Critique : The Newsroom 1.02

Le 17 juillet 2012 à 20:20  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode plaisant, mais moins enthousiasmant que le pilote, la faute à un rythme plus haché et une histoire d'e-mail assez désastreuse.
Par sephja

Critique : The Newsroom 1.02

~ 8 minutes de lecture
Un épisode plaisant, mais moins enthousiasmant que le pilote, la faute à un rythme plus haché et une histoire d'e-mail assez désastreuse.
Par sephja

Acte fondateur

 

Après leur succès sur la gestion de la crise du Golfe du Mexique, la nouvelle équipe de Will McAvoy prend lentement forme, jeune et encore trop inexpérimentée pour la pression pesant sur eux. L'adoption par l'état de l'Arizona d'une loi polémique contre les immigrants illégaux va malheureusement entraîner une suite de tension au sein du groupe, mettant en péril l'émission du jour.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :

  •  l'importance d'accepter l'échec
  •  l'idéalisme selon MacHale
  •  quelques facilités gênantes
  •  un retour sur terre plutôt brutal

 

Le besoin de convaincre l'autre

 

Après un premier épisode énergique qui avait posé efficacement les bases de la série, The Newsroom se devait de ramener le show à une réalité, à savoir que la chance du débutant ne dure qu'un temps. Sans attendre, Mackenzie tente de se forger une équipe autour d'une ambition qu'elle essaie de faire partager sans parvenir à engendrer une véritable adhésion. Sa passion est communicative, mais sa tentative de donner du sens à sa vision du show va échouer lamentablement, préparant lentement à l'échec à venir.

Si une équipe se fédère autour de victoires, elle se construit par contre lors des échecs et des confrontations qui s'en suivent, un point parfaitement compris par Aaron Sorkin. Le but de cet épisode est donc de montrer les limites de l'idéalisme, le manque d'expérience des collaborateurs de Mackenzie entrainant une suite de mauvaises inspirations, avec en point de départ Maggie qui commet une faute grave en refusant l'aide de Jim. Seulement, là où l'épisode précédent impressionnait par son intensité, celui-ci paraît assez confus, laissant un sentiment de remplissage gênant avec la sensation de certains dialogues qui s'étirent à l'infini.

L'idée de raconter l'histoire d'un fiasco permet de remettre en place tous les personnages en laissant apparaître l'importance du travail de groupe et d'établir une hiérarchie forte au sein de l'équipe. Une façon subtile d'équilibrer un pilot trop utopiste et de faire ressortir le caractère des différents protagonistes ainsi que les forces qui s'exercent sur l'émission de McAvoy. Moins enthousiasmant, The Newsroom trouve malgré tout dans le duo Will – MacKenzie un moteur efficace pour une série qui continue de déballer les cartons, posant les bases d'une mécanique qui pourrait s'avérer très efficace.

 

Idéalisme contre matérialisme

 

Emportée par l'enthousiasme du succès dès sa première émission, MacHale se laisse déborder par l'excitation du moment, misant trop sur une jeunesse encore idéaliste, mais qui manque de cadre pour travailler dans la sérénité. L'occasion pour Sorkin de souligner la déconnexion de Mackenzie avec le monde moderne, incarnant un optimisme d'avant la crise à l'opposé du cynisme de Will. Une femme motivée qui se donne du mal mais souffre de son incapacité à donner un but commun, laissant son équipe en quête d'une ligne éditoriale confuse et inefficace.

Ainsi, son refus de certaines propositions de son équipe et son acharnement à courir après une vision idéalisée de son émission va aboutir à un fiasco, avec un produit final qui se trouve à l'inverse de ses intentions. Sans cohésion, l'équipe se bat de manière désordonnée, tandis que Will prend ses libertés sur le plateau, proposant la situation contraire à celle du pilot. Encore hésitant, les journalistes de The Newsroom manquent d'une hiérarchie claire, l'absence de responsables amenant une série de confrontations qui vont handicaper le fonctionnement de l'équipe.

