Critique : The Lying Game 1.01

Le 18 août 2011 à 08:29  |  ~ 6 minutes de lecture
Alors que Ringer ne devrait pas tarder à arriver pour marquer la rentrée des séries, The Lying Game tente de lui couper l'herbe sous le pied en massacrant l'univers du roman éponyme. Au programme, des retrouvailles vite expédiées, un mystère à peine évoqué pour une série assez ennuyeuse.
Par sephja

Critique : The Lying Game 1.01

~ 6 minutes de lecture
Alors que Ringer ne devrait pas tarder à arriver pour marquer la rentrée des séries, The Lying Game tente de lui couper l'herbe sous le pied en massacrant l'univers du roman éponyme. Au programme, des retrouvailles vite expédiées, un mystère à peine évoqué pour une série assez ennuyeuse.
Par sephja

Pitch jumelle, mais pas soeur 

Emma Becker est une orpheline, casée dans une famille des quartiers populaires où la jeune femme vit sous la menace d'un frère pervers et d'une mère déséquilibrée. Elle découvre alors qu'elle a une soeur jumelle, Sutton Mercer, qui vit à Phoenix, dans la maison d'une famille aisée chez laquelle elle décide de se réfugier. C'est alors que Sutton demande à Emma de la remplacer le temps d'aller à Los Angeles pour retrouver la trace de leurs vrais parents. 

 

 

Un drama ABC Family qui en rappelle un autre

The Lying Game est la nouvelle série ABC Family qui possède une spécificité qui justifie tout l'intérêt que je lui porte : elle arrive quelques semaines avant Ringer (dont je signerais aussi les critiques) et possède des ressemblances troublantes. A la base, il y a plusieurs livres de Sara Sheppard dont la série est issue et dont elle va surtout très vite se démarquer en s'efforçant d'adapter l'intrigue au format d'un show pour adolescents. Contrairement à SaB, il n'est pas du tout question de mélange, l'histoire se centrant uniquement sur Emma qui va prendre la place de sa soeur. 

Le problème de cet épisode est qu'il va très vite, voire même beaucoup trop vite en besogne, les personnages étant présentés au pas de charge. Ce défaut, fréquent chez ABC Family et particulièrement agaçant, va avoir un effet désastreux sur ce pilote tant le spectateur apprend beaucoup sur Sutton et presque rien sur Emma. Du coup, la différence entre les deux jeunes femmes se limitent à des considérations du type riche contre pauvre, renouant avec les mêmes clichés pénibles que SaB dans ses premiers épisodes. 

Dans le livre, les deux familles adoptives ont chacune leurs aspects sombres contrairement à la série qui dresse un portrait des Mercer accueillant et particulièrement chaleureux. Aucune nuance n'est vraiment introduite tandis qu'Emma se met dans la peau de sa soeur sans difficulté, toutes deux incarnées par Alexandra Chando. Peu convaincante, la jeune comédienne abuse de mimiques pour différencier les deux personnages sans jamais réussir à proposer la moindre nuance dans son jeu.

 

 

Vivre la vie d'une autre 

Afin de marquer la différence avec l'univers stylisé et sombre de Ringer (on en reparlera bientôt), ABC Family mise avant tout sur un public amateur de série pour adolescent en se concentrant sur Emma qui vit sa vie de princesse d'un jour. Certes, certains nous sortiraient aussitôt "Le Capital" de Marx pour fustiger la vision idéaliste de l'univers bourgeois contre une description misérable de l'univers prolétaire. Mais la vérité est qu'il n'est pas utile d'aller chercher si loin pour trouver des défauts à The Lying Game, la série plantant dramatiquement son démarrage. 

Au contraire de Ringer qui parvient à poser tout le contexte de son intrigue, The Lying Game suit seulement les aventures d'Emma dans la peau de Sutton, laquelle profite de sa ressemblance physique pour se faire passer pour sa soeur. Là où le livre insistait sur un monde bourgeois où les apparences passent avant l'individualité pour justifier la capacité de Emma à passer pour sa soeur, la série compte ici sur notre totale ignorance des différences entre les deux jeunes femmes. Le choix du premier jour d'école permet d'inscrire le show dans un rythme tout en nous donnant le temps de découvrir l'univers de Miss Mercer et sa cour, la jeune femme étant évidemment très populaire. 

La série pourrait être intéressante si le scénario n'était pas aussi téléphoné, abandonnant le livre pour piocher dans les clichés habituels des séries pour adolescents. Les personnages de la série vont alors se diviser en deux familles : ceux qui perçoivent la différence entre les jumelles et les autres. Le groupe de copines de Sutton, par exemple, ne va guère se soucier de ses changements d'humeur ou de comportement de leur amie, leur seule activité se limitant à accompagner notre héroïne en se pavanant à la manière de mannequin inexpressif.

Etonnament fades et ennuyeuses, Kirsten Prout et Alice Greczyn sont particulièrement mauvaises, n'ayant absolument aucun matériel pour donner le moindre caractère à leur personnage. Heureusement, la soeur  et le petit copain secret de Sutton vont s'avérer légèrement plus intéressant, même si l'ensemble demeure particulièrement léger, les auteurs voulant visiblement poser le cadre de la série sans lancer la moindre intrigue. Au final, un épisode descriptif, lent et particulièrement agaçant par son manque de subtilité et de nuance, qui bâcle toute la partie introductive au détriment du spectateur.  

 

Un univers trouble mis à l'écart 

Au contraire de Ringer, The Lying Game laisse de côté l'aspect mystérieux des livres en ne se centrant que sur la vie de princesse d'Emma. Loin d'être une simple histoire de séparation, l'histoire possède une dimension sombre sur fond de thriller totalement absente de ce pilote, la dernière image évoquant de manière vague la possibilité d'un mystère et d'une certaine noirceur. Trop concentrés sur leur désir de fédérer un public jeune, les auteurs mettent de côté tout un pan de l'histoire, donnant du coup l'apparence d'un show sans grande originalité. 

Un pilote décevant, qui ne laisse rien paraître du potentiel de la série et s'avère bien moins intéressant à suivre que son concurrent de la CW. Espérons que le prochain épisode saura introduire un peu de nuance dans ce qui ressemble pour l'instant à une version chic d'un téléfilm Dysney Channel. Dommage, car quiconque a lu les livres (même s'ils ne sont pas des chefs-d'oeuvre du genre) sait que leur intérêt repose dans ce climat étrange et trouble que The Liyng Game semble vouloir éviter. 

La bataille entre les deux séries jumelles commencent (pour les dix minutes que j'ai vu) par une franche victoire de Ringer, The Lying Game se montrant particulièrement peu ambitieuse et trop formatée. Espérons que la suite parvienne à amener un peu de noirceur et de danger dans une intrigue pour l'instant étonnamment stérile et ennuyeuse. 

 

J'aime : 

  •  Blair Redford, seul comédien un peu convaincant 
  •  visuellement très propre, peut être même trop 

 

Je n'aime pas : 

  •  un scénario vide et sans enjeu 
  •  bien inférieur à Ringer pour l'instant 
  •  Kirsten Prout aussi expressive que dans Kyle XY 
  •  un récit en forme de conte de fées ennuyeux

 

Note : 07 / 20 

Adaptation sans ambition du roman de Sara Sheppard, The Lying Game supprime toute l'ambiguïté de l'intrigue pour se focaliser sur le personnage d'Emma qui doit s'adapter à sa nouvelle situation de fille pourrie gâtée d'une famille riche. Ennuyeux et fade.

L'auteur

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Image The Lying Game
12.43
12.5

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