Pitch Baby Jane
Barbara Jean Trenton fut autrefois une actrice renommée, une vedette du cinéma d'avant-guerre que son âge a lentement éloigné des plateaux de tournage. Vivant dans le déni d'une réalité qui la dépasse, elle rêve de pouvoir passer de l'autre côté, dans un monde imaginaire où le temps n'aurait pas de prise sur elle.
Une histoire sous le signe de la folie
Pour son troisième épisode, The Twilight Zone propose le portrait d'une femme dans le Los Angeles des années cinquantes et l'histoire d'une folie, celle de la jeunesse éternelle. Jour aprés jour, Barbara vit cloîtrée dans une salle de projection, à regarder encore et encore les oeuvres d'un passé où elle était au sommet de sa gloire. Incapable d'affronter le monde extérieur, elle vit en ermite, souhaitant inconsciemment que le temps s'arrête pour la ramener à l'époque bénie où sa beauté et celle des années trente n'avaient pas été balayées par la Deuxième Guerre Mondiale. Petit à petit, elle va lentement perdre contact avec la réalité, et ouvrir la porte sur un autre univers dont la clé est l'abandon total des derniers amis qu'il lui reste.
Interprété par l'immense Ida Lupino (actrice et réalisatrice du magnifique Outrage), l'histoire aurait pu être intéressante si les scénaristes n'avaient pas commis l'erreur de démarrer le récit trop tard, bien après qu'elle a perdu l'esprit. Convaincu que l'immense talent de la comédienne suffirait à générer le trouble nécessaire à une histoire sur la folie, le réalisateur Mitchell Leisen (costumier, décorateur et réalisateur sur de nombreux films) se révèle vraiment décevant du point de vue formel, l'histoire n'arrivant jamais à trouver un rythme satisfaisant.
La faute à un scénario mal pensé, oubliant la nécessité pour une histoire de ce type de toujours montrer l'héroïne saine d'esprit avant que la folie ne la gagne lentement, détruisant au passage chacun de ses repères. Le twist final s'avèrera du coup assez banal, voire même décevant, incapable de générer le petit frisson de fantastique que l'on est en droit d'attendre de la série.
Un casting trois étoiles
Malheureusement, l'unique intêret de l'épisode se trouve dans la confrontation entre les deux grands comédiens que sont Ida Lupino et Martin Balsam (une des victimes de Norman Bates dans Psychose ainsi qu'un des douzes hommes en colère de Sydney Lumet). Devant une certaine pauvreté du scénario, les deux acteurs campent deux personnages d'une grande profondeur, à la fois si proches par leurs souvenir communs et éloignés par la folie qui la gagne lentement. Nul doute que l'épisode aurait rapidement sombré dans le ridicule sans le talent remarquable de leurs deux interprètes.
On ne peut alors que regretter les choix étranges d'une mise en scène trop lente et clairement peu inspirée. Car si l'épisode suit parfaitement le cahier des charges de la série, il lui manque ce petit frisson particulier, cette touche de mystère particulier au fantastique.
Un épisode mal écrit qui répète les erreurs du précédent
Pour son quatrième scénario, Rod Serling fait ici preuve d'un manque d'idées inquiétant, ce qui est plus que regrettable au vu du casting incroyable de l'épisode. Bluette sans grand intérêt, son scénario est clairement trop prévisible et ne propose aucune évolution dans le récit. L'histoire manque clairement une formidable occasion en ne s'appuyant pas plus sur les sentiments qui les lient ensemble.
Car cette histoire aurait pu être vraiment intéressante vue du point de vue de cet homme, amoureux pathétique qui refuse de laisser partir la femme qu'il aime. Hélas, le récit fait le choix d'esquiver toute noirceur, proposant de raconter l'histoire du point de vue d'une femme qui n'a clairement plus grand chose à dire. L'histoire demeure du coup totalement anecdotique, le scénario confondant dans son acte final dramatique et pathétique.
On ne peut qu'être déçu tant les possibilités étaient grandes, au vu de la qualité remarquable des deux comédiens qui tentent au mieux de donner vie à cette belle histoire d'amour ratée, celle d'un homme qui ne parvint jamais à empêcher le temps d'avancer.
J'aime :
- Ida Lupino magnifique
- Martin Balsam toujours aussi intense
- les décors et costumes très réussis
Je n'aime pas :
- le scénario mal construit
- la mise en scène plutôt terne
- un final pas assez mystérieux
Note: 08/20