Pitch vente ambulante
Lewis S. Bookman est un vendeur ambulant, un professionnel d'une soixante d'année, passionné par son travail, haranguant la foule autour de lui avec vigueur chaque été. Il n'a pas de famille, et sa journée est rythmée par son travail et les enfants du quartier qu'il aime beaucoup. Jusqu'au jour où la Mort se présente à lui...
Le baratin de toute une vie :
Pour ce second épisode, Rod Serling, à l'écriture propose une nouvelle fois l'histoire d'un homme seul, utilisant son métier pour s'entourer de passants venus écouter son boniment. Ce personnage (joué par le formidable Ed Wynn, l'oncle Albert de Mary Poppins) , comme lors du premier épisode, apparaît dans quasiment chaque scène et chaque plan. Le créateur montre alors son attachement à proposer des récits minimalistes, resserrant au maximum le temps et l'espace pour permettre au spectateur de rapidement se familiariser avec l'intrigue.
En choisissant le conte, juste après l'angoissante tension du pilote, Rod Serling montre toute l'ambition de sa série, alternant le format en fonction du personnage principal. Car ce vendeur ambulant est avant tout un grand enfant, un naïf qui espère pouvoir échapper à la mort en utilisant tout son savoir en matière d'embobinage.
Un mélange parfait de comique et de tragique
La mort (interprété par l'impassible Murray Hamilton, vu dans Les Incorruptiblesn entre autres) n'entend pas se faire rouler sans réagir, son plan étant de substituer une autre personne au héros, si celui-ci se défile. Impassible, elle est l'exemple parfait de ce mélange des genres idéal qui ponctue le récit : à la fois très drôle par son style bureaucratique et inquiétante par son flegme et son jugement implacable. Dés le début, le ton est donné, et le récit avance rapidement, mettant le héros dans une situation qui lui permettra de faire montre de tous ses talents.
Le plus amusant consiste à observer comment chaque élément dramatique accentue l'aspect conte du récit, jusqu'à un final touchant et chaleureux, digne de Charles Dickens. Sans le moindre instant de faiblesse, le récit distille avec intelligence toute une palette d'émotions, jusqu'à un final qui pourrait à première vue paraître faible, mais qui est en fait simplement superbe.
Une direction artistique vraiment remarquable
Pour ce second épisode, Rod Serling choisit à la réalisation l'expérimenté Robert Parrish, réalisateur d'une vingtaine de films de bonne facture. Appuyé par une photographie remarquable, Parrish utilise à merveille le noir et le blanc (voir ci-dessus) et réalise un épisode parfaitement maîtrisé, soignant chaque détail de la mise en scène (comme la coiffure de la mort durant le boniment final) avec une minutie remarquable.
Le montage est lui aussi très réussi, donnant grâce à une judicieuse utilisation de l'horloge toute sa force à la scène de fin.
En conclusion, un très bel épisode, supérieur au premier, justifiant à lui seul le statut de série culte de The Twilight Zone. Loin de rechercher une recette infaillible, Rod Serling raconte avant tout une histoire avec une efficacité et une tendresse remarquable.
J'aime:
- Ed Wynn, formidable durant tout l'épisode
- la direction artistique remarquable
- le choix du conte comme modèle narratif
- le final très réussi.
Je n'aime pas:
- là, franchement, je ne vois pas...
Note: 17 / 20