Cette semaine, les scénaristes nous emmènent visiter Woodbury, une ville dans laquelle des survivants sont parvenus à retrouver une vie qu’ils pensent paisible. On abandonne donc l’atmosphère pesante de la prison pour un nouveau lieu et surtout de nouveaux personnages. C’est notamment l’occasion de faire la connaissance du gouverneur et de ses comparses…
Pour resituer mon propos, l’épisode est centré sur Michonne et Andrea qui tombent sur Merle, le frère de Daryl qui avait été abandonné sur le toit d’un immeuble lors de la première saison. Celui-ci les conduit à Woodbury où elles rencontrent le gouverneur, un personnage mystérieux et plein d’ambiguïtés, bref, un personnage comme on les aime.
Bienvenue chez les cannibales !!!
Dans cet épisode, la série continue d’explorer progressivement la monstruosité de l’espèce humaine. Après Rick la semaine dernière, c’est au tour du gouverneur de Woodbury de nous révéler sa face cachée et de zigouiller, lui aussi, des êtres humains.
Cette ville d’apparence tranquille peut être vue comme une métaphore de la prison. En effet, les habitants, même s’ils pensent jouir d’une certaine liberté, sont en réalité cloîtrés autour de « grands murs » selon les propres mots du gouverneur. De la même manière que Rick et sa bande, ils ont seulement trouvé un abri bien clos dans lequel ils pensent être en sécurité. Le seul problème, c’est que la menace ne vient pas nécessairement des zombies, mais davantage d’eux-mêmes.
Je ne suis pas le roi mais quand même... c'est moi qui commande.
Le gouverneur a le même rôle à Woodbury que celui de Rick à la prison. Ces deux hommes sont contraints d’assurer la survie de leur groupe, et c’est ce qui les conduit à prendre des décisions parfois radicales. Néanmoins, il existe une différence indéniable entre Rick et le gouverneur. Alors que le premier est plutôt du genre diplomate, le second se révèle progressivement démagogue. Ainsi, là où Rick tuait des humains parce qu’ils représentaient une menace pour son groupe, le gouverneur tue des innocents afin de récupérer leurs vivres et leurs armes et assurer la survie de son groupe.
Les habitants de Woodbury ignorent bien entendu les véritables intentions de leur gouverneur, et vivent ainsi en pleine démagogie. La menace ne vient donc pas des zombies mais plutôt de leur naïveté et de leur foi. Ils voient leur gouverneur comme un sauveur, alors même qu'il est clairement dérangé du ciboulot.
Lors d’un repas, ce dernier évoque l’idée qu’il ne faut pas se manger l’un l’autre pour ne pas réitérer les mêmes erreurs que par le passé. Cette réflexion révèle non seulement toute l’hypocrisie du personnage, puisqu’il a bâti sa survie sur le massacre des autres, mais plus que cela, elle permet de mettre en évidence le fait que la civilisation est incapable de retenir les leçons du passé et qu’elle passe son temps à réitérer le même schéma d’individualité. C’est toujours la loi du plus fort qui règne, et ici plus que d’habitude, les humains sont vraiment présentés comme des monstres. En tout cas, ils ne valent certainement pas mieux qu’eux étant donné qu’ils tuent pour vivre. Du côté du gouverneur, c’est même clairement une chasse à l’homme sadique à laquelle on assiste, du genre je te laisse courir un peu et je te zigouille par derrière. Il a même droit à ses trophées de chasse, planqués dans des aquariums... c'est dire l'ampleur de sa folie.
L’humanité des monstres est plus que jamais présente et revient d’ailleurs sur le devant de la scène par le biais du personnage de Milton, dont on pourrait dire de lui qu’il est l’assistant du gouverneur. Ce dernier fait en effet partie de ceux qui pensent qu’il reste encore un peu d’humanité chez les zombies et qu’ils ne sont pas totalement devenus des monstres. Par ce biais, la série continue d’explorer ce paradoxe entre l’humanité des monstres et la monstruosité des humains, et c’est vraiment passionnant.
Tu ne parleras point…
Au milieu de tous ces personnages naïfs et égocentriques, il y en a une qui se distingue vraiment : il s’agit de Michonne. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve ce personnage vraiment fascinant. Dans cet épisode, elle se contente souvent d’observer ce qui se passe autour d’elle, sans presque jamais prononcer un mot.
On ne sait rien sur elle, on ne sait pas d’où elle vient et surtout où ne sait pas où elle va… on sait juste qu’elle est vraiment méfiante vis-à-vis du gouverneur, et qu’elle n’est pas du genre à faire confiance facilement. Elle s’oppose ainsi à Andréa, qui de son côté est déjà sous le charme du gouverneur.
Qu'est-ce t'as toi? T'as jamais vu une black en colère
Pour moi, Michonne est un peu le seul personnage sensé de la série. C’est la seule qui a conscience que le monde ne sera jamais plus pareil, et que cette ville qu’on lui sert comme un idéal n’est qu’un leurre. Elle ne se laisse pas duper par les promesses et préfère vraiment rester à l’écart.
Ce qui est très fort, c’est que même en étant à l’écart, elle n’en est pas moins intéressante, bien au contraire. Sa manière de réagir aux événements et aux autres, amène une multitude de questions et de mystères, qui seront très certainement développés par la suite.
C’est vraiment un travail difficile que de faire aimer au public un personnage qui ne se délivre pas. Et sur ce point, les scénaristes de The Walking Dead ont vraiment réussi leur coup et rien que pour ça, je pense qu’ils méritent mes félicitations.
Renaissance ?
Avec ce nouvel épisode, la série poursuit son ascension et ne cesse de s’améliorer de semaine en semaine. Après un premier épisode bourrin où l’on essayait d’en mettre plein les yeux, et un deuxième épisode plus calme et plus équilibré, The Walking Dead nous propose cette semaine un épisode vraiment passionnant, qui explore encore un peu plus les affres de notre humanité.
L’exploration de nouveaux lieux et la rencontre, avec de nouveaux personnages, permettent aux scénaristes de fuir la lassitude du public. La série revient à un haut niveau et aborde des thématiques vraiment intéressantes. Elle semble bien loin cette saison 2 où les personnages pouvaient sembler lisses et où les intrigues pataugeaient un peu dans la boue. Cette fois, et pour notre plus grand plaisir, les scénaristes redécouvrent l’essence de leur série.
C'est sûr que vu comme ça, on a hâte de voir la suite !
J’apprécie tout particulièrement la direction prise par les différentes intrigues, à savoir l’exploration de la monstruosité humaine. La série est beaucoup plus complexe que par le passé, on devine progressivement que les véritables morts-vivants ne sont pas forcément les zombies mais plutôt les humains, et pour le coup je trouve ça vraiment fascinant.
Alors certes, cela veut dire qu’il y a beaucoup moins de morts-vivants abattus dans cet épisode, mais c’est vraiment un mal pour un bien, puisque cette petite pause que l’on devine temporaire, permet de mettre en place l’intrigue principale. Et autant dire que tous ces nouveaux personnages ainsi que le retour de Merle risquent fort de contrarier la vie de nos survivants…
J’ai aimé :
- Le personnage du gouverneur, plein d’ambigüités
- Le personnage de Michonne, vraiment mystérieux
- Le retour de Merle, toujours aussi survolté
- La scène du repas avec le gouverneur, Milton, Andréa et Michonne, pleine d’hypocrisie et de non-dits.
- L’exploration de la monstruosité humaine
Je n’ai pas aimé :
- L’absence de Rick et sa bande, qui pourtant s’avère nécessaire
- Le personnage d’Andréa, difficile à cerner
Ma note : 15/20