Critique : The Twilight Zone 1.01

Le 28 mars 2011 à 22:00  |  ~ 3 minutes de lecture
Premier épisode signé Rod Sterling en 1959, The twilight Zone est une série conceptuelle, mettant en scène des personnages qui basculent du monde réel vers un univers parallèle et étrange, baptisé en France la Quatrième Dimension. Monument de la télévision, elle demeure une réelle source d'inspiration pour les séries modernes.
Par sephja

Critique : The Twilight Zone 1.01

~ 3 minutes de lecture
Premier épisode signé Rod Sterling en 1959, The twilight Zone est une série conceptuelle, mettant en scène des personnages qui basculent du monde réel vers un univers parallèle et étrange, baptisé en France la Quatrième Dimension. Monument de la télévision, elle demeure une réelle source d'inspiration pour les séries modernes.
Par sephja

Pitch solitude

Un homme atteint d'amnésie provisoire se retrouve seul, perdu au milieu d'une ville fantôme, obsédé par l'idée que quelqu'un l'observe. Qui est-il ? Quel est ce monde étrange ? Qui sont ces personnes qui l'observent ? 

Une série conceptuelle dans la mode de l'époque

 

En 1959, Rod Sterling (voir ci-dessus) lance la série The Twilight Zone, suite de petits épisodes indépendants de 22 minutes, tous fondés sur le concept de l'existence d'un monde imaginaire qui se substituerait au monde réel. Surfant sur la mode du très populaire "Alfred Hitchcock presents" et des magazines de nouvelles de science-fiction, Rod Sterling propose comme introduction une histoire clairement inspirée de "The last man on earth" de Richard Matheson. 

Pour la réalisation, il fait appel à Robert Stevens, un réalisateur emblématique de "Alfred Hitchcock presente" dont l'efficacité et la précision font ici merveille. L'influence hitchcockienne de la mise en scène est présente partout, et un soin tout particulier se sent dans chaque cadrage, Stevens osant quelques plans réellement ambitieux avec tout le talent qu'on lui connaît.

Le récit se passant dans une ville fantôme, la série ne pouvait s'appuyer que sur deux aspects principaux : la réalisation, vraiment superbe et un acteur (Earl Holliman) vraiment formidable dans ce rôle exigeant et difficile dont il se sort à merveille. 

Pour les néophytes, Earl Holliman connut une courte carrière au cinéma, en particulier dans des films de John Sturges (OK Corral par exemple). Il finit alors sa carrière à la télevision dans des rôles mineures. 

Seul au monde

Difficile d'imaginer plus minimaliste que cette histoire : un homme seul dans une ville déserte perd lentement l'esprit aprés s'être convaincu que quelqu'un l'observe. L'ensemble pourrait être diablement ennuyeux, si la série n'utilisait pas au mieux chaque élement pour créer l'illusion d'une autre présence, à travers de nombreux détails savamment orchestrés. La ville redevient vivante par éclat (téléphone, cinéma) créant chez le héros un mélange d'espoir et de désespoir particulièrement fascinant. 

La tension devient palpable, les longs plans contemplatifs laissent deviner une vie qui a été avant de de disparaître, tandis que le miroir devient la seule compagnie du héros.

La scène où il brise un miroir est une des grandes réussites du film, faisant lentement sombrer le héros dans une profonde crise de démence dont nous ne dévoilerons évidemment pas la conclusion.

Une musique sublime signée Bernard Herrman 

Pour ceux qui l'ignorent, Bernard Herrmann est un compositeur américain réputé pour son caractère de cochon et ses bandes originales magnifiques (Citizen Kane, Vertigo et évidemment North By Northwest). Compositeur souvent associé à Alfred Hitchcock, il compose ici une musique absolument sublime qui exprime magnifiquement l'état d'esprit du héros. Mélange savant de cuivres et de cordes, cette composition est un pur régal, jouant subtilement sur des variations subtiles, digne du grand compositeur qu'était Bernard Herrmann.

Un épisode étonnant, mais finalement assez classique

Dans les années 60 régnait un maître absolu du cinéma du nom d'Alfred Hitchcock, et Rod Sterling choisit de se placer sous cette influence, inspiré par la forme plastique des films du génie anglais. Pourtant, son récit va lentement s'éloigner de cette paternité écrassante, donnant à la dernière partie de l'épisode une ambiance bien particulière, entre imaginaire et science-fiction.

Ce premier épisode pose clairement les bases du show en faisant preuve d'une grande ambition en matière de rigueur plastique et formelle. Une belle réussite. 

 

J'ai aimé : 

  • le rendu visuel vraiment superbe.
  • la musique absolument magnifique de Herrmann.
  • Earl Holliman vraiment touchant dans un rôle difficile.

 

Je n'ai pas aimé : 

  • le timbre du narrateur en rupture totale avec l'ambiance de l'épisode.

Note: 16 / 20

L'auteur

Commentaires

Avatar elpiolito
elpiolito
Pour ma part, je ne peux que confirmer ton point de vue. C'est 22 minutes pendant lesquels il n'y a qu'une seule personne à l'écran et l'on ne s'ennuie pas, la solitude puis la paranoia du personnage sont vaiment bien retranscrites. Et je suis d'accord que le narrateur gâche un peu l'épisode : des fois il est bien mais pour cet épisode, il est en superflu.

Avatar Hiso
Hiso
Bordel, j'adore tes critiques old school ! Du coup je vais me prendre les 5 saisons de la série :)

Avatar Puck
Puck
Comme je le disais dans les séries qui ont marqué votre vie, je suis sûre que The Twilight Zone m'a perturbée pour longtemps. Et ce premier épisode, j'en garde un souvenir bien précis. Et puis niveau narration, cette série est quand même la reine du twist élégant et bien maîtrisé, et sans jeter la poudre aux yeux, comme tu le soulignes. C'est bien cette immersion dans un monde "normal" qui crée l'étrangeté. Bref, contente de te lire.

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Ouep, très bonne critique. Ca prouve quand même que la série n'a pas du tout vieilli au niveau de sa narration.

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