Critique : The Walking Dead 3.07 - L'art du remplissage

Le 11 décembre 2012 à 18:53  |  ~ 12 minutes de lecture
Au programme cette semaine : un peu de torture, beaucoup de baston… et pas grand-chose à raconter.
Par Cail1

Critique : The Walking Dead 3.07 - L'art du remplissage

~ 12 minutes de lecture
Au programme cette semaine : un peu de torture, beaucoup de baston… et pas grand-chose à raconter.
Par Cail1

Après un épisode centré sur le deuil de Rick, When the Dead Come Knocking se présente comme un épisode de transition, censé nous mener vers le final de la mi-saison. L’épisode se décompose en deux segments principaux avec d’un côté les scènes de torture du couple Glenn-Maggie, et de l’autre l’expédition de Rick et sa bande jusqu’à Woodbury. En parallèle, Andrea continue de jouer à touche pipi avec le gouverneur et assiste aux recherches de Milton sur les zombies. Les scénaristes finissent de placer leurs derniers pions et tentent de gagner du temps avant la grande confrontation entre le camp du Gouverneur et le camp de Rick, quitte à faire beaucoup de remplissage…

 

Sadisme et perversité

 

Dans le genre sadique et pervers, je crois bien que The Walking Dead n’avait jamais atteint un tel niveau. Les scènes où Merle torture physiquement Glenn sont vraiment très intenses et permettent de procurer une vraie tension dramatique à cet épisode qui, au final, ne raconte pas grand-chose. Ici, il est seulement question pour Merle de savoir où se trouve l’autre groupe de survivants, mais dans le fond, on sent bien que le véritable propos est ailleurs : la série poursuit en fait ce qu’elle a mis en place depuis le début de cette saison, c’est-à-dire explorer la monstruosité humaine. Et avec ces scènes de torture, on peut désormais affirmer que les humains peuvent clairement devenir plus monstrueux que les zombies eux-mêmes. À noter tout de même que ces scènes ne sont pas non plus affreuses et insupportables, ce qui pourrait décontenancer les amateurs de gore. Néanmoins, la tension dramatique est là et c’est bien là l’essentiel, n’est-ce pas ?

 

Maggie et le Gouverneur - The Walking Dead - S03E07

Bah Maggie, pourquoi cette tête ? Il a l'air si gentil pourtant...

 

Du côté du gouverneur, il est pire que ce que je pouvais imaginer. Déjà que le mec se présentait comme un menteur démagogue et manipulateur mais en plus, maintenant, on sait qu’il est aussi un pervers vicieux. Ainsi là où Merle torturait surtout Glenn physiquement, le gouverneur va quant à lui torturer Maggie psychologiquement. Le patron de Woodbury, clairement dérangé du ciboulot, s’offre un petit striptease forcé de la part de la jeune fille. Je trouve que le réalisateur a vraiment bien géré sa scène, car on se demande réellement jusqu’où il peut aller… Bon, je rassure tout de même les âmes sensibles : non, il ne la viole pas… en tout cas pas physiquement. Et comme les scénaristes n’avaient pas poussé le sadisme assez loin, ils vont jusqu’à nous rajouter une scène à la fin de l’épisode où le gouverneur discute avec Andrea en utilisant presque les mêmes gestes et les mêmes dialogues que ceux qu’il utilise auprès de Maggie lors de leur entretien. On se rend bien compte à quel point le personnage est fourbe et dangereux, et à quel point sa groupie est bête et naïve.

 

Opération Kamikaze

 

Du côté des survivants de la prison, Rick apprend grâce à Michonne que Glenn et Maggie ont été enlevés et qu’ils ont été emmenés à Woodbury. Le shérif, revigoré et remonté à bloc depuis sa petite déprime durant les deux précédents épisodes, décide de partir à la recherche de ses deux compagnons d’infortune. Alors soit le mec est con, soit il est vraiment sûr de lui… Dans tous les cas, monsieur « Je sauve le monde » comme j’aime bien l’appeler, décide de partir affronter un groupe de 75 survivants avec seulement 4 survivants (Lui, Michonne, Daryl et Oscar).