Cherchant à s'imposer, Maggie va affronter Jim, refusant de voir en face ses propres lacunes, quitte à compromettre le travail de toute l'équipe pour des problèmes de fierté personnelle. Une occasion laissée à Jim de s'imposer, tout comme Mackenzie après le fiasco de Will lors de sa sortie concernant Sarah Palin, soulignant l'importance de proposer un show cohérent autour d'un projet fédérateur. Malheureusement, si les intentions sont bonnes et le concept judicieux, cet épisode se montre par instant trop bavard et propose quelques échanges interminables qui cassent le rythme de l'ensemble.

 

Quelques longueurs regrettables

 

Si la qualité de ses dialogues a rendu célèbre Aaron Sorkin, c'est avant tout grâce à son écriture élégante et son sens du tempo, les répliques fusant sans laisser le temps au spectateur de reprendre son souffle. La qualité d'interprétations des comédiens va permettre de mettre en valeur le contenu, de faire exister des personnages pas encore assez familiers.  La séquence où Mackenzie vient recruter Tamara est un exemple de la tendance du créateur de Newsroom à faire du remplissage en abusant de ses propres effets de style. A plusieurs reprises, il essaie d'appliquer une recette familière pas totalement adaptée consistant  à mêler dans un même dialogue deux conversations différentes censées se répondre l'une à l'autre.

Inutilement compliqué par instant à cause d'une ambition un peu excessive, cet épisode manque d'une touche de simplicité, de petites respirations qui viennent équilibrer les longs dialogues qui ponctuent l'épisode. Malgré tout, difficile de reprocher à un auteur de vouloir marquer sa série de sa signature, cette patte particulière qui souffre surtout de personnages encore un peu trop superficiels. Légèrement vieillot par son générique et son esthétique, The Neewsroom est une série singulière, une particularité qui mérite d'être découverte, mais qui paye cher certaines ringardises comme l'horrible séquence de l'E-Mail.

Si l'on pardonnera à l'auteur son emphase habituelle et son goût pour les échanges à double sens où le fond prend le pas sur la forme, certaines erreurs laissent le sentiment d'une intrigue peu soignée, la scène de l'Email en particulier. Cherchant à crever l'abcès entre Will et sa productrice, le scénariste utilise une astuce très prévisible dont l'effet va s'avérer particulièrement atroce. Une faute de goût regrettable, point noir dans un ensemble globalement plaisant, mais nettement moins bien élaboré que la semaine dernière.

 

Un univers à l'état d'ébauche

 

Avec cet épisode, le créateur de The Newsroom fait un test grandeur nature de sa création en proposant une intrigue type mêlant le quotidien de la rédaction, un débat idéologique autour de l'immigration et un événement réel de l'histoire américaine contemporaine. Un projet ambitieux dont le mélange aurait pu s'avérer payant avec une gestion plus mesurée de certaines scènes, en particulier certains dialogues interminables. Le vrai problème de la série reste le refus de Sorkin de quitter sa routine habituelle pour se mettre en péril, rejoignant par certains aspects un personnage principal qui lui ressemble finalement beaucoup.

En conclusion, rien n'est plus dur à raconter qu'un échec, ce jour où les tensions deviennent apparentes, donnant au final une émission ratée qui permet à chacun de prendre conscience de l'importance de sa tâche. Avec son talent habituel, le créateur de The West Wing nous propose des dialogues rythmés et intéressants, mais moins efficace que d'habitude, certaines scènes se prolongeant plus que de raison. Sans être déplaisant, un épisode en deçà du pilote qui prouve l'ampleur du chantier qui attend Will et Mackenzie s'ils veulent se construire une équipe à la hauteur de leurs ambitions.

 

J'aime :

  •  les dialogues bien écrits
  •  la première dispute entre Maggie et Jim
  •  un retour à la réalité bénéfique

 

Je n'aime pas :

  •  certaines scènes inutilement longues
  •  l'astuce de l'Email grossière

 

Note : 13/20

Retour à la réalité assez rude pour l'équipe de Will et Mackenzie, Aaron Sorkin choisissant de proposer une situation de crise pour laisser apparaître les tensions au sein des membres de la rédaction. Moins bien maîtrisé que le pilot, un épisode qui laisse apparaître les défauts de la série, mais s'efforce de les corriger petit à petit.

L'auteur

Commentaires

Avatar Herisson
Herisson
Ta critique est remarquable, et je suis d'accord avec toi sur tout ce qu'il y est dit !

Avatar sephja
sephja
merci.

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