The Walking Dead nous revient cette semaine avec un épisode principalement centré sur le personnage d’Andréa. L’ex-partisane de Rick part à la rencontre de ses anciens alliés et se retrouve par la même occasion une nouvelle fois coincée le cul entre deux chaises. Autant vous dire que cet épisode ne plaira certainement pas aux fans de bastons et de castagnes en tous genres, puisque ses enjeux reposent avant tout sur la complexité des relations entre les personnages.
Toutefois, il me paraît important de préciser d’emblée que derrière ce manque d’action évident se dissimule tout de même quelques éléments pertinents et non négligeables pour la suite. J’irai même jusqu’à dire que dans une certaine mesure, I Ain’t a Judas apparaît sans conteste comme un épisode de transition : il est la suite logique de tout ce qui a été mis en place dans cette saison et nous amène progressivement à son dénouement…
La résurrection d’Andréa
Je ne peux vraiment pas parler de cet épisode sans évoquer le personnage d’Andréa. Il faut dire que la jeune femme est clairement le fil rouge de ces 40 minutes et c’est essentiellement autour d’elle que les ressorts scénaristiques s’articulent. Assez discrète depuis le début de cette saison, évoluant presque toujours dans l’ombre soit de Michonne soit du Gouverneur, elle retrouve une place déterminante dans l’intrigue et reprend peu à peu du poil de la bête. Dès lors, il me paraît important de saluer les efforts des scénaristes qui, pour une fois, permettent à un personnage d’évoluer de manière significative. En effet, celle qui avait jusque-là été réduite à des scènes absurdes avec le Gouverneur subit ici un véritable déniaisement. Désormais, il n’est plus question de jouer à touche pipi avec son amant (encore que), Andréa est de retour et compte bien se faire entendre, ou du moins se montrer.
Non Andréa, tu n’es plus la bienvenue !
Dans cet épisode, elle décide de se rendre à la prison afin de rencontrer ses anciens compagnons d’infortune. L’objectif de la jeune femme est simple : faire en sorte d’apaiser le conflit entre Rick et le Gouverneur et rétablir si possible une entente entre les deux camps. Certes, sa démarche peut paraître un peu naïve au vu des récents événements, mais ses efforts pour rétablir la paix sont tout de même plus que louables. Bon ok, la fille donne carrément l’impression d’avoir passé ces derniers mois dans un autre monde, mais c’est justement cet aspect-là qui donne tout son sens à l’épisode. Elle est là comme une simple négociatrice qui découvre, de révélation en révélation, l’étendue du conflit qui oppose les deux clans : celui de la prison et celui de Woodbury.
Je trouve cette idée vraiment intéressante, car elle permet de reposer de manière plutôt habile les bases de cette saison. L'ignorance et la naïveté d'Andréa sont l’occasion pour les scénaristes de proposer un résumé rapide des dix précédents épisodes : et c’est en cela que je parle d’épisode de transition, car il permet de bien resituer les enjeux de l'intrigue avant d’attaquer la dernière ligne droite pour le season finale. Le seul petit reproche que l’on puisse faire à la série à cet instant, c’est qu'elle a déjà passé les deux derniers épisodes à redéfinir ces fameux enjeux ! Toutefois, cela n’avait pas encore été fait de manière aussi pertinente, d’où la nécessité d’un tel épisode à mes yeux ; de plus, il fallait bien qu’Andréa retrouve son ancienne famille de survie à un moment ou à un autre. Pour moi en tous cas, il s'agit là d'un des grands moments de cette saison, même s'il est vrai qu’on est en droit de se demander s'il était nécessaire de consacrer la totalité d’un épisode à ces retrouvailles.
Des personnages mous du genou
Dans tous les cas, le grand retour d’Andréa aura eu le mérite de nous démontrer à quel point le groupe du shérif est pathétique et à quel point ses membres manquent cruellement, si ce n’est de charisme, au moins de profondeur. Ainsi, on a par exemple droit au clan des éclopés avec Herschel et Merle : les deux estropiés ont en commun le fait d’avoir perdu un membre, et même au beau milieu d'une guerre, ils prennent le temps de se découvrir autour d’une petite discussion pleine d’entrain sur la Bible. Ce qui aurait pu être une bonne idée au départ donne finalement lieu à une scène sans grand intérêt, tant elle s'avère mal exploitée et n’apporte pas grand-chose de neuf. Quoique si, maintenant on sait qu’Herschel a retrouvé la foi et que Merle n’est peut-être pas l’ordure qu’on pensait… Ouf, bah nous voilà bien, avec ça !
Désolé ma grande, mais c’est beaucoup mieux quand tu gardes la bouche fermée
Dans la catégorie des personnages qui sont là mais dont on ignore encore le rôle, j’ai demandé Beth Greene ! Vous savez, c’est la petite blonde du groupe… celle qui depuis de début de cette troisième saison passe son temps à laver le cul du mioche et à lui préparer son biberon. Pour ceux qui ne voient toujours pas de qui je parle, il s’agit de la sœur cadette de Maggie. La jeune femme atteint dans cet épisode le paroxysme de la débilité et du superflu : alors que nos survivants viennent d’apprendre que le Gouverneur prépare un assaut sur la prison et que leur chef a perdu les pédales, elle trouve encore le moyen de nous chanter une petite chanson, et a capella s’il vous plaît, comme-ci de rien n'était ! Ben voyons, c’est bien connu : on chante tous avant de se faire zigouiller. Cet interlude musical pour le coup totalement inutile m’a au moins permis de comprendre à quoi ce personnage servait, autrement dit à rien.
