Dans le neuvième épisode de cette saison, nous avions retrouvé nos héros dans une ambiance plutôt calme et posée. Chaque survivant se remettait plus ou moins bien de leur bataille à Woodbury et les deux leaders – Rick et le gouverneur – semblaient perdre leur ascendant sur leur groupe respectif. Ce dixième épisode commence donc presque de la même façon, avec des personnages toujours en état de choc, limite en ataraxie. Heureusement, le gouverneur, lui, retrouve toute sa forme et semble bien déterminé à se venger de ses adversaires. La menace est plus que jamais présente et ne concerne plus seulement les zombies. Les humains deviennent aussi dangereux que les morts-vivants et la monstruosité gagne du terrain.
Des personnages en état de choc
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Home commence tout doucement… peut-être même trop doucement. L’épisode passe beaucoup de temps à développer l’état psychologique des survivants et il faut attendre plus d’une demi-heure avant d’avoir droit à un peu d’action. Dans ma critique précédente, je trouvais qu’il était nécessaire et pertinent de « reposer » les personnages. Cela permettait de réajuster un peu les enjeux de l’intrigue et surtout de développer un peu plus les personnalités des différents héros. Cette semaine, je commence à trouver cela un peu long et pas toujours intéressant.
Mais c'est qu'il n'a pas l'air en forme le shérif...
Le personnage de Rick par exemple est toujours à fond dans son délire mental et passe les trois quarts de l’épisode à errer dans la forêt pour trouver des réponses auprès de sa défunte épouse. Déjà que l’apparition de cette dernière la semaine dernière était limite, cette fois le shérif a semble-t-il perdu totalement les pédales. Le chef de la prison apparaît comme aseptisé et son délire ne fait pas forcément avancer l’intrigue. C’est peut-être cela que je trouve le plus navrant dans cette histoire d’apparition : le fait qu’elle n’apporte finalement rien à l’ensemble. Je n’ai rien contre le fait que le type déraille, seulement pour le moment je ne vois pas trop qu’elle en est l’intérêt. Je dirais même que c’est presque dénué de sens et mal placé…
De la même manière, Michonne qui jusque-là était l’une de mes protagonistes préférées, perd progressivement de son intensité et se retrouve reléguée à un rôle secondaire sans importance. Presque absente de l’épisode 9, elle n’apparaît ici qu’à de rares moments sans grandes importances. On retiendra une fois de plus qu’elle sait manier son épée et c’est tout… Je trouve cela vraiment dommage, car avant la petite pause hivernale elle était parvenue à s’imposer un peu plus. Là, j’en viens juste à me demander si finalement elle est utile à l’histoire. Même les 10 dernières minutes de cet épisode n’auront pas suffi à lui redonner un tant soit peu d’importance.
Un bébé et tout va mieux
Toujours du côté des femmes, Maggie est encore sous le choc de son altercation avec le gouverneur. La jeune femme assez robuste d’habitude est franchement traumatisée par son expérience à Woodbury. Elle n’apparaît que très peu à l’écran et se situe davantage dans une phase de reconstruction. De ce fait, ce n’est pas chez elle que les amateurs d’action trouveront de quoi se mettre sous la dent. Malgré tout, elle nous offre des scènes avec une portée émotionnelle assez bien mesurée. Ainsi, lorsque sa sœur lui met le bébé de Lori dans les bras afin qu’elle lui donne son biberon, elle retrouve déjà un peu de douceur et de tendresse. Sans pour autant être niaise, cette scène est surtout l’occasion de montrer une Maggie plus fragile et vulnérable et je ne m’en plaindrais pas nécessairement. Un peu d’amour dans ce monde de brutes, ça ne fait jamais de mal. D’autant plus qu’elle retrouve les armes dès la fin de l’épisode et qu’on n’a pas vraiment le temps de s’apitoyer sur son sort.
La menace vient d’ailleurs
Si ma partie sur le choc des personnages est si longue, c’est aussi parce que c’est presque la seule chose qui se passe dans cet épisode. Heureusement, les scénaristes ont trouvé la combine pour ne pas totalement ennuyer leurs téléspectateurs. Dès le début de l’épisode et malgré un rythme assez lent, ils parviennent à distiller ici et là quelques zones d’ombre qui viennent rajouter un peu de tension à l’épisode.
Tout d’abord, on a toute la partie Daryl et Merle dans laquelle se trouve une tension sous-jacente. Les deux frangins viennent de se retrouver et à défaut de se faire des embrassades, ils préfèrent régler leurs comptes. En cherchant de la nourriture en forêt, ils se retrouvent amener à venir en aide à un couple en prise avec des zombies. Dans cette scène, le conflit entre ces deux-là va atteindre son paroxysme et Daryl va même décider de rejoindre à nouveau sa famille de survie. L’un comme l’autre s’aperçoivent qu’ils ont empruntés des chemins différents et qu’ils ne se comprennent plus comme avant. Merle est toujours dans la violence et la provocation tandis que Daryl, au contact de Rick, a appris l’humilité et l’entraide. On sent que la tension entre eux est très forte et que la situation peut basculer à tout moment. Toutefois, Daryl laisse à son frère le choix de le suivre ou pas. Merle d’abord réticent, finira tout de même par suivre son cadet et ce malgré l’accueil hostile qui l’attend à la prison (il ne faut pas oublier qu’il a été le bras droit du gouverneur et que c’est lui qui a capturé Maggie et Glenn).
Sympa le frangin !
