Critique : The Pretender 1.04

Le 25 juin 2011 à 04:14  |  ~ 7 minutes de lecture
Pour cette mission, Jarod se plonge dans l'univers du jeu et du hasard, à la recherche d'un assassin dans le royaume du jeu : Vegas. Au programme, un épisode stand alone très réussi, les origines mathématiques du show et Elvis.
Par sephja

Critique : The Pretender 1.04

~ 7 minutes de lecture
Pour cette mission, Jarod se plonge dans l'univers du jeu et du hasard, à la recherche d'un assassin dans le royaume du jeu : Vegas. Au programme, un épisode stand alone très réussi, les origines mathématiques du show et Elvis.
Par sephja

Pitch Monte-Carlo

Pour sa nouvelle mission, Jarod étudie les théories probabilistes et statistiques sur la théorie des jeux avant de s'improviser chef de la sécurité du Marquis, un casino de Vegas. L'occasion parfaite pour enquêter sur l'agression d'une jeune artiste dans le parking du casino. Elle est plongée depuis dans un profond coma et son pronostic vital est engagé. 

 

Un série étonnamment généreuse 

Pour sa mission du jour, Jarod va se plonger dans le milieu des casinos, de la chance, du pari et du besoin de savoir jouer avec le destin comme avec une pièce de monnaie. Sans sortir du cadre classique du show, The Pretender propose un casting très réussi (Kara Zediker et Gregg Henry, toujours parfait dans son rôle de méchant) pour une histoire qui va se bâtir au gré des rencontres de Jarod, évitant l'emploi d'artifices détestables comme le pire d'entre eux : la voix off (hélas rajoutée dans la version française et qui gâche le visionnage). 

Très rythmé, ce volet des aventures du Caméléon confirme l'énorme travail effectué par les créateurs du show sur la structure de l'épisode, les différents éléments de l'intrigue amenant un savant mélange entre l'humour et le drame. Seul le jeu de Michaël Weiss manque légèrement de cohérence, alternant trop rapidement entre le Jarod enfantin et le manipulateur en quête de vengeance, la faute à un montage trop resserré et un récit trop dense. La scène du décès de la comateuse est une superbe ellipse qui prouve combien la série essaie toujours d'éviter l'excès de pathos, essayant de ne jamais ralentir le rythme naturel du show. 

De son côté, Miss Parker est réduit à son rôle de traqueuse, permettant de la replacer en position de force après l'intervention de Raines. Très malins, les auteurs tentent d'équilibrer l'attention porté à l'aspect mission en délaissant une mythologie certes fascinante, mais qui risquait de dénaturer le principe premier de la série. Les personnages bénéficient encore une fois d'un vrai développement grâce au talent de Kimberly Costello, plutôt spécialiste du soap pour avoir écrit plusieurs épisodes de Melrose Place, centrant avant tout l'intrigue sur les rencontres faites par Jarod.

Toujours aussi soigné, le show est le fruit du très bon travail de Jesus Trevigno qui participera par la suite à l'aventure Deep Space Nine et qui est toujours considéré comme un des meilleurs réalisateurs actuels de séries. A notre époque où les shows semblent beaucoup hésiter lors des premiers épisodes, il est passionnant de voir avec quel efficacité The Pretender paraît déjà être parfaitement en place, évitant ainsi que le hasard ou le destin ne leur joue un tour.  

 

 

 

La certitude mathématique et la théorie des jeux 

En tant qu'amoureux des maths et de la théorie systémique, je vais m'égarer quelques secondes sur le point le plus intéressant de cette série, qui fait d'elle un show hors norme. Plutôt que de voir le destin comme le fruit du labeur des Moires, The Pretender nous propose une vision plus scientifique, centrée sur une analyse mathématique de la situation. En bref, pour les anti-matheux qui se serait égarés sur cet article, je conseille de passer au chapitre suivant, car ce passage est l'expression personnelle de ce qui me fascine dans ce show.

Je rassure les courageux, je ne vais pas m'égarer à parler loi de Bernouilli, densité, variance et espérance, même si l'envie est forte vu ma grande passion des statistiques et probabilités. La photo ci-dessus du huit, vu comme infini ou comme ruban de Möbius, traduit l'intéressante conception du hasard proposée par la série, non pas comme oeuvre du destin, mais comme l'expression du résultat de l'influence de différentes variables. Le destin n'est plus une inconnue pour qui sait identifier et ajuster les différentes variables afin de trouver le geste parfait pour trouver le résultat d'une pièce de monnaie jetée en l'air.

Jarod contrôle beaucoup, son talent consistant à savoir identifier les différents éléments entrant en jeu dans une situation et de savoir déterminer leur degré d'influence sur les actions à venir. Son empathie lui accorde un talent supplémentaire en lui permettant d'aller au delà la simple expression d'un modèle et de gérer la possible anomalie systémique inhérente à toute situation. Dés lors, sa vengeance va être à l'image de son goût pour les systèmes de causalité, il crée de toutes pièces les éléments nécessaires à la création de l'illusion d'une réalité. 

Vengeur cruel un rien sadique, il est l'expression parfaite du héros athée, qui ne voit dans la vie aucune force mystique rétablir la justice. Son jeu de cache-cache avec Miss Parker prend alors une ampleur philosophique intéressante, Jarod incarnant un homme qui tente de se faire l'égal d'un Dieu dans le sens payen du terme, vengeur et cruel. Assez injuste, la punition du jour relève d'ailleurs de la pure et simple manipulation, donnant à voir ce visage trouble et fascinant d'un héros qui possède un rapport étonnant avec la morale et la justice. 

 

 

La rencontre amusante entre un caméléon et un sosie

Si Jarod s'identifie aux personnes sur lequel il enquête, son comportement est très différent de celui des sosies car il n'a pas besoin de l'attirail physique pour devenir son personnage. Mais son association avec l'Elvis au chômage prouve encore une fois combien les auteurs portent une attention toute particulière aux personnages secondaires. Brisant alors sa carapace, il laisse ressortir son côté plus enfantin, apportant une touche de simplicité qui équilibre sa face obscure, laissant transparaître l'influence de Sydney sur le jeune garçon qu'il est encore, à la recherche de stimuli affectifs. 

Vouer sa vie à devenir quelqu'un d'autre, voilà une vie que Jarod peut comprendre, même si la sienne est largement plus tragique que celle d'un sosie. Car si le faux Elvis peut retrouver son apparence normale, il est impossible  au caméléon d'évacuer sa culpabilité, aucun costume ne le protégeant dans son identification aux différentes victimes. En effet, si le sosie ressemble par choix, Jarod le fait lui par nécessité, incapable de vivre avec toutes ses morts qu'il a sur la conscience.   

 

J'aime :

  •  thématiquement très fort 
  •  un casting impeccable 
  •  un scénario riche et un montage très efficace 
  •  l'ellipse superbe à l'hôpital. 
  •  des allusions aux théories statistiques qui me vont droit au coeur.

 

Je n'aime pas : 

  •  une mythologie rangée au placard 
  •  Michael T. Weiss pas totalement juste
  •  un scénario qui prend le minimum de risques 

 

Note : 14 / 20 

Un bel épisode qui rend hommage aux racines mathématico-logique du show tout en développant une intrigue efficace plutôt standard. Les auteurs se font plaisir tout en se reposant sur la structure impeccable de la série au travers d'un épisode stand alone d'une grande qualité.

L'auteur

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