J’espère que personne ne m’en voudra de passer à côté de la scène où Andréa porte le bébé de Lori car on a déjà eu droit à cette même séquence plusieurs fois, et notamment avec Maggie dans l’épisode précédent. Autant dire que la pauvre gosse, qui passe de bras en bras épisode après épisode, semble n’être qu’un exutoire pour tous ces dingues en manque d’amour et de tendresse. De la même manière, je n’approfondirai pas non plus sur le personnage de Merle, qui en plus de se la jouer bigot a décidé de se muer en Bisounours tout mignon et tout gentil. Je pensais que son retour à la prison entrainerait un minimum d’action... mais je ne m'étais jamais autant trompé, et apparemment tous ses méfaits d’antan sont oubliés. Rappelons juste au passage que le mec s’était amusé à torturer Glenn il y a quelques épisodes de cela ; aussi, je comprends tout à fait que le jeune homme propose tant bien que mal de le livrer au Gouverneur en échange d’une trêve.
Avant elles étaient amies… mais ça c’était avant
Finalement du côté des personnages de la prison, le retour d’Andréa n’aura apporté qu'une seule chose plaisante : le regain d’intérêt pour le personnage de Michonne. Alors certes, ce n’est pas encore la grande révélation de l’année, mais cette dernière gagne progressivement du terrain. Totalement occultée lors des deux précédents épisodes, elle reprend elle aussi du poil de la bête et ce n’est pas pour me déplaire. Les deux anciennes amies se retrouvent et c’est l’occasion pour elles de s’expliquer et de remettre les choses en ordre : après ça, on sent bien qu’un lien profond existe entre les deux survivantes et que leur conflit résulte avant tout de leur amitié. Ainsi lors de l’attaque à Woodbury, Michonne voulait simplement ouvrir les yeux d’Andréa sur le Gouverneur. La chose étant maintenant faite, j’ai hâte de découvrir comment leur relation va évoluer… et puis dans tous les cas, on sait que Michonne occupera une place importance dans le prochain épisode et pour moi, c’est déjà le pied ! Bon maintenant, je peux comprendre que certains d’entre vous puisse se poser des questions sur mon objectivité concernant ce personnage...
Et la guerre dans tout ça ?
Le principal problème de cet épisode, c’est qu’à force de se centrer sur le personnage d’Andréa, il en oublie presque tout le reste. Apparemment, nos survivants sont maintenant en guerre contre le Gouverneur, et pourtant le conflit leur semble bien loin. Le clan du shérif donne l’impression d’être aussi amorphe que leur chef et de ce fait, on se demande bien quand ils vont enfin décider de se ressaisir ! Et ce n’est pas la petite colère d’Herschel au début de l’épisode qui va me faire changer d’avis : le papy de la bande se contente de faire une légère remontrance à Rick avant de passer à autre chose. Au final, les fidèles de Rick n’ont pas beaucoup avancé et on ne saisit même plus correctement quels sont leurs objectifs. Mais le plus navrant dans tout ça, c’est que malgré son infériorité numérique évidente, ce petit groupe continue de croire encore qu’il va parvenir à résister au clan du Gouverneur, qui de son côté compte une bonne dizaine de recrues.
Même eux donnent l’impression de se faire chier
C’est d’ailleurs ce qui m’a le plus choqué dans cet épisode : tandis que Rick et sa bande se la coulent douce et jouent aux martyrs, le Gouverneur de son côté est déjà dans le combat et recrute de nouveaux alliés. C’est l’occasion pour nous de retrouver le groupe de Tyrese dont on n’avait plus de nouvelles : je suis plutôt satisfait de voir ce qu’ils deviennent, d’autant plus que c’était un élément qui m’avait manqué dans l’épisode précédent. Nos joyeux compères, qui avaient trouvé refuge à la prison avant d’être lamentablement mis dehors, se retrouvent à Woodbury où ils promettent fidélité au Gouverneur. Encore une fois, on se rend compte que le petit délire de Rick ainsi que le côté sectaire de son groupe l’ont empêché de trouver de nouveaux alliés, et on se dit finalement qu’il est vraiment con et qu’il ne sert plus à rien. C’est vraiment un très mauvais leader et ce n’est sans doute pas un hasard si Carl lui conseille de lâcher les rênes au profit de Daryl et Herschel.
Cet épisode met aussi en lumière un souci inhérent à la série : The Walking Dead alterne sans cesse des épisodes calmes et des épisodes plus rythmés. La narration s’en retrouve perturbée et déséquilibrée, et au final, on parvient difficilement à savoir ce qui est le plus important : la survie, les relations entre les personnages ou la bataille contre le Gouverneur ? Il faudrait juste que les scénaristes, quitte à se mettre à dos certains téléspectateurs, parviennent à recentrer leur propos : ainsi, je pense que la série gagnerait en clarté et en consistance. Reste à savoir quel aspect mérite d’être mis en avant : le débat est ouvert…
J’ai aimé :
- Les retrouvailles entre Andréa et les autres survivants, un élément attendu de cette saison.
- Michonne qui se réveille enfin.
Je n’ai pas aimé :
- Les personnages de la prison, totalement amorphes.
- Le fait que cet épisode soit seulement centré sur Andréa au détriment des autres intrigues.
Ma note : 11/20
Un épisode qui, loin de faire progresser l’histoire, sert surtout de transition vers le season finale. La série continue pourtant de souffrir du mauvais approfondissement de ces personnages et d’une intrigue principale pas toujours bien ciblée.
Cail1