La tension latente entre Daryl et Merle n’est rien à côté de la tension beaucoup plus perceptible entre le gouverneur et Rick. Le comportement du chef de Woodbury au début de cet épisode est assez ambigu et amène un certain nombre de questionnements. Il commence par dire à Andrea qu’il lui cède son poste de chef et qu’il ne compte pas se venger de ses anciens amis. Connaissant le personnage, j’ai tout de suite senti que son apparente décontraction n’était qu’un leurre et qu’il préparait quelque chose en cachette. Et c’est donc avec une certaine angoisse que j’attendais le moment où l’action allait basculer. Durant tout l’épisode et malgré ce calme illusoire, je sentais qu’une menace pesait sur nos héros. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si l’on voit les survivants fortifier leur défense pendant tout l’épisode.
Eux-mêmes – à part peut-être Rick qui est en mode folie – ont conscience que ce n’est qu’une question de temps avant que la riposte leur éclate à la figure. Et ce que j’ai trouvé intéressant dans cette manière d’amener la menace, c’est de voir que le danger ne vient plus seulement des zombies, mais des humains eux-mêmes. Lors de la saison 1, nos héros pensaient combattre des zombies et finalement ils s’aperçoivent que ce n’est peut-être pas eux qui sont la véritable menace. Alors certes, cette manière d’aborder le genre survival n’est pas vraiment original. On doit notamment cette approche à George A. Romero qui dans ses films de zombies a tendance à opposer d’un côté les morts-vivants comme corps social uni aux humains dominés par leur instinct de survie et qui préfèrent s’entretuer. Cependant, cette approche même si elle n’est pas nouvelle, reste tout de même efficace et apporte avec elle de nombreux espoirs.
Une structure (trop) bancale
Après s’être penché sur la psychologie tourmentée des personnages et sur la menace qui plane sur le groupe de Rick, on se rend compte finalement que le problème de cet épisode ne vient pas forcément des thématiques qu’il aborde, mais davantage de sa structure. Home est séparé en deux parties pour ainsi dire : une partie qui s’intéresse aux chocs émotionnels et mentaux des protagonistes et une autre partie beaucoup plus centrée sur l’action avec l’attaque de la prison par le gouverneur. La difficulté avec une structure binaire comme celle-ci, c’est qu’il faut trouver le parfait équilibre entre chacune des parties. Et sur ce point, The Walking Dead rencontre encore et toujours ce déséquilibre.
Ici, la partie plus calme sur les personnages occupe les trois quarts de l’épisode tandis que la partie action avec attaque de zombies et affrontement n’intervient que dans les dix dernières minutes. Du coup, on a seulement l’impression qu’il ne se passe quasiment rien pendant la première demi-heure, ce qui, il faut le dire est assez déroutant et frustrant. Les scènes dites calmes demeurent intéressantes dans la plupart des cas mais elles souffrent seulement d’une mauvaise répartition dans l’épisode. Toutefois, je me rends compte également que cette structure en deux actes peut aussi être un choix volontaire et délibéré des auteurs, ne serait-ce que pour renforcer davantage la dimension imprévisible et inattendue de l’attaque du gouverneur durant laquelle on passe soudainement du calme à l’action.
Le gouverneur n'a pas dit son dernier mot
Dans tous les cas, la scène dite d’action est quant à elle vraiment bien fichue. Les situations s’enchaînent plutôt bien et l’ensemble tient vraiment la route. Mon seul petit regret va au personnage d’Axel qui se retrouve victime de cette attaque surprise. En le supprimant de cette manière, les scénaristes font sauter le dernier prisonnier qui était apparu au début de la saison. Cette fois c’est certain, lui et ses comparses n’ont servi strictement à rien si ce n’est à connaître des morts plus ou moins atroces. Axel rejoint donc la longue lignée de personnage instrument dont on se débarrasse quand ils ne sont plus utiles. Avec ce groupe de prisonnier maintenant disparu, j’ai surtout l’impression qu’on m’a jeté de la poudre aux yeux et que de nombreuses promesses n’ont pas été tenues. Une fois encore, les scénaristes se contentent de donner à leur public une mort supplémentaire, sans tenir compte de la dimension presque illogique de cette dernière. Cela m’énerve d’autant plus qu’Axel était un personnage vraiment prometteur et qui aurait pu amener de nouveaux rebondissements.
Et ce n'est pas Glen Mazzara, showrunner de la série, qui viendra me contredire. Dans une interview accordée au site Entertainment Weekly, ce dernier revient sur la mort du protagoniste et ses révélations en disent vraiment longs sur la manière dont les personnages sont traités dans la série. On apprend notamment que le choix de faire mourir Axel n'a pas été simple et que cette décision relève davantage de la "contrainte" plutôt que d'un véritable désir scénaristique. Il est donc dommage de sacrifier un personnage potentiellement intéressant juste pour des raisons pas forcément compréhensibles. Disons qu'un peu plus de risque n'aurait pas été de refus, surtout lorsqu'on sait que les scénaristes ont déjà fait preuve de plus de culot par le passé avec la mort de Dale ou plus récemment celle de Lori, deux personnages principaux.
J’ai aimé :
- Les scènes entre Daryl et son frère
- La menace de plus en plus grande et de moins en moins prévisible
- La scène de l’affrontement. Imprévisible et efficace.
Je n’ai pas aimé :
- Ne pas savoir où sont passés les nouveaux survivants
- L’aseptisation de Rick qui n’apporte pas grand-chose pour le moment
- La mort d’Axel un peu gratuite
- Mes doutes concernant l’utilité de Michonne (que j’apprécie pourtant beaucoup)
- Le déséquilibre de cet épisode
Ma note : 13/20
Même si les dernières minutes de cet épisode sont vraiment bien fichues, celui-ci souffre d’un déséquilibre évident entre une partie beaucoup trop calme et une partie 100% action. De plus, je commence à me poser de sérieuses questions sur plusieurs aspects de l’intrigue et sur le développement parfois trop flou de certains protagonistes.