revoir glaciale. Peut-être la série compte-t-elle revenir sur leur relation par la suite ? Pourtant rien n’est garanti, car lorsque le groupe se sépare à la fin de l’épisode, on se doute bien que certains ne se reverront jamais.
Bref dans l’ensemble, typiquement, la série est peut-être moins “intelligente” ou “complexe” que durant la saison 2 ou la saison 3A, remplie de dilemmes intenses, mettant à mal la moralité des personnages et montrant un monde politique prêt à basculer à tout instant. Mais du “simple” divertissement n’est pas non plus un mal, d’autant lorsque cela creuse les personnages et que cela fait autant de rebondissements. Certes, le scénario du jour se révèle être à échelle très restrainte après la découverte de l’identité d’Emerson, rendant l’épisode très “standalone”, et clairement dans le cadre de la transition, il en faut pourtant, afin de ne pas surcharger la saison de twists à tout-va. Et pour un épisode de transition, l’intrigue à Arkadia a été sacrément prenante, a continué un peu plus d’explorer le background titanesque de la série avec la sorte de puce, et a démontré des capacités de la série à agir dans un autre registre que celui dont elle a l’habitude.
Polis
Polis constitue l’intrigue B de l’épisode. On y voit notamment le retour d’Emori, la sorte de petite amie de Jasper rencontrée dans le désert, lors de l’intrigue de la City of Light. De prime abord il est très bon de voir encore un autre personnage plus vu depuis une dizaine d’épisodes revenir de manière inattendue mais cohérente dans la série. Ce retour permet à Murphy d’avoir tout simplement de quoi agir en tant que personnage, car avant cela, l’intrigue à Polis le laissait absolument tout seul au milieu d’une foule de personnages inconnus (Ontari incluse) et de figurants. De quoi nous rappeler le rôle précis de Murphy et les caractéristiques du règne d’Ontari, ce qui se révélera capital par la suite.
En effet, c’est lorsqu’un mystérieux sujet demande à voir Ontari et se met à révéler tous ses secrets, que l’on comprend où cette intrigue à Polis semble aller… Cette révélation inattendue en entraîne d’autres, notamment la traîtrise d’Emori, un rebondissement que je n’avais pas vu venir et qui est pourtant très logique. Le problème, c’est que TOUT se passe en une seule scène. La révélation de Jaha, la trahison d’Emori, la perte de confiance d’Ontari en Murphy, Jaha qui prêche sa religion, Ontari qui l’écoute et qui fait enfermer Murphy. Tout, jusqu’à la vision, certes très forte et emblématique d’ALIE sur le trône (de fer ? ok, j’arrête), se passe trop rapidement, bien trop rapidement. S’il est extrêmement cohérent pour Jaha d’arriver à persuader Ontari de lui laisser l’aider, il aurait fallu un peu plus de temps à cette intrigue secondaire pour respirer et pour bien développer ses rebondissements.
Il n’en reste pas moins que cette nouvelle direction donnée à l’intrigue de la capitale est extrêmement alléchante. Comme cela a été le cas pour la team originale des 100 à Arkadia, les rôles sont redistribués à Polis, l’échiquier se modifie et les enjeux de la fin de saison se dessinent : ALIE est maintenant au contrôle de toute la nation. On risque bel et bien d’assister à un combat entre la team des 100 et absolument tout le reste du monde, ce qui s’annonce quand même sacrément bien épique, non ?
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Un épisode de transition réussi pour The 100, ce que peu de séries savent faire, qui emprunte un style résolument différent dans certaines de ses scènes afin d’amorcer des changements pour la suite de la série. La dernière ligne droite n’est plus très loin.
J’ai aimé :
- L’ambiance film d’horreur tout au long de l’épisode à Arkadia
- La réal qui s’améliore
- Encore une mort ! La série n'a toujours pas froid aux yeux
- Les retours d’Emerson et d’Emori permettant quelques twists
- Une bonne transition vers la fin de saison
Je n’ai pas aimé :
- Des jeux d’acteurs en progrès mais parfois bofs (Octavia à la fin… brrr…)
- La gestion d’apparition de certains personnages : cette semaine on a zappé Abbie, Kane, et Pike, Roan...
- Jaha convainc Ontari un peu trop vite, mauvaise répartition du temps d'écran entre les deux intrigues de l'épisode
Ma note : 14/20.