 

Groupe Rick - The Walking Dead - S03E07

Regardez-moi ces guignols... 4 contre 75 et le pire c'est qu'ils y croient !

 

Là où les spectateurs conciliants y verront un signe de vertu et de grandeur (qu’il est fort ce Rick), les plus exigeants y verront surtout un beau foutage de gueule. Alors oui, ils ont survécu à plein d’attaques de zombies, oui ils sont super forts et ont réussi à nettoyer une prison entière remplie de zombies, mais bon il ne faut quand même pas trop exagérer et les scénaristes devraient apprendre à contenir leur excitation (enfin moi je dis ça, je dis rien). Donc au final, après un épisode 5 puis 6 où le gentil Rick faisait une petite crise de nerfs, le mec a recouvré la raison et envoie toute sa petite bande au casse-pipe : merci tonton Rick !  À mon avis, il doit avoir quelques séquelles le monsieur (je rappelle quand même qu’il parle avec les morts). Et le pire là-dedans c’est que les autres, qui n’ont pas franchement de personnalité (oui même Michonne), le suivent aveuglément dans son délire.

 

Des personnages en évolution

 

Cet épisode de transition qui annonce le grand affrontement tant attendu depuis le début de cette saison, aura au moins eu le mérite de révéler un peu plus certains personnages. Et celui qui évolue de manière remarquable dans cet épisode, c’est bien notre ami Glenn. Face à la torture, le petit rigolo de la bande montre de quoi il est capable. Non seulement, il ne va donner aucune information concernant son groupe, mais en plus il va combattre un zombie a lui tout seul alors qu’il est attaché à une chaise. C’est dire à quel point le jeune homme est en réalité un véritable guerrier. Après cet épisode, on ne peut plus avoir de doute sur le fait qu’il est un élément important de la petite bande. Chose que l’on avait eu tendance à oublier avec le temps, tellement le personnage avait été mis en retrait en ce qui concerne la survie.

 

Glenn - The Walking Dead - S03E07

Glenn, faut pas le faire chier , compris ? 

 

Autre personnage fort de cet épisode : Milton. En réalité, ça fait déjà un petit moment que ce petit scientifique attise ma curiosité, sauf que cette fois, on ne peut vraiment pas passer à côté. On découvre ainsi que l’assistant du gouverneur fait des recherches sur la conscience des zombies. Ces recherches résument assez bien le propos général de la série, qui est d’explorer le paradoxe entre la monstruosité des humains et l’humanité des monstres. Certes, ces recherches ne mènent nulle part, mais la naïveté du monsieur est assez intrigante, et il continue de croire en l’absolution de ceux qui étaient autrefois des humains.  Ces recherches, qui ne présentent finalement aucun grand intérêt dans cet épisode, ont au moins permis de découvrir un protagoniste différent, qui pense différemment et ça fait du bien à l’ensemble.

Dans cette partie sur l’évolution des personnages, je pourrais également parler de Carl, le fils de Rick. En restant à l’écart des kamikazes dans cet épisode, on ne le voit que très peu mais suffisamment pour deviner qu’il n’a pas fini de nous surprendre. Après avoir dû tuer sa mère qui allait devenir zombie dans l’épisode 3.05, son gentil papa le charge de prendre soin de sa petite sœur pendant que lui va sauver le monde. Vu le déroulement de l’intrigue, on devine néanmoins que le petit garçon va pas tarder à recevoir de la visite et qu’il va devoir défendre seul la prison. Cette situation me rappelle étrangement celle d’un certain Bran Stark dans Game of Thrones, qui doit se charger de la surveillance de Winterfell pendant que ses braves frères sont partis à la guerre. Dans les deux cas, on se rend bien compte que les enfants n’ont pas le temps de grandir dans ces contextes de survie et j’attends donc de voir ce que les scénaristes de The Walking Dead vont maintenant nous proposer.

