Pitch alimentaire
Roderick Wilson et sa fille Bridget sont des restaurateurs ambulants qui font parti d'un groupe de camions qui sillonnent Los Angeles pour proposer de la nourriture à emporter. Un soir, alors que Bridget était absente, un incendie se déclenche à l'intérieur du camion et les pompiers retrouvent à l'intérieur le cadavre de son père. Gloria et Michelle vont découvrir un univers de la vente ambulante où se mêle un code de l'honneur et une concurrence farouche propice aux règlements de comptes.
Un scénario trop riche qui reste sur l'estomac
Série policière toujours aussi sympathique, The Protector avait ici tous les éléments pour produire une histoire intéressante, si l'intrigue policière n'avait pas été à ce point bâclé. Avec son goût particulier pour la junk food, Gloria est pile dans son élément avec cette histoire de guerre entre cuistot, la première partie proposant sur ce point quelques scènes assez drôles. Alignant les situations décalées, les auteurs semblent s'amuser grâce une héroïne très active et un ton assez léger particulièrement efficace.
Mais c'est ici que le bas blesse car la série ne parvient pas du tout à équilibrer et séparer la partie enquête de la comédie pure. Les deux ne cessent de se mélanger, soit avec succès comme lors de cet interrogatoire où Gloria et Michelle ne cessent de picorer, soit maladroitement lors de séquences au commissariat bouche-trous. Visiblement conscient des lacunes de cette histoire de meurtre, les auteurs créent de nombreux écrans de fumée, attirant notre attention sur des détails sans importance, dans le seul but d'éviter que le spectateur ne se posent les bonnes questions.
Le visionnage a beau rester assez agréable, cet épisode ne fonctionne pas totalement, la faute aux nombreux détails non éclaircis de cette affaire. Trop nombreuses, les storylines encombrent le récit et créent le sentiment d'une manque de maitrise, car l'enquête du jour a de nombreuses lacunes, entre autre celle de ne jamais éclaircir le vrai mobile à l'assassin. La conclusion jouera la carte du tragique, mais sans jamais parvenir à créer une vraie montée en puissance de l'histoire, la faute à une quantité de scènes humoristiques trop nombreuses.
Bref, un épisode qui passe vite, agréable à visionner, mais reste sur l'estomac pour les nombreuses zones d'ombres non éclaircies du script.
Une mythologie désordonnée
Comme l'intrigue policière est trop faible, les auteurs font le choix de nous saturer d'informations annexes à travers trois axes principaux : le passé de Gloria, les enchères proposées par son frère et les angoisses de Buerge. Hormis l'intrigue de son frère plutôt sympathique, les deux autres pans de l'histoire vont servir de bouche-trous en ne fournissant au final que peu d'informations intéressantes. Ecran de fumée narratif, cet orgie d'éléments secondaires témoignent d'une certaine conscience des auteurs de la faiblesse de leur intrigue, essayant de détourner notre attention des vrais problèmes du récit.
Ou alors le spectateur peut voir les choses dans le sens opposé et se féliciter de voir la richesse de l'univers de The Protector, et surtout la qualité des personnages qui forment la base de cette série. Comme à chaque fois, les comédiens occupent une place centrale avec entre autre une Amelia Blaire plutôt convaincante dans un rôle rendu difficile par un scénario trop vague. The Protector possède la richesse pour être un cop show de premier plan, mais surprend dans le mauvais sens en fournissant une intrigue policière vraiment pauvre et peu inspirée.
Personnage 3 : Lieutenant Felix Valdez
Lieutenant atypique et râleur, Felix Valdez est un chef qui ne crie pas, faisant preuve d'une retenue impeccable qui lui permet de gérer le caractère particulier de Gloria. Son seul but est d'éliminer tous les éléments extérieurs qui peuvent entraver le travail de ses inspecteurs, assurant à la fois le rôle d'allié et de confident si nécessaire. Froid et sérieux, il semble incapable d'hésitation, comme un roc indestructible concentré uniquement sur le fait que son équipe travaille avec solidarité et efficacité.
Acteur formidable, Miguel Ferrer semble s'amuser beaucoup avec ce rôle écrit sur mesure, exagérant le côté monolithique de son personnage pour lui donner un étonnant charisme. Sa voix sombre et grave vient faire le contrepoint de l'énergie débordante de Gloria avec qui il entretient une relation privilégié. Personnage marquant, il témoigne de la volonté des auteurs de proposer aux comédiens du cousu-main, le soin apporté aux choix des comédiens étant clairement le point fort de ce show.
Au final, un épisode qui vaut pour la qualité du jeu et des dialogues, mais qui déçoit par la pauvreté de son intrigue principale.
J'aime :
- des scènes comiques inspirés
- un épisode qui passe à toute vitesse
- les acteurs, indiscutablement le point fort du show
Je n'aime pas :
- une narration totalement déséquilibrée entre humour et enquête
- une intrigue policière qui ne tient pas la route
- un scénario qui part dans tous les sens pour faire écran de fumée et cacher les lacunes du script
Note : 11 / 20
Avec son intrigue policière décevante, The Protector abuse de l'emploi de scènes comiques et ne parvient pas vraiment à convaincre. Heureusement, la qualité du casting et la bonne humeur contagieuse permet à la série de proposer un divertissement honorable, mais en dessous de mes attentes. Mi figue, mi raisin.
sephja
