Pitch farwest
Durant sa jeunesse, Al Denton fut un des tireurs les plus rapides de l'Ouest Américain, jusqu'à ce qu'il fasse le duel de trop et abatte un jeune garçon de seize ans. Devenu un misérable poivrot méprisé de tous, il se tient le plus possible éloigné des armes à feu. Jusqu'à ce que M. Fate, un étrange vendeur d'élixirs, en pose une sur son chemin.
Une histoire de rédemption trop artificielle
Pour son troisième épisode en tant que scénariste, Rod Serling se penche sur un autre exemple d'homme seul : Al Denton, un homme incapable d'échapper à ces démons, noyant dans l'alcool son sentiment de culpabilité. Interprété par un spécialiste des rôles de méchant de Far West, Dan Duryea, le personnage acquiert rapidement un fort taux de sympathie tandis que le destin semble vouloir lui jouer un nouveau mauvais tour.
Mais c'est hélas un autre personnage qui va crever l'écran, Dan Hotaling (Martin Landau, impressionnant) compose un personnage de méchant particulièrement marquant, incarnation parfaite de la morgue du fort face au faible.
Regardez Martin Landau passer du statut de prédateur féroce à celui de proie pathétique constitue un vrai moment de bonheur, l'acteur faisant preuve d'un jeu et d'une expressivité remarquable. Hélas, le script va alors choisir une autre voie plutôt artificielle, mettant en scène un mystérieux M. Fate pour mener à un final bien pâlot au vu de la force des premières scènes.
Un scénario sans ligne directrice
Loin de retrouver l'efficacité des deux premiers épisodes, la réalisation d'Allen Reisner (un spécialiste de la télévision à qui l'on doit plus d'une centaine d'épisodes dans trente séries différentes) n'est pas assez efficace, donnant lieu à des scènes aux rythmes décousus, ne possédant pas de réelles lignes directrices. Car si les acteurs sont plutôt justes et assez crédibles, la narration semble toujours forcée, comme si l'auteur ne découvrait qu'au dernier moment la finalité de toute l'histoire.
Là où les épisodes précédents frappaient par leur efficacité et leur beauté formelle, celui-ci laisse globalement de marbre jusqu'à un twist final trop anecdotique et parachuté pour entraîner l'adhésion du spectateur.
Un destin bien trop tendre avec le héros
Il a été dit un jour que toute histoire commençant par la découverte d'une arme à feu finit toujours par la mort d'un des personnages. Je crois que cet épisode est la preuve concrète que seuls les drames peuvent accueillir le destin comme personnage. Si le retournement final fait preuve d'une certaine ironie, l'histoire s'éparpille cette fois-ci beaucoup trop, donnant un récit paresseux, sans véritable moteur autre que le talent des comédiens.
Ce troisième récit est aussi la preuve qu'une série comme The Twilight Zone doit savoir mettre plus rapidement en avant sa nature mystérieuse et éviter au maximum les introductions à rallonge.
Mais le plus grave reste la relative clémence du destin face à un personnage qui aurait gagné à connaître une évolution plus dramatique. Car la rédemption ne peut être fournie sans la moindre contrepartie, le spectateur que je suis ne pouvant s'empêcher d'y voir une forme de facilité.
J'aime :
- Martin Landau et Dan Duryea
- l'introduction assez captivante
- la surprise des deux bouteilles durant le duel.
Je n'aime pas :
- le scénario trop brouillon
- le manque de rythme
- une seconde partie d'épisode plutôt ennuyeuse et prévisible.
Note : 10 / 20