Et dans la catégorie « Le personnage qui ne sert à rien mais qui est là quand même », je cite Axel, le compagnon de taule d’Oscar, qui se retrouve réduit à pas grand-chose. Je ne peux pas développer plus sur ce personnage car il n’y a tout simplement rien à raconter, si ce n’est que je déteste encore et toujours les personnages sous-exploités et que du coup, je me sentais obligé d’en parler. Seul petit espoir : il est resté avec Carl à la prison et il aidera peut-être le gamin à protéger la prison si besoin et par la même occasion prendre un peu plus d’importance. Affaire à suivre donc…

 

Encore et toujours du remplissage

 

Concluons cette critique avec l’une des spécialités de The Walking Dead : le remplissage. S’il y a des jeunes scénaristes qui lisent cette critique, je vous conseille fortement de suivre cette série (ou pas d’ailleurs), tant elle fait preuve d’ingéniosité pour remplir un scénario là où il n’y a rien à raconter. Après les bastons contre les zombies à foison, après la crise de folie de Rick, après une grande et belle histoire d’amour entre le gouverneur et Andrea, place cette semaine à de nouvelles intrigues qui ne servent à rien mais qui sont là quand même.

Tout d’abord, vous avez les recherches de Milton. Même si cette partie permet de donner un peu plus de substance à un personnage qui, jusqu’ici, ne servait à pas grand-chose (autre spécialité de The Walking Dead soit dit en passant), on sent qu’elle n’est là que pour remplir un vide scénaristique plus que jamais présent. Le but des scénaristes est de faire languir le spectateur devant son téléviseur avant l’épisode 8, qui sera le dernier épisode diffusé avant février 2013, et qui verra la confrontation entre les deux camps avoir lieu (en tous cas, c’est ce que l’on nous promet). Du coup, et de manière peu scrupuleuse, on propose aux fans des petits en-cas en attendant le plat principal. Un plat principal qui devrait rassasier tout le monde et permettre à la série de prendre une petite pause bien méritée…

 

Zombies - The Walking Dead - S03E07

Dans The Walking Dead, les amateurs de gore auront toujours quelques chose à se mettre sous la dent...

 

Autre exemple de remplissage : la petite scène de zombies au milieu de l’épisode. Alors que Rick et ses copains avancent dans la forêt pour rejoindre Woodbury, le groupe est attaqué par des méchants morts-vivants affamés. Heureusement pour eux, une jolie petite cabane se trouve juste à côté et ils y trouvent refuge. Et vu que nos survivants sont super sympas, ils tuent le propriétaire des lieux et se servent de son corps comme échappatoire. Cette scène, pleine de tension et de suspense, n’est là que pour rajouter un peu de piquant à un épisode où il ne se passe définitivement pas grand-chose. C’est sûr que ça aurait été beaucoup moins fun de montrer quatre barjos avancer simplement dans la forêt. Et d’ailleurs ce qui est le plus triste, c’est de s’apercevoir qu’heureusement que ces remplissages sont là, parce qu’autrement on n’aurait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Cette saison, les scénaristes auront donc au moins compris une chose : il y a toujours quelque chose à montrer, surtout quand on n’a je ne sais pas combien de protagonistes et tout autant de possibilités. Le tout est de ne pas céder à la facilité…

 

J’ai aimé :

  •  Glenn et Milton, deux personnages qui se révèlent progressivement.
  •  L’ambiguïté du Gouverneur. Mystérieux, sadique et pervers… un personnage qu’on aime détester.
  •  Les scènes de torture physique et psychologique. Violentes et pleine de tensions, elles tiennent en haleine.

 

Je n’ai pas aimé :

  •  L’opération Kamikaze de Rick et sa bande. A peine crédible, on se demande ce qu’il a retenu du passé.
  •  Le personnage d’Axel, qui ne sert strictement à rien et qui manque clairement de développement.
  •  Trop de remplissage… Certes, ça donne un peu plus de rythme à l’épisode, mais si on pouvait nous épargner les scènes totalement inutiles, ce serait pas mal aussi.

 

Ma note : 13/20          

Malgré de vrais efforts, surtout concernant le développement des personnages, il y a encore beaucoup trop de remplissage à mon goût. Un épisode de transition qui ne sert malheureusement que de transition et c’est tout… Les scénaristes se contentent du minimum avant l’explosion qui devrait avoir lieu la semaine prochaine. Dommage !

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