Pitch Jarod à l'océan
Fuyant toujours le Centre et Mademoiselle Parker, Jarod va se faire passer pour un garde-côte afin d'élucider la mort d'un marin, Tom King, décédé de noyade après un accident en mer. Convaincu de l'étrangeté de sa mort, Jarod va petit à petit découvrir une vérité tout autre.
Jarod ou l'art de l'infiltration
Pour ce deuxième épisode, les auteurs choisissent d'appliquer la recette du pilote, en utilisant les talents de Jarod pour l'infiltration. C'est ici que se trouve la plus grande difficulté pour les créateurs de la série, car Jarod n'a que peu de temps pour s'infiltrer, quarante minutes pour se lier d'amitié avec la compagnie de garde-côtes. Avec un laps de temps aussi court, les auteurs auraient pu se répéter en utilisant fréquemment les mêmes astuces, s'ils n'avaient pas mis au point une parade remarquable, permettant à la série de conserver un niveau de réalisme convenable. Ce processus en quatre parties se retrouve dans la plupart des épisodes par la suite :
- un personnage faible (ici Martha Poole, une jeune femme qui cache sa grossesse pour pouvoir obtenir de l'avancement) et innocent qui servira de porte d'entrée pour Jarod. Souvent en souffrance, ce personnage se liera naturellement d'amitié avec Jarod qui n'hésitera pas à l'aider à se venger.
- un personnage faible mais coupable (Ici, Javier Padilla, coupable indirect du meurtre, victime d'un fort sentiment de culpabilité), dont le désir de repentance permettra à Jarod d'obtenir des aveux. Proies faciles, ils sont souvent difficiles à approcher et constituent le véritable objectif de Jarod.
- un personnage fort et coupable (Ici, Paul Bilson, joué par un spécialiste des rôles de méchant, Pat Skipper) de qui Jarod n'obtiendra des aveus qui suite à un procédé plutôt violent sur lequel je reviendrais plus tard.
- un personnage marginal (ici le formidable William Sanderson), souvent objet d'une petite storyline indépendante. Bien qu'extérieur à l'histoire, il permet à Jarod de sortir de son rôle et de montrer l'ampleur de son pouvoir de persuasion.
En utilisant intelligemment ces quatre personnages, The Pretender donne parfaitement l'illusion d'un Jarod spécialiste de l'infiltration sans pour autant forcer trop les situations. Ainsi, l'histoire du bon samaritain passe plutôt facilement, sans que le caméleon n'accomplisse de véritables exploits.
Une mythologie qui ne cesse de surprendre
Après avoir exploré en partie la relation Jarod-Sydney, la mythologie va se pencher sur la connexion mystérieuse entre le caméléon et Mademoiselle Parker. Cette familiarité entre la proie et le chasseur est un classique, mais fonctionne ici remarquablement bien car elle s'appuie sur un drame d'envergure : la mort de la madame Parker dans un mystérieux accident. On comprend dès lors qu'elle est, aux yeux de Jarod, une victime, tout comme lui, de la cruauté du Centre et non un ennemi qu'il doit combattre.
(Petite anecdote en passant, la peinture est réellement l'oeuvre de Michael T. Weiss, artiste aujourd'hui reconnu dans son domaine)
La scène finale entre les deux personnages est un vrai régal de finesse, laissant deviner une mythologie plus que complexe se composant d'une multitude de mystères. Les auteurs montrent encore là une maîtrise impressionnante du récit et d'une ambition plutôt remarquable pour un simple formula show.
La cruauté de Jarod face au mensonge
S'il y a une particularité du héros Jarod qui s'avère assez surprenante et très discutable, c'est sans nul doute les moyens extrêmes utilisés pour obtenir des aveux. Adepte de la torture mentale et de la vengeance "oeil pour oeil", Jarod est capable de se montrer particulièrement brutal (ici, il fracasse le bateau du coupable) le tout sous le regard bienveillant d'un spectateur volontiers complice. Ce type de comportement, parfaitement répréhensible en d'autres occasions, ne nous choque pas car Jarod est l'archétype du super-héros, le seul habilité à faire usage de la violence si nécessaire.
Cette brutalité qui clôt chacune de ces missions n'est finalement pour nous que l'expression de la loi du Talion. Cette tolérance du spectateur envers les actes de torture de Jarod est, pour ma part, la preuve parfaite de la nature héroïque de Jarod, seul apte à utiliser la violence pour obtenir la vérité.
Des accents mélodramatiques plutôt agaçants
Malgré un scénario efficace et quelques scènes plutôt amusantes, The Pretender souffre aussi de séquences larmoyantes réellement indigestes et irréalistes, la série essayant de jouer la carte du trémolo pour mieux capter l'attention du spectateur. Ces rares passages vains et peu crédibles viennent ralentir le récit, donnant à la direction artistique un coup de vieux plutôt malvenu. Il en résulte un épisode en demi-teinte, composé d'une mission du jour assez standard, mais hélas trop larmoyante et d'une mythologie vraiment enthousiasmante.
J'aime :
- la connexion forte entre Miss Parker et Jarod
- un scénario très structuré
- des personnages plutôt réussis
Je n'aime pas:
- des accents mélodramatiques beaucoup trop larmoyants.
- une mission du jour sans grand éclat.
Note : 12 / 20